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Manifestations du 15 novembre 2017 : Des menaces claires du pouvoir face à la détermination de la population

Le premier grand appel à manifester pacifiquement soit dans la rue, soit en ville morte sur l’ensemble du pays est pour ce mercredi 15 novembre 2017. Sur appel des associations de la société civile et autres mouvements citoyens, les congolais sont appelés à lancer l’opération article 64 pour réclamer le départ du président Joseph kabila de la tête du pays d’ici le 31 décembre 2017. Et ce, faute d’avoir organisé les élections tel que prévu par la constitution depuis fin 2016 et fin 2017 tel que prolongé par l’Accord politique de la CENCO signé entre sa majorité et l’opposition.

Depuis le 19 décembre 2016, date de la fin de son deuxième et dernier mandat ; Joseph Kabila ne semble pas engagé pour permettre l’organisation des élections libres afin que soit désigné son successeur à la tête du pays. Le dernier calendrier électoral publié le 5 novembre 2017 publié par la CENI et soutenu du « bout des lèvres » par la communauté internationale ne fait pas l’unanimité sur le plan intérieur.

Applaudi par la majorité au pouvoir qui fait tout pour prolonger le glissement depuis deux ans, ce calendrier est rejeté par l’opposition, la société civile et les mouvements citoyens. Raison d’appel aux manifestations qui démarrent ce mercredi 15 novembre, jusque disent-ils ; au départ forcé ou volontaire de joseph Kabila et son régime. Face à cette détermination qui semble ne fléchir devant aucune intimidation, ce sont des menaces claires et nettes de la part des tenants du régime pour qui rien ne se fera sans eux ni leur assentiment.

APPEL DE LA MONUSCO

Kinshasa, 14 novembre 2017 – Au moment où plusieurs organisations politiques et de la société civile appellent à des manifestations sur l’ensemble du territoire de la République démocratique du Congo à partir de 15 novembre, la Mission de de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) réitère son attachement au respect des droits de l’homme et à l’expression pacifique des opinions.

La Mission exhorte ainsi les autorités congolaises à respecter les libertés fondamentales telles que stipulées dans la Constitution congolaise, dont la liberté de réunion et de manifestation, et à instruire les forces de défense et de sécurité à respecter les principes de nécessité, proportionnalité et légalité, conformément aux normes internationales.

La MONUSCO rappelle également aux citoyens que le droit de manifester implique de s’abstenir de recourir à la violence sous toutes ses formes.

« Dans le contexte actuel de transition politique, il est important que toutes les voix puissent s’exprimer dans le calme et de façon pacifique. Conformément à son mandat, la MONUSCO se réserve le droit d’observer les événements et de rapporter d’éventuelles violations des droits de l’homme » a déclaré Maman Sidikou, Représentant spécial du Secrétaire général en République démocratique du Congo et chef de la MONUSCO.

Maman Sidikou souligne également que la mise en œuvre intégrale des mesures de confiance prévues dans l’Accord du 31 décembre 2016 est nécessaire afin de conduire la République démocratique du Congo vers des élections libres, transparentes et apaisées.

TOUR D’HORIZON DES VILLES ET PROVINCES

KINSHASA

Sylvano Kasongo Kitenge : « Tout attroupement de plus de 5 personnes sera dispersé et on le fera sans pitié »

La capitale du pays, province frondeuse et bastion de l’opposition semble cristalliser toutes les attentions pour cette journée de tous les espoirs comme de tous les dangers. Comme il fallait s’y attendre, après la rencontre du 7 novembre 2017 entre le président de la CENI Corneille Nangaa et le chef de la police nationale le Général Amuli Bahigwa soi-disant pour discuter sur « la sécurisation du processus électoral » à travers le pays ; c’est le chef de la police de Kinshasa, Sylvano Kasongo qui est sorti de sa réserve. Selon les observateurs, les jours à venir seront cruciaux dans la frondeuse capitale Kinshasa.

Selon des propos lui attribué en réaction avec la demande de la Monusco aux autorités congolaises de « veiller au respect du droit de manifester », Sylvano Kasongo n’y est pas allé d’une main morte : « Le Congo ne dépend de la Monusco. La RDC est un pays souverain et la police dépend des autorités politico-administratives et non de la Monusco. Nous, nous respectons les ordres du Gouverneur de disperser toutes les manifestations de demain. Tout attroupement de plus de 5 personnes sera dispersé et on le fera sans pitié ».

Pour Sylvano Kasongo qu’on présentait comme « proche de la population » et successeur de Célestin Kanyama surnommé « Esprit de mort » à cause de sa brutalité dans la répression des manifestants ; c’est une autre image qu’on découvre : celui d’un régime en fin de cycle et prêt à réprimer sans pitié aucune toute contestation contre elle quoi qu’il en arrive avec ou sans mort d’hommes. Peut-être que Sylvano Kasongo rejoindra très bientôt la liste des personnalités congolaises sanctionnées par la communauté internationale pour entrave à la démocratie et répression sur les manifestants pacifiques.

NORD-KIVU : Placide Nyembo plus que l’arrogance

Avec sa capitale Goma, berceau des mouvements citoyens avec La Lutte pour le Changement (LUCHA), le Nord-Kivu demeure l’une des provinces où la contestation contre le régime est constante. De Beni la martyre et dans les coins les plus reculés, on sent le même désir : Kabila doit partir.

Dans son communiqué rendu public ce 14 novembre 2017 en rapport avec la journée du 15 novembre 2017, La LUCHA fait part « d’une répression programmée » en citant « les noms d’officiers et de responsables civils impliqués et d’autres informations inédites ». Ce sont les cas du Général Placide Nyembo nouvellement nommé Commissaire provincial qui aurait donné l’ordre « de réprimer ces ennemis du Congo par tous les moyens ». Ce gradé de la PNC qualifie les membres des mouvements citoyens des « ennemis, inciviques, drogués et fumeurs de chanvre ».

La LUCHA cite également le ministre de l’Intérieur Ramazani Shadari, l’inamovible gouverneur de la province Julien Paluku et certains responsables de l’armée.

LUBUMBASHI

Dans la capitale de la province du Haut-Katanga, le ton était déjà donné par son Commisaire provincial, le Général Paulin Kyungu qui a décidé d’installer son Quartier Général à Matshipisha en guise « d’une mise en garde sévère contre aux ennemis de la paix, des bandits et des inciviques et autres mauvais citoyens » disait-il au cours de la parade du samedi 11 novembre 2017.

A Lubumbashi par exemple, la tension demeure très tendue avec le blocus par les éléments de la garde présidentielle et ceux de la police nationale devant le domicile de Gabriel Kyungu Wa Kumuanza, président du G7 Katanga.

Les quartiers de Kamalondo et Matshipisha sur la route de Kasumbalesa où se trouve la ferme de Joseph Kabila flambent chaque nuit avec des pneus et voir des véhicules incendiés chaque jour.

KANANGA et MBUJI-MAYI

Dans ces deux grandes villes des anciennes provinces du Kasaï unifiées, toutes manifestations restent interdites pour la journée du mercredi 15 novembre 2017 sur décision des autorités urbaines ; toutes issues des rangs du PPRD, le parti présidentiel au pouvoir.

Un regard particulier sera demain posé sur les villes de BUKAVU, KISANGANI, MBANDAKA pour n’en citer que ceux-là car ayant connu des manifestations hostiles au régime les semaines dernières. www.afriwave.com y a déjà déployé ses équipes pour vivre en temps réel le déroulé des évènements.

La Rédaction

 

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