C’est un Comité Laïc de Coordination requinqué par une deuxième nuit des cloches dans les églises accompagnée d’un concert des casseroles, sifflets et autres vuvuzelas dans la population qui en remet une couche. Une grande marche pacifique étant prévue le dimanche 31 décembre, dernier jour de l’année 2017 était censé vois les élections tenues.
Face à la non réponse du régime aux demandes exprimées en début du mois, le CLC dans son message du 17 décembre 2017 en appelait « au peuple de se lever pour marcher dans la capitale, en province ou à l’étranger afin de libérer l’avenir et faire de la RDC une terre de paix, de dignité, d’hospitalité et de progrès pour tous. Ce dimanche 31 décembre 2017, mains dans la main, nous marcherons pour sauver le Congo notre patrimoine commun, dans le respect sacré des personnes et des biens ».
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Pour rappel, les laïcs catholiques étaient sortis de leur silence le samedi 2 décembre 2017 lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa pour exprimer leur « désappointement » face à la tournure de la situation socio-politique dans le pays. Ainsi, à la suite de leurs Evêques qui avaient trouvé en juin 2017 que le « Pays va mal », les laïcs chrétiens avaient dit que « le seuil du tolérable est dépassé. Le peuple est désemparé » ; pour cela il devra se lever.
Et ce fut le départ de leur cri en direction du président de la République Joseph Kabila pour qu’au 15 décembre 2017, il s’engage par « une déclaration publique qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession ». Et comme d’habitude en forme de réponse, ce fut le mutisme total relayé par certaines voix vindicatives au sein de la MP par des attaques contre les Evêques en particulier et l’église catholique en général.
Par leur déclaration, les Laïcs chrétiens affirmaient « leur ferme volonté de soutenir le processus de mise en œuvre de l’Accord politique global de la Saint-Sylvestre obtenu sous la médiation des Evêques de la CENCO en décembre 2016. Mais également en appelait à la stricte application des mesures de décrispation prévue dans ledit Accord, notamment la libération des prisonniers politiques, la fin de l‘exil des certains opposants menacés d’arrestation dès leur retour au pays, la fin du dédoublement des partis politiques, la libéralisation des espaces médiatiques et particulièrement de la RTNC, la réouverture des médias injustement fermés, la restructuration de la CENI afin de recréer la confiance entre l’électorat et l’institution organisatrice des élections, l’utilisation du calendrier récemment proposé par la CENI comme outil de travail pour l’élaboration d’un calendrier consensuel… ».
Les nuits de cloches et de concert des casseroles
Pour concrétiser leur engagement, les Laïcs, les abbés et les évêques en avaient choisi pour des manifestations pacifiques à travers Kinshasa et dans le reste du pays. Ils en appelaient à sonner pendant 15 minutes à partir de jeudi 14 décembre 2017, soit de 21h00’ à 21h15’ toutes les cloches des églises qui devraient être accompagner du bruit de la population partout où elle se trouve avec casseroles, sifflets et vuvuzela pour entendre sa désapprobation au pouvoir et réclamer une avancée dans le processus.
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Après une première nuit au résultat mitigé le 14 décembre 2017 car diversement suivie, c’est une seconde nuit des cloches presque totalement réussie dans Kinshasa qui a été vécue le jeudi 21 décembre 2017. Aux cloches dans les églises ont répondu les bruits de la cité même dans certains quartiers qui étaient pourtant demeurés silencieux la semaine dernière.
Il faut dire que cette deuxième nuit des cloches avait été précédé dans la journée d’une conférence de presse de Lambert Mende, le ministre de la Communication qui trouvait irrationnelle l’opération de l’église catholique visant à sonner ses cloches chaque jeudi le soir pour exiger le respect de l’Accord du 31 décembre 2016 : « Là, je pense qu’il y a beaucoup d’irrationalité dans la mesure où ce qu’ils demandent est en train de se faire. Nous avons un calendrier électoral qui prévoit des élections à la date qui a été convenue par tout le monde puisqu’on devait les avoir à la fin de cette année, sauf en cas de force majeure. Sous leur médiation, on a demandé que les trois institutions se concertent, la CENI, le CNSA et le gouvernement et ces institutions se sont concertées (…) et voilà que des Congolais se lèvent pour dire quoi ? Vous voulez enfoncer une porte qui est ouverte ? C’est un peu d’irrationalité, d’impatience qui ne s’explique pas. C’est une façon pour eux d’attirer une attention sur eux ».
Pour le « chrétien » Mende connu dans sa « rationalité », il a été plus que claire en des termes menaçants à peine voilés au nom du gouvernement : « S’ils veulent faire sonner des cloches à 21 heures, libre à eux. Encore que la police ait dit que c’est du tapage nocturne et c’est une infraction. La police peut prendre des dispositions en ce qui concerne le tapage nocturne. Nous sommes en démocratie. Pourquoi vous voulez que j’aie des points de vue sur les points de vue de l’église ? C’est des Congolais. Moi aussi j’ai des points de vue sur lesquels l’église ne peut pas apporter de jugement. Mais je trouve ça un peu excessif, irrationnel ». Malheureusement, cela n’aura eu aucun effet car les cloches ont tout même sonné en attendant le jeudi 28 décembre prochain pour la dernière de l’année 2017.
Pour terminer, l’on se souviendra que c’est le même Comité Laïc de Coordination piloté par feu François Kandolo et Pierre Lumbi Okongo redevenu opposant comme président du Comité National de Suivi de l’Accord (CNSA) qui fut à l’initiative de deux grandes « Marches de l’Espoir » organisées dans les rues de Kinshasa les 16 février et 1er mars 1992 en vue d’obtenir la réouverture des travaux de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) suspendue arbitrairement par feu l’ancien premier ministre Jean De Dieu Nguz Karl i Bond.