Par Noella Coursaris Musunka
Mannequin international et porte-drapeau du Fonds mondial, Noëlla Coursaris Musunkala a créé Malaika, une organisation à but non lucratif qui éduque les filles en République démocratique du Congo et les rend autonomes.
Travailler avec des jeunes femmes me tient particulièrement à cœur. Avec un groupe d’amis et de partenaires, nous avons fondé Malaika (« ange » en swahili). Il s’agit d’une association proche des gens qui s’attache à ouvrir des portes aux filles et à leur ouvrir des perspectives grâce à l’éducation. Une organisation à but non lucratif qui soutient les filles de République démocratique du Congo afin qu’elles puissent avancer dans la vie avec les mêmes possibilités.
Malaika permet l’éducation des filles tout en fournissant d’autres services à la communauté, comme la distribution d’eau. L’école a ouvert ses portes aux filles en 2011, avec la mission d’éduquer les jeunes Congolaises afin de les rendre plus autonomes. C’est pourquoi, j’ai tout naturellement accepté la demande du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme d’être la porte-drapeau de ses activités en faveur des jeunes femmes et filles.
« Plus de deux cents enfants meurent du paludisme chaque jour en RDC »
Cela me permet également d’honorer la mémoire de Miriam, petite fille de six ans qui faisait sa première année dans notre école primaire et que nous avons perdue en décembre 2015 suite à des complications liées au paludisme, alors que l’école était fermée pour les vacances.
Plus de deux cents enfants meurent du paludisme chaque jour en République démocratique du Congo, et pourtant, le paludisme n’est qu’une des nombreuses maladies qui tuent nos enfants et nos jeunes en Afrique.
« Chaque effort pouvant aider à combattre les déterminants sociaux qui rendent les filles et les jeunes femmes plus vulnérables face aux maladies comme le VIH est primordial »
Le bilan des vies prises par le VIH sur le continent continue d’être dévastateur chez les jeunes, en particulier chez les jeunes femmes et les filles d’Afrique subsaharienne. Dans les pays les plus fortement touchés, les filles comptent pour plus de quatre-vingts pour cent de toutes les nouvelles infections chez les adolescents, et sont huit fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que leurs homologues masculins. Cette semaine, plus de 7 500 jeunes femmes et filles contracteront le VIH. Chaque effort, chaque voix pouvant aider à combattre les déterminants sociaux qui rendent les filles et les jeunes femmes plus vulnérables face aux maladies comme le VIH est primordial.
Pouvoir jouer un rôle et aider à changer cette terrible réalité est comme un retour au pays pour moi. Je suis née en République démocratique du Congo d’un père chypriote et d’une mère congolaise. J’ai perdu mon père à l’âge de cinq ans. Il était tellement difficile pour ma mère de m’éduquer qu’elle a préféré m’envoyer en Europe pour que je vive avec la famille de mon père. Il m’aura fallu treize ans pour retourner au Congo.
« Je savais que je devais jouer un rôle pour que le pays soit un endroit meilleur pour les filles et les jeunes femmes ».
J’avais dix-huit ans lorsque j’ai atterri à Lubumbashi en RDC, impatiente de connaître ma famille. Avoir rencontré ma mère et le reste de ma famille, qui étaient tous des étrangers pour moi à ce moment-là, et constaté qu’ils vivaient dans une pauvreté extrême a été une expérience des plus prenantes pour moi.
Les premiers jours ont été difficiles à digérer, mais la situation s’est détendue grâce à l’accueil remarquable et chaleureux que toute ma famille m’a réservé. Après ce séjour, je suis retournée en Europe, mais je savais que je devais travailler en RDC, que je devais jouer un rôle pour que le pays soit un endroit meilleur pour les filles et les jeunes femmes.
En 2007, ma carrière de mannequin international m’a donné les moyens et l’occasion de remplir ma mission en créant Malaika, pour offrir une éducation complète et de qualité aux filles de la communauté Kalebuka à l’est de la République démocratique du Congo. L’école accepte les enfants à partir de cinq ans – mon âge lorsque j’ai quitté le Congo pour l’Europe – et propose un cursus complet afin de les éduquer jusqu’à la fin du secondaire.
En plus de l’école, Malaika intervient dans un centre communautaire qui propose des programmes en lien avec l’éducation et la santé ainsi que des activités sportives à environ 7 000 jeunes et adultes dans le village. Nous travaillons par ailleurs avec des partenaires pour améliorer la santé des communautés dans la région en distribuant des moustiquaires et en aidant les habitants à avoir accès à de l’eau potable et à du matériel médical.
Le nombre de filles dans l’école (275), nous permet de conserver une certaine proximité, ce qui, nous le croyons, a une influence positive sur leur développement. Je suis informée dès qu’une fille tombe malade, ou si l’un des professeurs n’a pas pu se rendre à l’école. Cette collaboration rapprochée avec l’école revêt une importance particulière à mes yeux, plus que tout le reste.
Cependant, nous espérons partager cette idée avec plus de filles, au-delà de notre école. Actuellement, nous sommes en train de tirer les enseignements de nos expériences et d’élaborer un manuel d’action pour les personnes qui voudraient fonder de tels centres en République démocratique du Congo et ailleurs.
Plaider en faveur du Fonds mondial me donnera la possibilité de partager ma passion pour le travail avec les filles et les jeunes femmes en dehors de Malaika. Je m’intéresse tout particulièrement à l’approche du Fonds mondial, qui voit l’éducation comme un moyen d’aider les filles à combattre des maladies telles que le VIH, mais aussi comme un élément primordial à leur bien-être général.
Lorsque nous éduquons les filles, nous générons un effet transformateur, un cercle vertueux qui donne naissance à des sociétés plus prospères. Cette approche globale de soutien des jeunes femmes et des filles est la raison pour laquelle je suis heureuse et déterminée à l’idée d’être une porte-drapeau du Fonds mondial.
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