C’est dans la nuit du 24 au 25 décembre 2017 et dans l’indifférence totale de la population que Joseph Kabila procédait à la promulgation de la « nouvelle loi électorale », mais aussi au passage du budget 2018. Pendant ce temps-là, sa résidence de Musienene dans la région de Beni en province du Nord-Kivu se consumait suite à un incendie criminel après avoir été pillée par des assaillants non autrement identifiés ; mais qu’on présenterait comme des miliciens Maï-Maï.
C’est depuis Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga où il séjournait pour l’inauguration du siège modernisé de la Gécamines depuis vendredi 22 décembre 2017 que le chef de l’Etat a officialisé la loi N°17/013 du 24 décembre 2017 modifiant et complétant la loi N°06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales. Cette loi « contestée » par l’opposition comme au sein de « sa propre » majorité, permettra l’organisation des scrutins prévus le 23 décembre 2018 s’ils auront lieu.
Cette promulgation qui consacre « le fameux glissement » tant redouté s’est faite avec une dizaine des jours de retard sur le calendrier officiel fixé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), organisatrice des futures élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines et locales ; qui la voyait intervenir à la mi-décembre au plus tard. Et le tout en contradiction avec l’Accord politique global de la Saint Sylvestre 2016 entre l’opposition et la majorité sous la médiation de la CENCO qui fixait les élections fin 2017.
L’on se souviendra dans quelles conditions l’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté cette nouvelle loi : douleur et polémique jusque dans les rangs de la majorité. Autre disposition rejetée par l’opposition comme la majorité reste cette introduction d’une « machine à voter électronique », en réalité considérée comme « une machine à tricher ». Mais aussi et surtout le seuil de représentativité – avec cette obligation d’obtenir 1% des voix au niveau national pour décrocher un siège à l’Assemblée nationale, qui exclut de facto les candidats indépendants qui ne se présenteront que dans une circonscription – et le montant de la caution à déposer par les candidats aux scrutins. La finalité ce que « beaucoup des partis politiques tiroirs » dixit Aubin Minaku (Président du parlement et SG de la Majorité Présidentielle) risquent de disparaitre pour consacrer l’hégémonie du PPRD, le parti présidentiel.
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Pour rappel, selon le calendrier électoral de la CENI publié aussi dans la précipitation dans la nuit du 5 novembre 2017 ; la séquence des scrutins devra se tenir le 23 décembre 2018… avec des « contraintes » techniques et financiers qui risquent de prolonger encore les choses. Inaccepté et rejeté par l’opposition radicale et la Société civile congolaise, l’Eglise catholique en tête ; ce calendrier a été accepté du « bout des lèvres » par la communauté internationale, à condition qu’il soit « scrupuleusement respecté » pour la fin d’année 2018.
Du nouveau budget national
C’est une loi de finances 2018 en net recul par rapport au dernier exercice sous Matata Ponyo. Le budget 2018 dont les discussions entamées sous le gouvernement Badibanga a été terminé par celui de Bruno Tshibala pour environ cinq milliards de dollars. Une somme ridicule et dérisoire au regard de l’immensité du pays et ses ressources naturelles dont les bénéfices détournés enrichissent plus certains individus et courtisans du régime. C’est ce qu’ont démontré tous les derniers rapports des ONG nationaux comme internationaux qui dénoncent la corruption endémique qui gangrène le pouvoir depuis des années.