C’est devant la Commission des Affaires Etrangères du Congrès américain que se discute depuis ce matin le questionnement de la grave crise politique devenue institutionnelle en RDC. Le maintien du président Joseph Kabila à la tête du pays alors que les élections, notamment la présidentielle sont -elles reportées plusieurs fois fait le débat.
Kabila et son gouvernement sont-ils pointés du doigt dans ces manouvres alors que la Constitution et l’Accord politique global du 31 décembre 2017 lui interdit de concourir pour un troisième mandat. Dans cette rencontre et selon les termes du Président de l’audience Smith, il est question de « recueillir des suggestions par le Département d’Etat (ministère des Affaires Etrangères américain) sur la façon de surmonter l’impasse actuelle de transition en RDC ».
Plusieurs intervenants venus du Département d’Etat américain, de l’Agence américaine de Développement (USAID) et ceux du secteur privé. Egalement parmi eux, les acteurs et connaisseurs de terrain en RDC comme le Pr Mvemba Dizolele, titulaire de chair des Etudes africaines à Johns Hopkins University ; Fred Bauma du mouvement citoyen pro-démocratie de La Lucha (Lutte pour le Changement). Aussi Mme Severine Autesserre, Ph.D. en Sciences Politiques à Barnard College/Columbia University, chercheuse et auteure de plusieurs études sur la violence en RDC. Enfin Mme Ida Sawyer, Directrice pour l’Afrique Centrale à Human Rights Watch (HRW) dont les autorités congolaises n’ont jamais renouvelé le visa de travail dans le pays.
Le double langage américain et la poigne des acteurs de terrain
Après le discours d’ouverture du Chairman Ed Royce, c’est le double langage américain qui est venu doucher les participants mais au loin de démoraliser la délégation congolaise. Malgré la publication du calendrier électoral, l’opposition congolaise tout vent debout réfléchi sur une transition sans Joseph Kabila ; Donald Yamamoto, chef par intérim du Bureau Afrique des Affaires Africaine au Département d’État pense le contraire : « Nous avons déjà signifié à l’Opposition qu’une transition sans Kabila n’était pas constitutionnel ». Pour le Mr Afrique de Donald Trump, le soutient de son pays au processus électoral en cours demeure important : « Nous allons tout faire pour que le calendrier soit respecté ».
Cette prise de position qui rejoint le souhait de la majorité présidentielle étant trop loin de décourager les témoins directs de terrain. Eux qui assistent et vivent la violence quotidienne qui accompagne la crise politique depuis la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Kabila le 19 décembre 2016.
Ainsi ont-ils insisté sur le fait que « Le Congrès américain devrait imposer également toutes les limites législatives nécessaires pour s’assurer que le système américain n’est pas utilisé pour trouver des activités criminelles en RDC ». Ida Sawyer en profitant pour accuser Joseph Kabila de « n’avoir pas donné de signes clairs sur ses intentions de quitter le pouvoir car ayant mis en place une stratégie de chaos pour pouvoir s’accrocher à la tête du pays ». Et d’ajouter que l’enquête de son organisation, le HWR a prouvé « une participation d’agents de l’Etat dans la mort de deux experts de l’ONU Michael Sharp et Zaida Catalan ».
Pour sa part, Fred Bauma de La Lucha a expliqué que « les congolais sont aujourd’hui prêts à s’opposer à tout prix et par tous les moyens pacifiques à un président [Kabila] qui a violé la règle de droit, tel que défini dans la Constitution ».
L’on se rappelle que recevant Mme Nikki Haley le mercredi 8 novembre 2017 pour son rapport de sa première tournée africaine en Ethiopie, au Soudan du Sud et en RDC, la Commission des Affaires Etrangères du Département d’Etat (ministère des Affaires Etrangères) avait déclaré devoir garder « un œil attentif » sur Joseph Kabila, « qui doit démissionner » ; autrement quitter le pouvoir une fois les élections organisées en 2018.
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