Par Eric Topona via DW: http://www.dw.com/fr/les-usa-peuvent-ils-forcer-joseph-kabila-%C3%A0-respecter-le-calendrier-%C3%A9lectoral/a-41146363
En marge de sa visite en RDC l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, a appelé à la tenue, en 2018, de l’élection présidentielle. Reste à voir si cet énième appel sera suivi d’effet.
« Les USA n’ont jamais sanctionné la famille Kabila. Je crois que ça peut marcher, si les Européens sont avec les Américains ». (Herman Cohen)
Interview Herman Cohen
L’ambassadrice américaine aux Nations Unies, Nikki Haley, a été ferme. « Les élections doivent être organisées en 2018 [sinon], la RDC ne doit pas compter sur le soutien des États-Unis et de la communauté internationale », a-t-elle déclaré à l’issue d’une rencontre avec le président de la Commission électorale nationale indépendante, Corneille Nangaa. Selon la diplomate américaine, il est possible que le calendrier électoral en l’état actuel puisse être respecté. « Nous n’allons pas appuyer un calendrier qui ne montre pas clairement que les élections seront tenues en 2018 », a-t-elle ajouté.
Pour ce faire, Nikki Haley a sollicité le concours des évêques catholiques, qui avaient chapoté, en décembre 2016, l’accord politique dit de la « Saint-Sylvestre ». « Les évêques attendent de la communauté internationale un appui pour la tenue des élections dans le meilleur délai », a répondu l’abbé Donatien Nshole, porte-parole des évêques.
Sanctions financières contre Joseph Kabila
Face à cette impasse politique, de nombreux analystes préconisent la prise des sanctions financières contre Joseph Kabila et sa famille. C’est le cas d’Herman Cohen, ancien ministre adjoint des Affaires Etrangères chargé de l’Afrique pendant la présidence de George Bush père.
Joseph Kabila est pressé par la communauté internationale pour organiser les élections générales, en l’occurrence l’élection présidentielle.
« Les USA, pendant l’administration de Obama, ont déjà appliqué des sanctions contre des hautes personnalités, autour de Kabila, pour les pousser dans la bonne direction. S’ils ne voient pas un bon calendrier, avec une élection en 2018, ils peuvent étendre ces sanctions. Et aussi, ils n’ont jamais sanctionné la famille Kabila. Ça peut marcher, surtout si les Européens, Français et Belges notamment, sont avec les Américains », soutient le professeur au département d’études africaines de l’Université Johns Hopkins à Washington.
La prise des sanctions sera-t-elle efficace ? « Vous savez, Mobutu était aussi de marbre, à l’époque où, on l’avait privé de visa pour voyager aux USA. Mais, il en souffrait. Moi, je crois que le département du Trésor, devrait prendre des sanctions identiques », estime pour sa part le journaliste congolais Baudouin Amba Wetshi. « On a touché l’entourage, mais jusqu’ici, Kabila et sa famille ne sont pas touchés. En tout cas, il faut que ça soit accompagné comme on dit, par la carotte et le bâton. C’est la manière pour Kabila de comprendre », insiste-t-il.
Satisfaction de la société civile
La fermeté affichée par Nikki Haley a été très appréciée par la société civile congolaise. En plus des sanctions qui pourraient être prises contre le président congolais, Jean Pierre Mulumba, un activiste du mouvement pro-démocratie la Lucha, Lutte pour le changement, propose une transition de six mois, sans Joseph Kabila. C’est l’option qu’émettent régulièrement la plupart des ténors de l’opposition congolaise et une frange de la société civile.
Au cours de son séjour en RDC, Nikki Haley s’est rendu à Goma puis à Kitchanga dans la province du Nord-Kivu, dans l’est du pays, déchiré par des conflits armés depuis deux décennies. Elle y a visité un camp de personnes déplacées.
L’ambassadrice américaine à l’ONU qui a rang de ministre dans l’administration américaine, effectue ainsi son premier voyage en Afrique. Avant l’étape congolaise, elle s’était déjà rendue en Ethiopie, au Soudan du Sud, pays en proie à une instabilité politique aux relents de rivalités ethniques.