Alex Kande Mupompa, gouverneur de la province du Kasaï-Central ainsi que son gouvernement ont été destitués. C’est par un vote de l’assemblée provinciale mercredi 04 octobre 2017 à Kananga, chef-lieu de la province que l’exécutif provincial est tombé. Dix-sept (17) députés ayant voté pour la motion et contre quatre (4) sur les vingt-quatre (24) que compte l’Assemblée provinciale du Kasaï Central.
C’est une motion de défiance signée le lundi 2 octobre courant par 16 députés qui a finalement eu raison de l’ex-gouverneur dont le sort semblait être scellé depuis longtemps qu’il séjourne à Kinshasa en 2016 sur rappel du gouvernement central. Il lui ait reproché notamment la mégestion et la violation des principes fondamentaux relatifs à la libre administration de la province ; mais aussi la malversation financière dans les recettes provinciales.
Selon les députés, l’Assemblée provinciale a décidé des poursuites judiciaires à l’encontre de son ancien chef d’exécutif Alex Kande pour sa gestion catastrophique de la succession du pouvoir coutumier du chef Anaclet Tumba, le Kamuina Nsapu de la tribu des Bajila Kasanga, décédé en 2011.
L’on se rappelle que les graves violences survenues dans l’ensemble de l’espace Grand Kasaï (Kasaï, Kasaï Central, Kasaï-Oriental, Lomami, Sankuru) neuf mois durant sont attribuées au refus de reconnaissance par le gouverneur Kande et le ministre de l’Intérieur de l’époque Evariste Boshan du successeur désigné selon la coutume, Jean-Pierre Mpandi. La révolte de ce dernier et son assassinat le 12aout 2016 déclencheront une révolte réprimée dans le sang par les forces de sécurité congolaise, les FARDC et la police.
D’après les chiffres de l’ONU, l’Église catholique et les ONG internationales ; plus de 3.000 morts, 1,4 million de déplacés internes éparpillés dans les provinces avoisinantes, 35.000 réfugies en Angola sont comptabilisés. Deux experts de l’ONU, Zaida Catalán et Michael Sharp assassinés et faisant partie des victimes de ces violences. Mais aussi plus de 80 fosses communes découvertes à travers les territoires, la majorité des victimes qui y sont enterrées étant celle de la répression disproportionnée infligée aux populations locales par les forces armées.
En ouverture de la conférence sur la paix et le développement dans l’Espace Kasaï le 19 septembre 2017, Joseph Kabila en avait appelé à un « examen de conscience » de chacun dans la gestion des pouvoirs coutumiers comme pour disculper de la responsabilité de son régime dans la tragédie Kasaïenne.
Surtout lorsque tous les spécialistes sont unanimes pour dire que ces troubles ont été encouragés et instrumentalisés depuis Kinshasa comme ce fut le cas au Kongo-central (ex-Bas-Congo) face aux adeptes du parti-secte Bundu dia Kongo, ou au Tanganyika (ex-Katanga) avec le conflit pygmées-Bantous. Ces trois provinces étant également ceux où Joseph Kabila récolte le moins d’adhésion et de soutien populaires.
Une violence toujours récurrente
C’est dans ce climat politique tendu que la violence elle demeure à travers l’espace Kasaï, un officier des FARDC, le capitaine Sakwa Kazadi ; ayant été tué le mardi 3 octobre 2017 par deux hommes armés alors qu’il revenait d’une réunion de sécurité dans un village situé à 100 km de Tshikapa, chef-lieu de la province du Kasaï. C’est ce qu’a déclaré à l’AFP le lieutenant Anthony Mualushayi, porte-parole de l’armée dans la région.