Classée comme une journée à risque majeur à cause d’une violence qu’elle pouvait engendrer, la première journée nationale de manifestation pour exiger la tenue des élections et le départ du président Joseph Kabila s’est achevée en mi- teinte. L’acte 1 qui s’est joué le 15 novembre 2017 aura été relativement bien relativement suivie dans certaines villes comme à Goma malgré les menaces de tuer les manifestants par le chef de la police, à Beni, à Butembo ou à Lubumbashi et à Mbuji-Mayi mais bien moins à Kinshasa.
Même si aucun incident majeur n’aura été relevé, les organisateurs (mouvements citoyen et opposition) qui n’en démentent pas déplorent tout de même une quarantaine d’arrestations dans les rangs dans plusieurs villes du pays. Comme ce cas d’une jeune fille de 15 ans membre présumée de la Lucha sur l’Ile d’Idwji près de Goma en province du Nord-Kivu.
Au travers de ses menaces de répression sans pitié claires et nettes, le régime aura marqué un point, celui de contenir la mobilisation qui se voulait grande malgré l’interpellation de la Monusco sur le respect de la liberté d’expression et de manifestation.
D’après nos correspondants sur place, il faut relever que des villes comme Lubumbashi et Goma ont connu quelques barricades, un bus et des pneus brules alors que Mbuji-Mayi est restée déserte toute la journée malgré la parade du gouverneur PPRD Alphonse Ngoyi Kasanji. Les écoles et universités sont restées pour la plupart fermées alors que les boutiques, les marchés et les magasins n’ont pas ouvert. Ailleurs malgré les appels à la population à vaquer normalement à leurs occupations, les activités ont tourné au ralenti.
A Kinshasa, il faut noter que l’appel s’est traduit non par des manifestations, mais par une activité moins dense que d’habitude. La circulation fut plus fluide qu’un autre jour de semaine ordinaire sur les grands boulevards 30-Juin et Lumumba, alors que la vie paraissait normale dans les quartiers. L’imposante présence des forces de sécurité aura surement dissuadé les plus téméraires des présumés manifestants.
Le rendez-vous du 28 novembre
Sur appel de l’opposition politique cette fois-ci, une deuxième manifestation est programmée pour le mardi 28 novembre courant pour un deuxième acte. Les propos démesurés des responsables de la police nationale congolaise avant les manifestations n’ont pas laissé insensible.
Preuve de la réaction du Haut-commissaire aux Droits de l’Homme des Nations unies, Zeid Ra’ad Al Hussein qui en « appelé au gouvernement et aux forces de sécurité à œuvrer pour désamorcer les tensions au lieu de créer les conditions favorisant la répression, la confrontation et la violence ». Il n’a pas manqué de rappeler Kinshasa au « respect des droits à la liberté de réunion pacifique, d’association et d’expression », tout comme la Mission des Nations unies en RDC (Monusco) l’avait fait la veille.
Kabila et son avenir
Au pouvoir depuis 2001, élu deux fois en 2006 et 2011, Joseph Kabila ne peut plus se présenter et son deuxième et dernier mandat constitutionnel ayant pris fin le 20 décembre 2016. L’Accord politique global signé entre sa majorité et l’opposition du 31 décembre 2016 sous l’égide de l’épiscopat catholique prévoyait déjà l’organisation de la présidentielle au plus tard en décembre 2017.
Un an plus tard, ledit accord est resté lettre morte, l’opposition rejetant aujourd’hui désormais le calendrier électoral présenté le 5 novembre 2017 qui fixe les élections au 23 décembre 2018. Réclamant une « transition sans Kabila » dès le 1er janvier 2017 et des élections avant le 23 décembre 2018, l’opposition et la société civile exigent le départ de Kabila avant le 31 décembre 2017. Des précédentes manifestations pour demander des élections et le départ du président Kabila avaient fait des dizaines de morts à Kinshasa en septembre et décembre 2016.
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