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Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa, nouveau président de l’ANC

PAR H. Le. (Avec AFP)

Il était déjà le favori de Nelson Mandela pour lui succéder. Finalement, il aura dû attendre près de 20 ans afin de décrocher la présidence de l’ANC et de pouvoir lorgner vers la présidence sud-africaine.

Il a été syndicaliste, dauphin pressenti de Nelson Mandela, homme d’affaires à succès. A 65 ans, le vice-président sud-africain Cyril Ramaphosa décroche son étoile et accède à la tête du parti du Congrès national africain (ANC), tremplin pour la présidence de la nation « arc-en-ciel ».

Au terme d’une campagne tendue, il s’est présenté devant les militants de l’ANC en favori pour succéder à la tête du parti au pouvoir à Jacob Zuma, face à l’ex-épouse du chef de l’Etat Nkosazana Dlamini Zuma.

Militant de la première heure

Sa victoire est une consécration pour cet enfant de Soweto, militant de la première heure de la lutte contre le régime de l’apartheid. Et une revanche. En 1999 déjà, Cyril Ramaphosa avait cru pouvoir décrocher son Graal. Considéré comme le « fils préféré » de l’icône Mandela, il s’était déjà présenté à la présidence de l’ANC. Mais les caciques du parti lui avaient finalement préféré Thabo Mbeki.

Déçu, il avait renoncé pour se consacrer aux affaires. Mais après avoir amassé une fortune de près de 378 millions d’euros, selon le classement 2015 du magazine américain « Forbes », M. Ramaphosa est vite revenu en politique en se faisant élire, en 2012, vice-président de l’ANC.

En 2017, dans sa course à la direction de l’ANC, face à une concurrente au patronyme éclaboussé par les scandales reprochés à son ex-époux, Cyril Ramaphosa a axé sa campagne sur l’éthique et la morale, en multipliant les attaques au vitriol contre le chef de l’Etat.

 « Complice »

« Il est absolument impératif d’agir vite et fort pour faire en sorte que nous ne devenions jamais un Etat-mafia », déclare-t-il en mai. Un peu facile, jugent ses adversaires, qui lui reprochent d’avoir découvert bien tard les turpitudes présumées de son « patron ».

« Depuis qu’il est devenu le numéro 2 de Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa a été au mieux silencieux, au pire son complice », l’a étrillé le chef de l’opposition Mmusi Maimane. Qu’importent les critiques. Dans un parti en crise, le vice-président était persuadé – à raison visiblement – que son heure a enfin sonné.

Né le 17 novembre 1952 à Soweto, Cyril Ramaphosa s’est illustré dans le militantisme étudiant dans les années 1970. Arrêté en 1974, il passe onze mois à l’isolement en cellule. Diplômé en droit, il se tourne vers le syndicalisme – forme légale de protestation contre le régime de l’apartheid – et fonde en 1982 le Syndicat national des mineurs (NUM).

Sous ses ordres, l’organisation devient une machine de guerre qui réunit 300.000 membres. Son implication dans la grande grève du secteur en 1987, qui fait vaciller le régime de l’apartheid, lui vaut d’être remarqué par les dirigeants de l’ANC.

Le « chouchou » de Mandela

Et quand Nelson Mandela sort de prison, en 1990, il fait du syndicaliste un de ceux qui vont négocier la transition politique avec le pouvoir blanc. Cyril Ramaphosa figure parmi « les plus doués de la nouvelle génération », dit de lui « Madiba » dans ses mémoires.

Après les premières élections démocratiques, en 1994, il devient président de l’Assemblée constituante. Négociateur redoutable, c’est lui qui dirige la rédaction de la Constitution sud-africaine.

Après son échec pour succéder à Nelson Mandela à la tête de l’ANC en 1999, le socialiste autoproclamé Ramaphosa coupe les ponts avec l’ANC pour se lancer dans les affaires. A la tête de la holding Shanduka, il fait fortune en siégeant aux conseils d’administration de la Standard Bank, en présidant celui de l’opérateur de téléphonie MTN ou en rachetant toutes les licences des restaurants McDonald’s du pays.

Mais son divorce avec la politique n’est que de courte durée. « C’est la politique qui fait battre son cœur. Ses affaires étaient un moyen, pas une fin en soi », explique son ancien partenaire Michael Spicer au journaliste Ray Hartley, auteur de la biographie « Ramaphosa, l’homme qui voudrait être roi ».

Vice-président de l’ANC en 2012, vice-président du pays depuis 2014, Cyril Ramaphosa est de retour, ambitieux comme jamais. Pour parvenir à ses fins, il a pu compter sur son image modérée et son passé de « héros » de la lutte anti-apartheid pour séduire les classes moyennes et les investisseurs.

Son passage dans le monde des affaires lui vaut parfois de vives critiques. En 2012, alors administrateur du groupe minier Lonmin, l’ex-syndicaliste demande à la police de rétablir l’ordre à Marikana (nord), où des mineurs réclament de meilleurs salaires. La police ouvre le feu sur les grévistes, faisant 34 morts.

Cyril Ramaphosa est blanchi par une commission d’enquête mais ce massacre continue à lui être reproché par ses adversaires. Ni cette affaire, ni de récentes accusations d’adultère rapidement balayées ne l’empêchent toutefois de continuer sa course.

Il lui reste désormais à convaincre les militants de l’ANC, divisés entre pro et anti-Zuma, qu’il est l’homme capable de redorer le blason du parti avant les élections générales de 2019 et, en cas de victoire, de réaliser les promesses de la nation « arc-en-ciel ».

« La transformation radicale de notre économie (au profit de la majorité noire) est une priorité nationale », affirme-t-il, « nous devons construire une société plus égalitaire ».

  1. Le. (Avec AFP)

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