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RDC-USA : Nikki Haley à Kinshasa, une visite redoutée sur fond des pressions et lettre des familles des prisonniers politiques

C’est en principe le 21 octobre courant qu’est prévue la visite à Kinshasa de l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Mme Nikki Haley. Ce voyage que le régime redoute s’effectue au moment où la tension ne cesse de monter dans le pays, mais aussi et surtout que le pouvoir la considère assez trop critique à son égard et à plusieurs reprises.

Ce déplacement à Kinshasa ressemble à s’y méprendre comme à celle de l’ambassadeur de Bill Clinton, William Blaine Richardson III dit Bill Richardson à Mobutu dans les derniers mois de son règne. Le message clair de quitter le pouvoir adressé à l’époque à Mobutu avait eu son effet avec la fuite au Togo puis au Maroc du dictateur en mai 1997. Clairement il avait comprendre au dictateur zaïrois que s’il ne quittait pas le pouvoir en s’entêtant, « son corps risque d’être traîner dans les rues de Kinshasa une fois il sera assassiné par les rebelles en marche vers la capitale ».

Quel type de message Nikki Haley qu’on dit une « dame de fer » adressera-t-elle à Joseph Kabila alors que tous les signaux du pays virent au rouge alerte avant une explosion tant redoutée et dont personne ne saura assumer les responsabilités ? L’ambassadrice américaine qui n’a pas sa langue en poche est très attendue sur ce point en rapport à qu’elle dira et ceux qu’elle rencontrera.

Selon certaines indiscrétions, l’Église et la Société civile s’emploieraient à la possibilité que l’ambassadrice de l’ONU Nikki Haley envoie un message clair à Kabila lors de sa visite du 21 octobre du genre : « Si vous tirez sur vos citoyens, vous encourrez une persécution de la Cour pénale internationale ». Surtout que l’ambassadrice des Etats-Unis peut soumettre cette question au Conseil de sécurité de l’ONU afin que celui-ci, en vertu de l’article 13 du Statut de Rome de la CPI, qualifie cette violence envers la population civile d’acte d’agression et la renvoie à la justice internationale. Avertissement qui sera de nature à persuader le pouvoir à y réfléchir à deux fois avant de recourir à la violence face à la population en cas des manifestations pacifiques.

L’on se rappelle de l’opposition ferme de Nikki Haley en juin 2017 pour l’entrée de la RDC au sein du Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies au sein duquel elle pourra arriver ce 16 octobre 2017.  Face à l’appui du groupe des 13 pays africains soutenant la candidature congolaise, Mme Haley ne s’était pas offusquée de comparer ce « soutien à un manquement inexcusable à la défense des droits de l’Homme par les pays africains ».

Et de déclarer que « Quand des pays du groupe Afrique avancent la candidature d’un pays comme la RD Congo pour qu’il devienne membre du Conseil des droits de l’homme, cela n’affaiblit pas seulement cette institution, mais alimente également le conflit qui provoque tant de souffrances sur ce continent ». Ce, en référence aux exactions commises dans l’espace Kasaï par les forces de sécurité du pays ; armée et police sur les présumés miliciens Kamuina Nsapu et la population civile.

Des pressions toujours grandes

Alors que les sanctions americano-européennes ont déj touché des proches du régime, des pressions toujours grandes se font entendre pour que des nouvelles sanctions internationales soient prises contre le clan familial de Kabila. Selon Me Georges Kapiamba‏ sur son compte Twitter @KapiambaGeorges annonçait que son organisation « l’ASADHO, la Voix de Sans Voix et l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) et quelques mouvements citoyens ; demandent aux experts de l’ONU des sanctions contre Joseph Kabila et ses proches ».

Lire aussi : ONU : Malgré les protestations, la RDC élue au Conseil des Droits de l’Homme à Genève https://www.afriwave.com/?p=5369

Lettre des familles des prisonniers

En attendant, c’est le Comité des familles des prisonniers politiques du pays (CFPP-RDC) qui s’est fendu d’une lettre lui adressé via le chargé d’Affaires de l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa en date du 6 octobre courant. Ni moins ni plus, ce comité réclame la libération sans conditions de leurs emprisonnés parfois depuis trop longtemps. [DOCUMENT]

COMITÉ DES FAMILLES DES PRISONNIERS POLITIQUES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, CFPP-RDC

Av. des Palmiers, 3873, Kinshasa, RDC – Email : luila001@yahoo.fr – Tél. : 00243812163612
Kinshasa, 6 octobre 2017

  1. Réf. : 02/cfpprdc/17

A S.E. Mme Nikki Haley,

Ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU,

À New York, USA

***********************************
C. I à S.E.M le Chargé d’Affaires de l’Ambassade des Etats-Unis 

À Kinshasa, RDC

Concerne : Message des familles des prisonniers politiques de la RDC en vue de leur libération et demande d’audience à l’occasion de votre venue en RDC

S.E. Mme l’Ambassadeur,

Nous avons l’honneur de venir auprès de votre haute personnalité afin de vous faire part de la situation injuste et douloureuse qui traversent les nombreux prisonniers politiques de la République Démocratique du Congo et leurs familles, depuis des années.

En effet, malgré les appels de la communauté internationale pour l’application des mesures de décrispation politiques et d’autres mesures d’amnistie déjà approuvées depuis 2013, rien n’est fait pour leur rendre la liberté.

En ce qui concerne les leaders politiques de l’opposition, le cas le plus grave est celui du prisonnier politique Eugène Diomi Ndongala, qui a porté plainte contre la RDC en 2014 auprès du Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies lequel a condamné la RDC sur son cas, par le décision N°2465/2014, à le libérer, annuler sa condamnation irrégulière et à l’indemniser. Malgré la RDC ait été notifiée de cette décision en novembre 2016, presque une année après l’opposant Eugène Diomi Ndongala est toujours otage du régime Kabila.

D’autres cas emblématiques sont ceux de M. Muyambo et M. Mulongo, faisant l’objet de poursuites sur la base de montages politico-judiciaires qui cachent mal des poursuites
politiques ayant souvent trait à l’exercice de la libre expression politique consacrée par la Constitution de la RDC.

Nous tenons aussi à évoquer les cas de M. Firmin Yangambi et Éric Kikunda, amnistiés depuis 2013 mais qui continuent à purger des très longues peines pour des raisons politiques.

Il sied de souligner que tous les cas les plus graves de détentions politiques sont restés irrésolus malgré l’Accord Politique de la Saint Sylvestre, signé sous la facilitation des Évêque catholiques de la RDC, ait prévu des mesures de décrispation politique à l‘issu de sa signature. En effet, le Chapitre 5 de cet Accord prévoit la libération immédiate des prisonniers politiques emblématiques (les cas de M. Eugène Diomi Ndongala et M. Muyambo) ainsi que la mise en place d’une commission ad hoc au sein du Ministère de la Justice pour tous les autres cas, commission qui n’a jamais travaillé dans l’optique d’accomplir cette tâche.

Voilà pourquoi, en dernier recours, nous sollicitons au nom des prisonniers politiques de la RDC, votre intervention pour que soit mis un terme aux souffrances de ces hommes et femmes souvent malades, après des années de tortures physiques et morales, dont la vie est menacée.

A titre de rappel, nous vous transmettons la liste de nos membres de famille qui vivent cette situation d’injustice et négation des droits de l’homme depuis des années pour que vous, Mme l’Ambassadeur, soyez notre avocate auprès des autorités de la RDC qui restent sourdes aux appels des familles, de la société civiles ainsi que de la communauté internationale, alors que la détention de leaders politiques de l’opposition ou des activistes de l’opposition, à cause de leurs opinions politiques, constitue la preuve la plus marquante du caractère anti-démocratique du régime politique actuellement au pouvoir, sans mandat électif, en RDC.

Cette situation est d’autant plus grave car la détention injuste des prisonniers politiques de la RDC se poursuit en plein lancement du processus électoral, alors que les mesures de décrispation politique constituent, pour l’opposition politique et la société civile de la RDC, un préalable incontournable pour le démarrage d’un processus électoral libre, crédible et démocratique.

Voici la liste de nos membres de famille qui sont des prisonniers politiques du régime Kabila :

  • Eugène Diomi Ndongala, Président du parti politique d’opposition Démocratie Chrétienne et fondateur la plateforme Majorité Présidentielle Populaire, MPP, le principal leader ayant lutté pour la vérité des urnes après le holdup électoral de 2011 ;
  • Jean Claude Muyambo, Président du parti politique d’opposition Scode,
  • Huit Mulongo,
  • Eric Kikunda,
  • Firmin Yangambi et beaucoup d’autres….

Il serait très important pour les familles des prisonniers politiques de la RDC que votre haute personnalité puisse recevoir une petite délégation de notre comité, afin de marquer, par ce geste, la volonté des Etats-Unis d’œuvrer en faveur de la liberté et de la Justice, comme l’a si bien affirmé le Président Donald Trump, en décidant de vous envoyer en mission en RDC, au nom de l’exécutif des Etats-Unis.

Tout en restant à votre disposition pour une éventuelle audience à l’occasion de votre venue en République Démocratique du Congo, veuillez agréer, Mme l’Ambassadeur, l’assurance de notre haute considération distinguée,

Pour le Comité des familles des prisonniers politiques de la RDC,

La Coordination,

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Rédaction

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