Une grande manifestation de la communauté congolaise de Belgique est prévue lundi 23 octobre 2017 en début d’après-midi devant le Service Public Fédéral SPF (ministère) Affaires Etrangères, Commerce Extérieur et Coopération au Développement, rue des Petits Carmes 15, 1000 Bruxelles.
Cette protestation se fait contre l’octroi d’un visa humanitaire à Lambert Mende, ministre congolais des Médias et Communication et porte-parole du gouvernement ; pour se rendre aux chevet de sa maman gravement malade. Une grande partie de la famille Mende, notamment frère et sœurs, son ex-épouse, ses grands enfants vivent en Belgique depuis l’époque où il fut réfugié début des années 1980-1990.
Le temps de la stupéfaction passé, c’est la colère qui monte dans la diaspora congolaise qui ne comprend en rien ce geste des autorités belges –pour des raisons humanitaires soit-il– à l’endroit d’une personnalité du régime de Kinshasa sous sanctions européennes. Surtout lorsqu’on sait que cette même personnalité est le plus « critique pourfendeur » le plus la Belgique en particulier et l’Occident en général de néocolonialisme et d’ingérence dans les affaires du Congo.
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Quid d’une compensation belge ?
D’après certaines indiscrétions, la décision belge d’accorder un visa soit-il de courte durée à Lambert Mende et une rencontre probable avec le ministre des Affaires Etrangères Didier Reynders serait une compensation belge à l’égard du régime congolais. Surtout que le ministre belge risquait de se voir accordé un visa du Congo pour l’inauguration de la future ambassade commune de la Belgique et du Pays-Bas de Kinshasa
L’on se rappellera que Didier Reynders fut écarté de la rencontre entre le premier ministre belge Charles Michel et Joseph Kabila à New-York en septembre dernier. C’était en marge de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, les congolais reprochant au ministre belge ses prises de positions hostiles au régime et le taxant d’être proche de l’opposition.
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La colère aussi des ONG
Même si l’on, sait que ce type de visa dit résidentiel c’est-à-dire pour une durée limitée sur le seul territoire belge, il ne lui permet pas d’avoir des contacts de nature politique, indiquait ce samedi 21 octobre 2017 de des sources diplomatiques belge à Bruxelles. Ce qui n’a pas permis de baisser la tension et les critiques de la part d’ONG actives dans le secteur de l’aide au développement et de défense des Droits de l’Homme.
Pour le Réseau européen pour l’Afrique Centrale (EurAc) qui rassemble des organisations membres issues de la société civile de différents pays européens travaillent sur et dans la région des Grands lacs (Burundi, RDC et Rwanda) ; « le visa octroyé par la Belgique à Lambert Mende risque de saper le régime de sanctions de l’UE envers la RDC. C’est aussi un très mauvais signal envoyé à tous les citoyens congolais ayant des difficultés à obtenir un visa pour entrer dans l’Union européenne pour des raisons humanitaires : médicales, politiques ou autre».
Et à EurAc d’ajouter que « ce visa sape la crédibilité de la Belgique et de l’UE dans son ensemble, car ils semblent ne pas respecter leurs propres décisions, établissant un précédent dangereux qui pourrait mettre en péril une future application cohérente et cohérente des sanctions de l’UE. L’Union européenne et la Belgique en particulier devraient expliquer les raisons de cette dérogation ».
A LIRE : / EurAc questions the recent decision of Belgium to grant a visa to Congolese Minister for Communications and Media, despite EU sanctions http://www.eurac-network.org/fr/press-releases/eurac-questions-recent-decision-belgium-grant-visa-congolese-minister-communications
Pour leur part, d’autres ONG belges notamment la flamande Broederlijk Delen et Pax Christi avaient désapprouvé, le même jeudi 19 octobre, la décision de la Belgique d’octroyer ce visa à un officiel congolais pourtant sous sanctions. Pour elles, « La décision de la Belgique donne un mauvais message et risque de mal être accueillie dans l’opinion publique belge et congolaise au risque d’atteinte à la crédibilité de la Belgique à respecter les sanctions de l’Union européenne et à garder une attitude ferme vis-à-vis des autorités congolaises tenues responsables de violations des Droits de l’Homme et du blocage démocratique dans leur pays ».
Depuis son arrivée sur le territoire belge dans la matinée de jeudi19 octobre, le ministre Mende se fait « le plus discret possible » que les combattants sont à sa traque renseigne un membre de ce mouvement des opposants congolais de Bruxelles. Une congolaise, Jacky D.M. interrogée à ce sujet déverse sa colère : « La Belgique a foulé aux pieds toutes les victimes congolaises pour les intérêts économiques : le cobalt et autres matières premières. Nous sommes indignés! Et les millions des morts de l’Est, ceux du Kasaï encore frais dans nos mémoires, et le corps d’Etienne Tshisekedi dont on ne veut pas de rapatriement…qu’en dit la Belgique de tout ça ? ».
TSHIKUYI Tubabela à Bruxelles