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RDC : La CENI publie son calendrier électoral de la discorde

Fin d’un suspens inutile pour une réaction devenue tardive de la part de la CENI concernant le calendrier électoral qui a été publié ce dimanche 5 novembre 2017 dans la soirée. Passant à la trappe ses 504 jours annoncés le 10 octobre 2017 dès la fin d’enrôlement des électeurs du Kasaï en janvier 2018, mais aussi tous les défis (financier, humain, logistique) et contraintes (matérielles techniques) qui avaient toujours été évoqués pour la non organisation dans le délai desdites élections.

La CENI a fini par se dédire avec sa décision n°065/CENI/BUR/17 du 05 Novembre 2017 portant publication du calendrier électoral. Nul n’en doute que la pression était devenue trop grande de tous côtés en interne par l’opposition comme à l’externe par la communauté internationale.

L’on se souviendra par exemple de cette exigence de Nikki Haley, l’ambassadrice américaine à l’ONU lors de son récent voyage à Kinshasa fin octobre 2017 : « les élections doivent avoir lieu au plus tard en 2018, passée cette date la RDC ne pourra plus compter sur aucun soutien des Etats-Unis tout comme de la communauté internationale ».  L’Union africaine et les pays de la sous-région, eux, demandaient ce même scrutin pour juin 2018.

Les menaces conjointes ont-elles fini par avoir raison de la témérité de la CENI que l’on critique d’être sous la coupe du régime même si elle s’en défend ?  Au moins, l’organe chargé de l’organisation des élections a-t-il été obligé de revoir ses plans : le corps électoral sera convoqué le 23 juin 2018 pour une triple élection combinée en une seule séquence le 23 décembre 2018 : la présidentielle, les législatives et les provinciales. Et pour justifier cela, Corneille Nangaa explique que « ce calendrier respecte l’accord politique de la Saint-Sylvestre 2016 » qui pourtant prévoyait ces élections fin 2017.

A peine est-il rendu public que ce « calendrier de la discorde » provoque-t-il de la dissonance dans tous les milieux de la politique comme de la société civile, pourtant on en attendait un consensuel et acceptable par tous. Félix Tshisekedi au nom du Rassemblement tout comme son parti l’UDPS et Mme Eve Bazaiba, SG du MLC de Jean-Pierre Bemba ; rejettent-ils « ce calendrier considéré comme une violation de la Constitution et de l’Accord politique global de la CENCO ». Les deux responsables disant que « le peuple n’acceptera pas ce calendrier ».

Le sort de Joseph Kabila

Même si la CENI ne le dit pas explicitement dans le cadre de son calendrier, l’on sait que le président Joseph Kabila restera en place jusqu’au 12 janvier 2019, jour prévu pour la prestation de serment de son successeur pour la remise-reprise avec le nouveau président élu si ça ne sera pas lui-même.

Or les opposants disent tous en chœur « ne plus reconnaitre ni son gouvernement dirigé par Bruno Tshibala, encore moins la CENI nommée par lui et dans sa configuration actuelle ». Pour eux, « Kabila qui est hors mandat depuis le 19 décembre 2016 ne peut jouir d’une deuxième année sans mandat à la tête du pays et ne peut prétendre diriger une quelconque transition vers des élections qui doivent se faire sans lui. De plus, la CENI devra subir une profonde restructuration en vue d’une concrète représentativité de toutes les tendances afin d’éviter toutes contestations futures ».

Comme pour se prémunir contre quelque chose qu’on redoute, le président de la CENI Corneille Nangaa en a « appelé à éviter toute mauvaise réaction après l’annonce de ce calendrier ». Un important dispositif sécuritaire entourant les locaux de la Commission électorale au centre-ville à Kinshasa pendant que son rapporteur Jean-Pierre Kalamba, détaillait le chronogramme.

La plus grande nouveauté même si c’en a pas une restant « le vote des Congolais de l’étranger » auxquels le régime semble soudainement s’intéresser après les avoir superbement ignorés en 2006 et 2011 ; les jugeant trop hostile à Kabila et « manipulés » par les opposants politiques et les néo-colonialistes. L’enrôlement de ces Congolais pouvant commencer à partir du 1er juillet 2018.

Pour Sindika Dokolo du Mouvement citoyen LesCongolaisDebouts, avec cette annonce : « Nangaa va déclencher l’appel que le peuple attend et que le mot d’ordre en sera donné par communiqué solennel ». Un autre opposant Firmin Yangambi emprisonné depuis plusieurs années, « Vexatoire et aléatoire, le brouillon de @CNangaa n’est pas un calendrier électoral. C’est un dilatoire distractoire. Il faut cesser de subir ».

De son côté, Moïse Katumbi estimant qu’à travers cette publication, « Ce régime prédateur veut prolonger instabilité & misère du peuple. Ns n’acceptons pas ce calendrier fantaisiste. Stop. #Kabila doit partir ». La CENCO qui dit « avoir été consulté par la CENI, mais que ses experts estimaient qu’il était possible de tenir les élections mi-2018 ». La Lucha de son côté lance un « Appel solennel à un soulèvement populaire pour libérer la #RDC. Dès maintenant ! » dès le lundi 6 novembre 2017.

En attendant de faire une communication sur une position commune, les leaders de l’opposition sont en réunion dès ce soir pour déterminer la marche à suivre.

 

 

 

 

 

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