Si en fin d’année 2016 dernière les vœux présidentiels n’avaient pas eu lieu pour cause de maladie du chef de l’Etat alors qu’il se trouvait à Lubumbashi dans le Katanga, c’est un Joseph Kabila ragaillardi qui s’est adressé à « son peuple » cette fin d’année 2017 depuis la même ville. Le hic ce que le message présidentiel diffusé sur la chaîne nationale la RTNC et celles proches du pouvoir au soir du 31 décembre 2017 intervient au terme d’une journée sanglante : 8 morts, près d’une centaine d’arrestations et des nombreux blessés à l’issu de la marche pacifique organisée par les Laïcs chrétiens catholiques mais interdite par le régime.
Alors que l’occasion ne s’y prêtait pas au discours solennel mais plutôt à un moment de recueillement, le message du chef de l’Etat est venu brouiller toutes les cartes comme si de rien ne s’était passé dans la journée. Sans aucune compassion ni aucun mot pour les « morts » tombés en martyrs la journée, Kabila a par contre rendu un hommage appuyé à ses « forces » de l’ordre et de sécurité qui disait-il « dans leur mission patriotique, ont permis au pays de jouir d’une stabilité appréciable ».
Ce qu’il a le plus préoccupé fut son pouvoir et les futures élections pour lesquelles il ne s’est toujours pas prononcé s’il est candidat ou non alors que la Constitution le lui interdit un troisième mandat : « Au seuil de l’an 2018, j’ai l’agréable opportunité d’exprimer ma gratitude à chacune et à chacun de vous pour le précieux soutien manifesté tout au long de l’année qui s’achève aux institutions de la République dans l’accomplissement de leur mission constitutionnelle » souligne-t-il.
La manifestation appelée par le Comité Laïc de Coordination (CLC) des chrétiens catholiques ne réclamait que le respect et la mise en œuvre concrète de l’Accord politique global et intégral de la Saint Sylvestre 2016 signé par pouvoir comme opposition sous l’égide de la CENCO, mais surtout la garantie que les élections soient organisées en fin d’année 2018 ; Kabila y répond avec aplomb : « L’année qui s’achève a aussi été celle de la mise en œuvre du consensus politique obtenu au terme de l’accord du 31 décembre 2016 en vue de l’organisation d’un nouveau cycle électoral dans notre pays. Outre la formation convenue d’un gouvernement d’union nationale le mois de mars dernier et par la suite la mise en place du Conseil National de suivi de l’accord et du processus électoral. Je voudrais saluer le travail de titan abattu par la Commission électorale nationale indépendante dans la révision du fichier électoral. L’adoption et la promulgation de la loi électorale aujourd’hui acquises, l’établissement des listes électorales, la répartition des sièges et la convocation des scrutins qui s’en suivront, conforment au calendrier électoral publié par la CENI, nous conduisent de manière irréversible vers l’organisation des élections ».
Soulignant ce qu’il pense « être le caractère irréversible du processus électoral en cours », Kabila a vite retrouver son faux reflexe « nationaliste » en appelant le peuple congolais dans son ensemble à se l’approprier : « Ce processus relevant de la souveraineté nationale et son financement étant totalement pris en charge par le gouvernement de la République, je vous invite à vous en approprier et à assumer ainsi, à travers cet acte, l’exercice de votre droit à l’autodétermination. J’en appelle à cet effet à la vigilance de tous et à l’engagement de chacun afin de barrer la route à tous ceux qui, sans y croire, s’étant servis du prétexte des élections depuis quelques années, seraient tentés aujourd’hui de recourir à la violence pour interrompre le processus démocratique en cours et plonger le pays dans l’inconnu ».
Il a par contre évité d’aborder les questions cruciales liées à l’organisation desdites élections à savoir la réforme de la CENI [Commission électorale nationale indépendante], la décrispation politique et l’épineuse question du financement des élections pour lequel le gouvernement est censé présenter un plan de décaissement des ressources en faveur de la CENI d’environ 72 millions USD par mois. Et de tout ça, rien !
De la violence, parlons-en
La violence contre laquelle on appelle « au secours » le peuple de rester vigilant pour barrer la route à tous ceux qui veulent amener le pays dans la voie dans le chaos, c’est celle que vit ce même pays depuis plus de 20 ans sans que personne ne l’assume. La répression et les morts du 31 décembre 2017, qui devra les assumer demain ? Il ne suffira pas simplement de le constater, mais passer à l’action par des sanctions encore plus dures à l’endroit des initiateurs que des exécutants sans oublier la justice internationale de la CPI si elle impartiale.
Plus de 8 millions des morts à l’Est du pays depuis 20 ans, des milliers de morts dans le grand Kasaï sans oublier ses plus de 4 millions de déplacés, deux experts civils des Nations unies assassinés, dix-sept casques bleus tanzaniens tués et, aujourd’hui, des meurtres de paroissiens jusque dans les églises, … Ne rien faire sera donner un quitus au régime qu’il peut tout se permettre dans sa violence, pourvu que cela lui permette de se maintenir contre la volonté populaire.
Le secours du ciel
Faute de compassion, c’est le ciel qui a déversé de ses larmes sur les morts de Kinshasa en invitant dame la pluie au rendez-vous de la nuit du 31 décembre 2017.
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