On les savait déjà en peine au sein de l’opposition du Rassemblement avant leur débauchage, mais aujourd’hui, c’est leur existence politique même qu’ils sont en panne à faire voir depuis leur rapprochement d’avec la Majorité présidentielle (MP) de Joseph Kabila. C’est ce que tous les observateurs notent du duo Bruno Tshibala et Joseph Olenghankoy depuis qu’ils sont à la tête du gouvernement national en avril 2017 du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA) en juillet dernier.
Ainsi pour exister à chacune de leur apparition comme pour se chercher une certaine légitimation, ils rappellent à celui qui veut les entendre qu’eux deux « sont issus de l’Accord Politique Global et Inclusif de la Saint Sylvestre » signé entre la MP et l’opposition sous l’égide de la CENCO. Pourtant, comme l’a toujours également rappelé le médiateur ; les nominations de Tshibala comme premier ministre et d’Olenghankoy comme président du CNSA se sont faites en entorse et donc non conforme audit Accord souvent invoqué par les deux protagonistes.
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Et comme toutes les occasions sont bonnes, les deux crient chaque fois être les « vrais héritiers politiques » de feu Etienne Tshisekedi pour incarner l’opposition politique dans le pays. Les dernières sorties de deux responsables Tshibala et Olenghankoy en sont une illustration parfaite dans cette quête pour une existence politique qu’ils ont difficile à prouver.
Tshibala, le nouveau propagandiste ?
Lors de sa conférence de presse du mardi 3 octobre 2017 sur les 28 mesures économiques prises par son gouvernement pour stabiliser et diversifier l’économie du pays, « Saint Brutshi » comme le nomme en se moquant bien de lui ses admirateurs a surpris son monde en demandant à tout le monde, journalistes y compris de soutenir l’action de son gouvernement et la vision du président Kabila. Sans pour autant en expliquer sur cette vision devenue la tienne depuis qu’il est au pouvoir pour ne pas le dire.
« Je lance un appel patriotique aux fonctionnaires de l’État, aux entreprises publiques et privés, aux hommes d’affaires, aux acteurs de la société civile, aux journalistes et à tous les citoyens pour soutenir la vision du président de la République et l’action politique du gouvernement d’union nationale en vue de renflouer les caisses de l’État pendant cette période difficile que traverse notre pays » déclarait-il pince sans rire.
Au cours de cette même conférence de presse, Tshibala dit à qui veut l’entendre qu’il part en guerre contre la corruption et la concussion sans en dire les moyens d’y parvenir dans un pays gangréné d’abord par la corruption de son élite politique dont il fait partie. Vœux pieux surement pour des déclarations sans lendemain du genre car il n’y a pas que les fonctionnaires qui sont corrompus : « Il faut donc combattre sans concession la corruption, la fraude fiscale et douanière, la contrebande ainsi que toutes les pesanteurs qui bloquent les développements durables de notre pays. Les fonctionnaires de l’Etat doivent donc choisir entre l’augmentation de la prospérité générale du pays, dont ils seront eux aussi bénéficiaires, et la corruption, la fraude fiscale et douanière qui vont détruire durablement le pays et le maintenir dans la pauvreté et les difficultés quotidiennes insolubles », a-t-il notamment déclaré.
Du côté des journalistes, la réaction ne s’est pas fait attendre. Ainsi, le journaliste Zabulon Kafubu a-t-il rappelé au premier ministre de Kabila que « La notion de patriotisme s’accommode mal avec le journalisme car chaque individu, une fois investi du pouvoir d’État, lui donne un contenu et un sens partisan ». Et de lui dire ensuite dans ce pays « Les journalistes dénoncent chaque jour les faits de corruption aussi bien dans les chefs des gouvernés que des gouvernants sans que la Justice ne bronche parce que caporalisée. Alors Tshibala devrait d’abord commencer par prêcher le patriotisme au sein de son propre gouvernement car les tentacules de la corruption sont présents dans toutes les institutions de la République sans exception aucune ».
Un comique nommé Joseph Olenghankoy
Le plus comique dans « ce cirque des politiques malades qui nous gouverne » et sans mesure reste Joseph Olenghankoy. En dehors de ses sorties sur les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter qui laissent à pleurer qu’en sourire, c’est sa présence dans cette manifestation devant l’ambassade de Belgique à Kinshasa qui en étonne plus d’un.
Dans un registre frisant la démagogie qu’on lui reconnait depuis des années, on l’a vu haranguer une foule des surexcités sous bonne protection policière comme s’il s’en doutait de quelque chose qui pouvait en advenir. Quarante-six (46) ans après l’horrible assassinat de l’un des vrais premiers ministres congolais en la personne de Patrice Emery Lumumba au Katanga, Olenghankoy est venu réclamer sa dépouille aux belges devant leur chancellerie de Kinshasa.
Pour ce qui ressemble à une manipulation politicienne, c’est une vraie insulte à la mémoire de celui qui a réclamé et obtenu l’indépendance du Congo face au colon belge qui avait son fameux plan de Van Bilsen pour 80 ans encore de l’ignoble colonisation. En agissant ainsi, Olenghankoy salit non seulement la famille Lumumba mais aussi la mémoire de cet homme qui n’a jamais eu de sépulture. Et de là à se demander si « réclamer la dépouille mortelle qui n’a jamais existée de Lumumba » faisait partie des attributions du président du CNSA ?
En s’attaquant aux belges, Olenghankoy et ses nouveaux amis politiques tentent de divertir la population et chercher à baisser la tension toujours grandissante avant le 31 décembre prochain. Se révélant incapables de trouver un quelconque début de solution à la grave et profonde crise politique devenue institutionnelle qui mine le pays avec le maintien par fanfaronnade à sa tête de Joseph Kabila, ils tentent ainsi désespéramment de trouver ailleurs les responsables de leurs propres turpitudes.
Un CNSA sans existence juridique mais toujours en danse
Toujours dans cette comédie politique, le CNSA annonce la convocation de la tripartite avec la CENI et le gouvernement du 12 au 16 octobre courant pour une évaluation l’Accord du 31 décembre 2016. Cette annonce fait suite à une rencontre entre la CENI de Corneille Nangaa et le CNSA de ce jeudi 5 octobre 2017 où des informations préalables sur l’évolution du processus électoral ont été présentées à l’organe de suivi. Comble de l’impuissance politique, le CNSA n’a toujours pas une existence juridique officielle ; la proposition de loi devant lui donner cette autorité devant le parlement ayant été retiré par son initiateur lors de la séance plénière du 28 septembre dernier.
Et pour cause, le député national Grégoire Mirindi parlant de son « son incompréhension du pourquoi de la programmation de l’examen de ladite proposition de loi à 3 mois de la fin du délai de principe de 12 mois convenu pour organiser les élections présidentielle, législatives, provinciales en une séquence par les parties prenantes ».
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