RDC : Kinshasa, une journée chargée pour Nikki Haley sur fond des divergences

C’est une journée marathon pour l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley qui a commencé ce vendredi 27 octobre 2017 à Kinshasa. Revenue hier soir de Goma en province du Nord-Kivu, elle avait visité le QG de la Monusco ainsi que les camps des réfugiés et déplacés de Mungote dans l’entité de Kitsanga.

Ayant commencé sa matinée par la CENCO en enchainant avec la CENI et les opposants, l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley a rencontré cet après-midi le chef de l’Etat Joseph Kabila. Au fur et à mesure de l’avancé de la journée avance et pour elle, vu les contraintes et le délai ; l’on sent que la préférence américaine tend vers une tenue des élections en 2018 que 2019 prévue par la CENI avec ses 504 jours sollicités après la fin des enrôlements.

C’est à quoi le mouvement citoyen de La LUCHA lui a répondu : « LUCHA‏Compte certifié @luchaRDC  Élections en 2016, 2017, et maintenant 2018 ? Quoique les autres pensent, puissants soient-ils, c’est au peuple que revient le dernier mot ! ». Un point de vue partagé par le plus grand nombre des congolais qui estiment que le « temps des consuls et autres proconsuls est terminé, et que c’est au peuple de se prendre en charge »

Rencontre avec la CENCO

Médiateur dans lors de la dernière rencontre dite de la Négociation directe entre la majorité et l’opposition qui a donné naissance à l’Accord de la Saint Sylvestre 2016, c’est la CENCO de Nikki Haley a réservé sa première sortie de la journée. Pour l’église catholique, un seul message à passer : « le peuple congolais attend les élections tel que convenu dans l’accord du 31 décembre 2017, si non dans le meilleur délai possible ». Mais aussi sur ce que les USA peuvent faire pour appuyer le processus électoral en RD Congo ainsi que sur l’application des mesures de décrispation politique, l’organisation des élections dans un bref délai, la mise en œuvre de l’accord politique global, etc.

En insistant sur l’état d’application de l’Accord du 31 décembre 2016, le président de la CENCO, Mgr Utembi qu’assistait son second Mgr Fridolin Ambongo et le SG l’Abbé Nshole ; n’a pas manqué d’évoquer les défis sur le chemin vers la concrétisation de l’Accord accepté et signé par tous mais aussi les craintes des évêques sur la non application dans sa conformité dudit accord.

Selon le SG de la CENCO l’Abbé Nshole, « L’ambassadrice américaine voulait avoir une idée de la situation générale du pays et savoir ce que nous attendons de la communauté internationale. Les évêques attendent de la communauté internationale comme la communauté nationale un appui dans le sens de ce que le peuple congolais attend, les élections dans les meilleures délai ».

La CENI au cœur du problème

La CENI demeure au cœur de la question sur la crise politique devenue institutionnelle qui secoue le pays à laquelle s’ajoute celle humanitaire et sécuritaire. Et pour en sortir, il faut la tenue des élections crédibles. C’est en résumé la pensée de Nikki Haley à la sortie de sa rencontre avec le président de la CENI Corneille Nangaa.

Parlant de la CENI, elle explique que : « C’est un organe important et c’est clair tout comme les élections doivent se tenir au plus tard en 2018.  Si les élections ne sont pas organisées à cette date, la RDC ne pourra pas compter sur l’appui de la communauté internationale et celui des USA.  Le président de la République doit dire que les élections devront être organisées en 2018. Nous n’appuierons pas le calendrier électoral si ce calendrier ne spécifie pas que les élections auront lieu en 2018 ».

Pour l’ambassadrice américaine qui suggère une tenue de ces élections en 2018 et pas au-delà, la position des Etats-Unis est beaucoup plus claire : « Ce ne serait pas une démocratie si le pays continue à tolérer que les populations souffrent, que les enfants soient violés. C’est important de réitérer ce message. Nous allons appuyer ce processus si un calendrier réaliste est mis au point et nous allons faire savoir cela à toutes les parties prenantes, que ce soit les évêques ou l’opposition ou encore le président de la République pour que les élections qui pourront amener la paix soient organisées ».

Et Nikki Haley de continuer : « Nous devons trouver un moyen d’avoir une situation pacifique (…). Nous devons leur trouver un moyen d’avoir des élections sûres et équitables, afin d’avoir des leaders qui sauront comment gérer cette situation et mettront fin aux groupes armés ».

De son côté, le président de la CENI Corneille Nangaa a comme d’habitude ; présenté « l’état d’avancement du processus électoral, les raisons du retard et les différents scénarios pour arriver aux élections le plus tôt possible ».

L’opposition au rendez-vous

L’opposition politique était au rendez-vous de ce midi avec la représentante américaine à l’ONU et envoyée spéciale du prédisent Trump Nikki Haley alors que certaines fausses infirmations avaient annoncé le contraire. Pour cette dernière, vu les circonstances et le délai imparti, elle suggère que « des bonnes élections ne peuvent se tenir qu’au plus tard en 2018 » tout en insistant sur « la présidentielle » qui est un scrutin à circonscription unique sur tout le territoire national.

Félix Tshilombo Tshisekedi, Pierre Lumbi pour le compte du Rassemblement de l’opposition, Eve Bazaïba pour le Front du Respect de la Constitution et Vital Kamerhe de l’UNC étaient à la résidence américaine pour faire entendre leur voix.

Pour Mme Eve Bazaïba du MLC et porte-parole de circonstance, « Nous avons travaillé ensemble et nous avons défendu le même point de vue pour sortir de la crise. Nous avons une constitution, nous avons signé un Accord qui prévoit les élections au plus tard en 2017 et nous sommes d’accord avec elle pour sa suggestion qui est son point de vue. Nous avons également défendu le nôtre qui concerne la date pour la tenue des élections ». Comme on peut le remarquer, c’est fut une sorte dialogue de sourd entre les deux parties alors que l’échéance du 31 décembre 2017 approche à pas de géant.

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CRÉDIT IMAGES JT TV5 AFRIQUE