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RDC : Divorce consommé entre l’Eglise catholique et le régime à Kinshasa !

« Je t’aime, moi non plus », c’est ce qui peut être dit de l’état actuel de l’entente-mésentente entre l’Eglise catholique du Congo et le régime en place dirigé par Joseph Kabila. Il ne se passe plus un jour sans qu’une friction ne vienne envenimer les relations déjà tendues entre les deux parties. La dernière en date étant la manifestation des chrétiens catholiques réprimée dans le sang par les forces de sécurité du pays sans compter la « profanation » des lieux de cultes par les mêmes forces.

Le divorce est-il ainsi consommé entre l’Eglise et le régime ? C’est le moins que l’on puisse dire au vu de la réplique musclée de Lambert Mende Omalanga aux derniers propos des chefs de l’Eglise après la marche initiée par le Comité Laïc de Coordination (CLC). Si la condamnation a été presque feutrée à l’extérieure du pays en attendant d’établir les responsabilités, c’est de l’intérieur qu’elle aura été vigoureuse et les mots n’ont pas été légers, notamment ceux de l’Archevêque Métropolitain de Kinshasa et primat du pays, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya.

Dans sa communication du 2 janvier 2018, le cardinal s’interrogeait sur « le comment ferons-nous confiance à des dirigeants incapables de protéger la population, de garantir la paix, la justice, l’amour du peuple ?  Comment ferons-nous confiance à des dirigeants qui bafouent la liberté religieuse du peuple, liberté religieuse qui est le fondement de toutes les libertés (cf. Benoît XVI, Liberté religieuse, chemin vers la paix » avant d’assener « …, il est temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique, que les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RDC ».

Mgr Monsengwo stigmatisait également le comportement des forces de l’ordre et de sécurité qui se sont montrées en dépouillant de leurs maigres biens et violentant gratuitement les manifestants : « Nous ne pouvons que dénoncer, condamner et stigmatiser les agissements de nos prétendus vaillants hommes en uniforme qui traduisent malheureusement, et ni plus ni moins, la barbarie… ».

Lire aussi : Laurent Monsengwo Pasinya : La Deuxième colère d’un Archevêque ! https://www.afriwave.com/?p=6649

Ces propos de l’homme d’Eglise n’ont pas plus du tout au régime qui a répliqué ce mercredi 3 janvier 2018 par son porte-parole qui a trouvé « excessifs » les propos du Cardinal : « Le paradoxe du communiqué de l’archevêque de Kinshasa suscite plus d’inquiétude et clarifie la position d’une frange de clergés qui semble avoir choisi de se ranger derrière quelques politiciens obstinés dans leur rêve de prendre le pouvoir politique par d’autres voies que celle des urnes. La terrible confession sans doute involontaire de son Eminence Monseigneur le Cardinal qui dénonce l’instrumentalisation de la liberté religieuse pour masquer les intérêts occultes (…) doublée d’insultes et autres mots inutilement excessifs dans de discours d’une personnalité de son rang ».

Et Mende de poursuivre en accusant le cardinal Monsengwo « d’insulter les autorités démocratiquement élues et les forces de l’ordre » : « En même temps que l’archevêque de Kinshasa réclame avec raison un Congo des valeurs et non des antivaleurs tout en demandant aux uns et aux autres de faire preuve de sagesse et de retenue, se fait subitement apôtre des insultes et autres noms d’oiseaux dont il gratifie certains de ses compatriotes en l’espèce des dirigeants démocratiquement élus de ce pays. Il se permet de traiter de menteurs, d’incapables, de fossoyeurs nos forces de l’ordre grâce aux sacrifices desquelles il peut encore plus régler paisiblement son ministère ».

La sortie médiatique de Mende intervient après celle « pathétique que méprisable » attribuée à l’ambassadeur Henri Mova, SG du parti présidentiel, le PPRD ; sur la répression de la manifestation du 31 décembre 2017 et ses morts : « Ils sont très astucieux : ils ont détourné l’attention de tout le monde sur des morts supposés. On ne parle plus de l’échec de la fameuse insurrection. Ils se sont tous réunis : la CENCO, le Rassop, les Mouvements citoyens, la Société civile, la Communauté internationale, la Radio Okapi, l’Union européenne, les médias internationaux, malgré cette association de malfaiteurs et de malfaisants, c’est échec et mat ! ».

Avant de poursuivre : « Ils croyaient reproduire le succès de la marche des chrétiens du 16 février 1992, ils ont essuyé un retentissant fiasco. Alors que Kinshasa compte environ 14 millions d’habitants, malgré les moyens modernes de communication et nonobstant l’argent venu de l’extérieur, le peuple n’a pas suivi les aventuriers. Les organisateurs eux-mêmes étaient aux abonnés absents. Aucun n’a osé faire même deux mètres de marche. Ils se sont photographiés marchant vers leurs voitures pour rentrer à la maison. Même France 24 s’est fourvoyé en prétendant qu’à la cathédrale, il y avait eu marche en montrant la procession des prêtres qui entraient dans l’église pour célébrer la messe. Devant autant d’amateurisme, France 24 a été obligé de faire un reportage sur la marche sur la communauté congolaise de Paris ! Étonnant. Montrez-nous les images des foules que vous auriez mobilisées ! ».

POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET MEDIAS
KINSHASA, 03 JANVIER 2018

En ce début de l’an 2018, j’aimerais adresser mes vœux de bonheur, de succès et de prospérité à votre corporation, à chacun d’entre vous et à vos familles respectives. Mes vœux auraient sans doute été beaucoup plus enthousiastes si l’année 2017 s’était terminée en beauté, sans que des extrémistes radicalisés n’aient décidé d’instrumentaliser le laborieux processus électoral en cours pour pourrir la vie à la nation au profit de leurs ambitions petites – bourgeoises titillées par des réseaux d’influence étrangers nostalgiques d’un passé révolu.

En effet, un fantomatique ‘’Comité Laïc de Coordination’’ sans domicile fixe comme en témoigne sa lettre du 27 décembre 2017 au gouverneur de la ville de Kinshasa s’est invité sur la scène politique pour faire la récupération d’une mobilisation lancée par des extrémistes de l’opposition qui promettaient à qui voulait les entendre l’apocalypse au 31 décembre 2017 au moment où les Congolais se préparaient aux festivités de la Saint Sylvestre qui ont toujours été un moment de convivialité familiale et sociale.

Face à la maturité du peuple congolais et à la vigilance de nos forces de sécurité, la manœuvre s’est terminée en eau de boudin non sans quelques incidents ici et là sur lesquels la Police Nationale s’est assez clairement expliquée hier dans le style sobre qui est le sien.

Au regard du bilan de ces événements que nous avons tous vécus, le Gouvernement tient à féliciter les forces de police et de sécurité qui, sur l’ensemble du territoire national, ont respecté le mot d’ordre de rigueur, de fermeté et de conformité au droit international humanitaire dans la gestion desdits événements.

Le Gouvernement note également avec satisfaction la responsabilité du peuple congolais qui a perdu cette crédulité sur laquelle les agitateurs comptaient pour déstabiliser notre pays au mieux d’intérêts qui sont loin d’être nôtres.

Car que nous dit à ce sujet le rapport de la Police ? Que sur la cinquantaine de diocèses de la RDC, seuls 2, Kinshasa et Kamina ont répondu aux appels à la provocation de désordres lancés par des membres du clergé extrémistes dissimulés derrière le fameux Comité Laïc de Coordination. Dans les détails, dans l’Archidiocèse de Kinshasa, une dizaine de paroisses sur 132, et dans le diocèse de Kamina une paroisse sur plusieurs dizaines.

En ce qui concerne le bilan humain, toujours selon la Police Nationale Congolaise, 5 cas de décès par mort violente sont rapportés en date du 31 décembre à Kinshasa et Kananga respectivement ; des cas qui n’ont aucun lien de causalité avec les marches anarchiques projetées par le Comité Laïc de Coordination et auxquelles les autorités locales s’étaient opposées pour des raisons valables.

Certes il y a eu 88 fauteurs de troubles appréhendés (77 à Kinshasa et 11 à Kamina). Cependant, ils ont tous été élargis après interrogatoires dans divers postes de police.

Les rêves du grand soir ou de l’hécatombe caressés par les initiateurs de ces désordres programmés se sont donc écroulés comme un château de cartes.

Je voudrais au nom du Gouvernement réitérer l’appel à témoin lancé par la Police à quiconque détiendrait d’autres informations relativement au bilan de ces événements de les mettre à la disposition des enquêteurs.

C’est en tout cas ce que nous attendions des autorités des diocèses de Kinshasa et de Kamina. Mais curieusement, c’est une déclaration politique d’une rare violence qui a été faite par le Cardinal-Archevêque de Kinshasa.

On trouve un peu de tout dans cette déclaration de l’autorité diocésaine de Kinshasa sauf des faits infirmant le rapport présenté par la Police Nationale. Le paradoxe qui traverse de part en part son communiqué suscite plus d’inquiétudes qu’il ne clarifie la position d’une frange du clergé qui semble avoir délibérément choisi de se ranger derrière quelques politiciens obstinés dans leur rêve de prendre le pouvoir politique par d’autres voies que celles des urnes, réfutant ainsi les règles communes du jeu politique.La terrible confession sans doute involontaire du Cardinal qui dénonce lui-même « l’instrumentalisation de la liberté religieuse pour masquer des intérêts occultes » est symptomatique de cette espèce d’auto-projection caractéristique de ce communiqué au vitriol doublé d’insultes et autres mots inutilement excessifs dans le discours d’une personnalité de son rang et de son niveau.

En effet, en même temps que l’Archevêque de Kinshasa réclame avec raison « un Congo des valeurs et non des antivaleurs », tout en « demandant aux uns et aux autres de faire preuve de sagesse et de retenue », celui que l’on a connu autrement plus pondéré se fait subitement l’apôtre des insultes et autres noms d’oiseaux dont il gratifie certains de ses compatriotes, en l’espèce des dirigeants démocratiquement élus de ce pays qu’il traite de « menteurs, d’incapables, de fossoyeurs des libertés » et j’en passe, sans oublier nos forces de l’ordre grâce au sacrifice desquelles il peut accomplir paisiblement son ministère, qualifiées de « prétendus vaillants hommes en uniforme ». Une insulte que nos forces de défense et de sécurité ne méritent pas, loin s’en faut.

Alors qu’en pasteur le Cardinal invoque une paix durable pour la RDC, par une attitude de mépris et de rejet, il incite en même temps les Congolais à la haine et à la confrontation en les opposants les uns aux autres par un discours belliqueux aux accents de combattant puisqu’il endosse volontiers le statut de croisé avec le vocabulaire des révolutionnaires des printemps arabes :  » que les médiocres (sic!) dégagent », expression de l’intention larvée de livrer ainsi quelques dirigeants à la vindicte populaire. Ce n’est certainement pas la meilleure manière de pacifier les esprits.

Toute cette violence verbale gratuite susceptible d’alimenter ‘’le climat de peur, d’énervement et d’incertitudes’’ que déplore à bon escient le Cardinal lui-même est la résultante d’une incitation à la désobéissance civile à l’interdiction expresse motivée de ces marches non coordonnées par les autorités municipales qui les ont jugée inopportunes puisque, entre autres, la raison justificative desdites manifestations à savoir, l’exigence de l’application de l’accord de la Saint Sylvestre était sans objet dans la mesure où l’application dudit accord est en pleine phase de maturité, sauf pour les pêcheurs en eaux troubles.

Dès lors, comment justifier que l’accord du 31 décembre 2016 qui a clairement balisé le chemin pour des élections apaisées et dont le calendrier est aujourd’hui connu de tous, en plus de l’actualisation du fichier électoral et de la mise en place d’un Gouvernement d’union, sans oublier la désignation d’un Comité de suivi dudit accord, serve encore de prétexte pour troubler l’ordre public?
C’est l’occasion de rappeler par ailleurs que l’Etat de droit auquel se réfère le prélat catholique dans son communiqué favorise certes les droits et les libertés, mais n’exonère point les uns et les autres de leurs responsabilités.

Le Cardinal aurait été plus inspiré de reconnaître, contrairement à son affirmation, que le malaise socio-politique qui traverse notre pays n’a pas pour origine une prétendue inapplication de l’accord de la Saint Sylvestre, mais plutôt, encore une fois, cette obstination politique systématique de certains derrière lesquels il semble avoir choisi de s’aligner pour des raisons mieux connues de lui-même et dont nous savons qu’ils sont téléguidés par des groupes d’intérêts sans amour du peuple congolais et en quête permanente d’alibis pour discréditer et renverser les institutions étatiques congolaises dans le but de « ramasser » le pouvoir par tous les moyens, de préférence non démocratiques.

C’est injuste de la part du Cardinal de méconnaitre le professionnalisme de nos forces de l’ordre qui n’ont causé aucune perte en vies humaines parmi la poignée de fidèles qui ont essayé de manifester violemment avec des insignes religieux à Kinshasa ou ceux d’un parti politique radicalisé à Kamina. Quant aux terroristes et pillards qui ont à leur manière voulu instrumentaliser le flou que tentait de créer le Comité Laïc de Coordination, c’est grâce à la bravoure de nos vaillants hommes en uniforme qu’ils n’ont pas pu semer plus de désolation en ce jour fatidique du 31 décembre 2017. Leur sort mérité n’est pas à plaindre comme l’est celui du policier Mafufu Athanase, abattu au cours de l’attaque du Commissariat Communal de Masina par une cellule de terroristes Kamwina Nsapu et sur le sort duquel son Eminence garde un silence assourdissant.

Il est regrettable que le Cardinal soit descendu dans les caniveaux en traitant ses adversaires politiques de ‘’dirigeants médiocres’’. De lui, on aurait attendu des épithètes plus policés.

Au sujet de cette accusation grossière de ‘’médiocrité’’, le Gouvernement réaffirme qu’il n’a pas à rougir du bilan de ces deux dernières législatures qui est globalement satisfaisant, sauf si l’archidiocèse de Kinshasa peut citer un seul domaine dans lequel le pays a régressé ces quinze dernières années.

En ce qui concerne le ‘’dégagisme’’ auquel il paraît si attaché, le Gouvernement rappelle que les pays arabes dans lesquels il a été expérimenté ne se portent pas mieux. Il n’y a qu’à voir l’état actuel de la Lybie qui y a perdu jusqu’à son existence et celui de l’Egypte qui, en y renonçant, est en pleine renaissance.

L’échec de la coalition de toutes les forces de l’opposition radicale au grand complet au cours de la mobilisation pour les marches projetées le 31 décembre 2017 permet au Gouvernement de prendre au sérieux la force tranquille de la majorité silencieuse des Congolais qui ont refusé de souscrire au schéma insurrectionnel.

Le Gouvernement ose espérer que l’Eglise Catholique avec laquelle il vient de signer un Accord-Cadre sur des matières d’intérêt commun aura la force de rompre avec sa philosophie d’antan qui avait fait d’elle un auxiliaire zélé à la colonisation belge dans notre pays, en contribuant à l’élimination physique de tous ceux qui ont servi de repère identitaire à notre peuple, comme Kimpa Vita, Simon Kimbangu ou Patrice-Emery Lumumba.

On ne le dira jamais assez, aujourd’hui, le peuple congolais a plus besoin des pompiers que de pyromanes. Si nous voulons la paix, si nous voulons la consolidation des acquis démocratiques et de l’Etat de droit, la meilleure manière d’y arriver est de pacifier les esprits en refusant d’attiser les violences ou d’ajouter de l’huile sur le feu. Tous les discours doivent converger vers un même objectif: convier les uns et les autres à se préparer pour les échéances électorales prévues au courant de cette année 2018 pour laquelle je vous réitère mes vœux les meilleurs.

Bonne année à chacun et à tous, plein succès dans vos projets individuels et collectifs.

Je vous remercie.

Lambert MENDE OMALANGA

Ministre de la Communication et Médias
Porte-parole du Gouvernement.

C’est un dossier à suivre…

Luaba Wa Ba Mabungi

 

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Rédaction

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