Malgré les critiques tout comme les réticences des opposants et de certains pays comme les Etats-Unis, c’est avec 151 voix sur 193 votants que la RDC est rentrée triomphalement cet après-midi au Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies à Genève. Comme l’Arabie Saoudite l’année dernière, c’est la deuxième fois qu’une candidature aussi polémique soit soutenue et passe. C’était en effet ce lundi 16 octobre 2017 que l’Assemblée Générale de l’ONU devrait voter pour désigner les Etats devant intégrer le futur Conseil des Droits de l’Homme qui siège à Genève.
Une candidature pourtant qui avait fait parler d’elle depuis son dépôt, la RDC étant épinglée par plusieurs rapports de l’ONU comme ceux des ONG pour le non-respect des Droits humains. Comme en juin dernier lorsque le BNDH se réunissait dans la ville Suisse pour discuter sur la possibilité ou non d’instaurer une enquête internationale en rapport avec l’assassinat des deux experts du Conseil de Sécurité dans le Kasaï, c’est encore le groupe des 13 pays africains à ce même conseil qui soutient la candidature congolaise.
Une imposture à combattre
Une cinquantaine d’ONG internationales et locales s’étaient dressé contre cette candidature en dénonçant les « multiples violations des droits de l’homme » mises à la charge du régime de Kabila que de ses forces de sécurité. Jugée comme une imposture par les opposants, ils s’étaient donné rendez-vous en ce même lundi 16 octobre devant le Palais de l’ONU à Genève pour faire entendre leur voix.
Ainsi a-t-on pu observer la présence de deux mouvements citoyen du pays, le Collectif FILIMBI avec Carbone Beni pour qui « accepter cette candidature étant donné que nous considérons que les actuelles autorités sont responsables de ce qui se passe dans les Kasaï et à l’Est du pays » serait une insulte à la mémoire des victimes. Était aussi visible Les Congolais debout de Sindika Dokolo et des militants de l’UDPS dont le drapeau flottait fièrement qui avaient pris rendez-vous avec la diaspora congolaise pour une manif sous les fenêtres de l’ONU.
Avec eux, des nombreux congolais de la diaspora venus des pays européens limitrophes. Leur objectif, expliquer que L’art.64 est déjà en marche et que Kabila doit partir de la tête du pays en fin d’année faute d’avoir organiser les élections tel que le prévoyait l’Accord de la CENCO du 31 décembre 2016. Un belge d’origine congolaise habitant La Louvière dans la province de Hainaut, Jean-Paul N.K déclare « qu’il trouve bien que la RD Congo siège au Conseil des Droit de l’Homme. Les membres pourront dans ce cas prendre des décisions fermes pour intervenir au cas de violations ».
Vives critiques des États-Unis contre cette candidature
Ce fut une avalanche des critiques contre la candidature de la RDC au Conseil des droits de l’Homme. Spécialement de la part des Etats-Unis dont l’ambassadrice à New-York, Nikki Haley ; arrive à Kinshasa le 21 octobre pour une visite dans le pays. En juin 2017, son ambassadrice à l’ONU Nikki Haley s’était fermement opposée pour l’entrée de la RDC au sein du Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies au sein duquel elle est arrivée ce 16 octobre 2017.
Face à l’appui du groupe des 13 pays africains soutenant la candidature congolaise, Mme Haley ne s’était pas offusquée de comparer ce « soutien à un manquement inexcusable à la défense des droits de l’Homme par les pays africains ». Et d’ajouter que « Quand des pays du groupe Afrique avancent la candidature d’un pays comme la RD Congo pour qu’il devienne membre du Conseil des droits de l’homme, cela n’affaiblit pas seulement cette institution, mais alimente également le conflit qui provoque tant de souffrances sur ce continent ». Ce, en référence aux exactions commises dans l’espace Kasaï par les forces de sécurité du pays ; armée et police sur les présumés miliciens Kamuina Nsapu et la population civile.
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Mêmes critiques de la part de Human Rights Watch (HRW) par la voix de Louis Charbonneau, Directeur de plaidoyer auprès de l’ONU pour qui « Accepter la candidature de la RD Congo porterait atteinte aux principes fondateurs et à la crédibilité du principal organe des droits humains de l’ONU et à sa capacité à promouvoir le respect de ces mêmes droits. Ce qui sera aussi un affront cinglant aux innombrables victimes des exactions du gouvernement et au travail des courageux activistes congolais » jusqu’à ce jour.
Répartition des sièges
Sur les 47 membres siégeant au sein du Conseil de Droits de l’Homme basé à Genève,l’Assemblée Générale de l’ONU a déterminé que 15 sièges reviennent à certains pays membres par continents. Repartis pour trois ans à partir de janvier 2018, l’Afrique a 4 sièges, l’Asie-Pacifique 4 sièges, l’Amérique Latine 3 sièges, l’Europe Orientale 2 sièges et les deux derniers pour les autres Etats non répertoriés par continent.
Outre la RD Congo avec ses 151 voix, trois autres pays ont rejoint le Conseil afin d’occuper les quatre sièges alloués au continent africain : L’Angola a recueilli 187 votes, le Nigeria 185 et le Sénégal 188. Sur les 193 pays membres reconnus de l’ONU actuellement, la majorité requise pour être élu était de 97 voix. C’est un satisfecit dans le camp gouvernemental pour ce qui est considéré comme une énième victoire de la diplomatie du régime.
Reportage de Tshikuyi Tubabela à Genève