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SOCIÉTÉ : L’orgasme féminin, les femmes congolaises en parlent

Par Laetitia Kasongo

Avoir une discussion sur l’orgasme de la femme, dans un couple ou au foyer n’est pas chose aisée au Congo. Certains sur base de leurs cultures ou de coutumes n’y voient même pas d’importance. Pourtant ce sujet, quoique complexe, mériterait qu’on s’y attèle car il en va de l’équilibre du couple et du bien-être de la femme. J’ai recueilli des témoignages de femmes mariées et de jeunes filles en couple et j’ai réalisé à quel point l’insatisfaction sexuelle peut avoir de conséquences dévastatrices tels que le déséquilibre dans le foyer, l’infidélité, voire le divorce. Pourtant, un bon dialogue et une communication sur le sujet pourrait changer les choses.

« Orgasme », ce mot d’origine grecque signifie le paroxysme du plaisir sexuel ou une extrême jouissance. En moyenne six secondes pour les hommes, il peut durer une heure chez la femme selon certains spécialistes, mais en moyenne 20 secondes. Mais c’est souvent l’histoire d’une frustration pour toute la vie si l’on ne peut atteindre cet orgasme durant l’acte sexuel.

« Pendant le coït, je m’allongeais toujours en faisant des mouvements et des petits gémissements me référant aux films pornos, pensant que c’était des choses à faire. Mais le jour où j’ai atteint le vrai orgasme, je ne me souviens même pas comment j’ai eu brusquement des contractions si violentes ni comment ma bouche s’était ouverte pour sortir des mots inintelligibles, sans le savoir je criais de joie ! », témoigne Marie, une femme de 35 ans.

Un autre témoignage est celui de Jeanne, qui se souvient : « Auparavant le sexe me dégoutait car je n’y voyais pas d’intérêt, mais le jour où j’ai atteint l’orgasme, je vous jure que je demandais de faire l’amour presque tous les jours ! »

Une pudeur périlleuse

L’orgasme ou ce plaisir sexuel culminant n’a toutefois pas toujours été facile à atteindre pour les femmes. C’est peut-être parce qu’on ne sait pas dans la plupart des cas, de quoi il s’agit. Dans des familles comme dans beaucoup de couples, il s’observe une sorte de pudeur exagérée telle que discuter clairement des questions sexuelles est presqu’interdit. Surtout les sujets ayant trait à l’orgasme féminin ne devraient pas être mis de côté. Ils méritent un dialogue franc et ouvert.

Beaucoup de femmes interrogées m’ont avoué avoir de gros problèmes de couple parce qu’elles n’étaient pas sexuellement satisfaites. Certaines ne voyaient plus aucune « virilité ou masculinité en leurs hommes » et d’autres ne les considéraient que comme de gros « égoïstes ». Sans le savoir, l’amour, le respect et la considération de leurs conjointes s’en trouvaient affectés. Ainsi certaines se rabattaient vers la masturbation ou l’infidélité. « Pour tenter de voir si c’est pareil avec tous les hommes. » Et d’autres se résignent à juste rester malheureuses.

« Je me sentais insatisfaite »

Mifi est mariée depuis 10 ans, et durant tout ce temps elle ne savait pas comment jouir pendant l’acte sexuel. Elle s’est décidée de suivre la voie de l’autosatisfaction comme recours. « Robert m’a épousée à l’âge de 22 ans. J’étais encore jeune et vierge. Ma tante maternelle m’avait interdit de traiter de toute question liée au sexe. Elle me disait que c’est mon mari qui devait tout m’apprendre. On faisait tout au lit mais personnellement je me sentais insatisfaite et il n’y avait pas moyen de revendiquer par peur de choquer mon mari », explique-t-elle.

« Un matin on faisait l’amour, et comme toujours il a joui en premier et m’avait laissé seule au lit. Prise de colère et d’excitation persistante, je ne savais pas comment assouvir ma soif. Subitement ne sachant pas me retenir, je me suis mise à me masturber. La pratique devenue une habitude me sert depuis 9 ans d’alternative contre l’insatisfaction ! ». Mifi explique que la masturbation l’a certes souvent aidée à assouvir seule ses désirs mais a fragilisé l’affection envers son conjoint. « Je n’ai plus envie qu’on fasse l’amour mon époux et moi, car je sais toujours d’avance comment cela va se terminer ! », témoigne-t-elle.

Certains hommes sont-ils simplement égoïstes ?

Feza elle, habite Goma et est âgée de 33 ans, mère de trois enfants. Elle est divorcée depuis une année, après avoir été surprise dans l’infidélité. Tout en regrettant son foyer perdu, elle attribue une grande part de responsabilité à son mari, qui selon elle ne s’inquiétait jamais de son manque de satisfaction sexuelle. « Je reste convaincue que Fiston (son ex-époux, nom d’emprunt) ne sait même rien de l’orgasme féminin et de son importance. Ce qui le préoccupait, c’était seulement son plaisir à lui. Il avait beaucoup de moyens financiers pour me rendre heureuse mais pour moi cela ne suffisait pas. J’entendais mes collègues de service commenter leurs expériences à propos de l’orgasme et je sentais que je manquais une chose très importante. Je me suis sentie obligée de trouver quelqu’un d’autre pour me satisfaire », se souvient Feza. Aujourd’hui, elle ne regrette pas son divorce et continue d’entretenir sa relation avec « un autre homme soucieux », selon elle, de son bien-être sexuel.

Actuellement, elle se dit sexuellement épanouie et heureuse dans sa nouvelle relation. « Je n’ai jamais connu pareil épanouissement ! » exulte-t-elle. Mifi citée plus haut, ajoute : « Le sexe n’est pas une partie de tirs au but dans un match de football ou seul un camp devrait tirer satisfaction. Il faut que les hommes apprennent aussi à nous servir pendant les rapports sexuels ».

Alors chers messieurs, prenez votre courage à deux mains et faites le premier pas, demandez à votre conjointe : que faire pour te faire atteindre le septième ciel mon amour ? Les réponses vous surprendraient, et vous éviteriez surement de grosses tempêtes à votre couple !

Lire l’article ici : L’orgasme féminin : les femmes congolaises en parlent https://habarirdc.net/orgasme-feminin-mari-insatisfaction-sexuelle-divorce-infidelite/

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