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RDC-Belgique : Les Elus et Mandataires belges d’origine congolaise pour « plus de fermeté » à l’égard de Kinshasa

Ils sont 23 élus et mandataires belges d’origine congolaise à avoir adresser et cosigner une lettre ainsi qu’un mémorandum à leur gouvernement ainsi que responsables politiques. Tous parti politiques confondus en Wallonie comme en Flandre, ils en appellent à plus de « fermeté et des sanctions fortes, immédiates et directes contre Joseph Kabila » ainsi qu’à l’égard du régime de Kinshasa après la répression sanglante par les forces de sécurité de la marche des chrétiens du dimanche 31 décembre 2016 dernier.

L’appel a été lancé aux membres du gouvernement ainsi qu’à tous les parlementaires particulièrement à ceux de la commission des Relations Extérieures qui auditionnent à huis clos demain ce 10 janvier 2018 Didier Reynders, le ministre des Affaires Etrangères au parlement fédéral à Bruxelles. Pour l’un des signataires et élu, en l’occurrence Samy Kayembe, Conseiller communal de la ville de Mons en Wallonie ; il s’agit « d’assumer son engagement pour les autres » alors que « le peuple congolais traverse en ce moment des moments difficiles ».

Dans leur lettre ouverte au gouvernement et aux présidents des partis démocratiques représentés au parlement ainsi que dans les conseils communaux et les services publics ; ces élus originaires de la RDC réclament « des sanctions plus fortes que par le passé à l’égard de Monsieur Joseph KABILA et du gouvernement congolais qui n’hésitent jamais à ordonner la tuerie de son peuple sans défense par des mercenaires ».

Ils rappellent en outre que « depuis janvier 2015, le peuple congolais se bat pour sauvegarder, dans son pays, une valeur essentielle de la culture démocratique, à savoir : l’impératif de l’alternance au pouvoir. Dans ce cheminement légitime, il se heurte à la violence indicible d’un pourvoir sanguinaire qu’impose par la terreur le régime de M. Kabila ».

Pour les élus et mandataires d’origine congolaise, « Ainsi demander la mise en œuvre d’un Accord piétiné et foulé aux pieds ou un nième dialogue avec Kabila, ne sert strictement à rien ». Raison de leur demande au travers de leur mémorandum et auprès de leurs « collègues démocrates » à se joindre à eux, « pour exiger de notre gouvernement, en plus de la position déjà adoptée, de faire preuve de plus de fermeté et d’innovation pour porter assistance au peuple congolais en danger dans sa noble lutte ».

Dans le mémorandum par contre et allant dans le sens de l’opposition politique et la Société civile du pays, les élus et mandataires belges soutiennent l’idée d’une « mise en place d’une transition sans Monsieur Joseph Kabila, pilotée par un collège composé de personnalités imminentes de la société civile et d’experts. Collège qui s’attèlera à la relance d’un processus électoral crédible, la stabilisation de l’État et, aussi surtout, à établir les bases de la consolidation de la démocratie, de l’État de droit et de la bonne gouvernance ».

Ces élus et mandataires rappellent également que Kabila « Etant la cause première de l’enlisement politique actuel », il ne devra plus être « considérer comme l’interlocuteur légal et crédible de la RDC ». Une raison de plus de « l’écarter de tout processus de résolution de la crise qu’il a délibérément engendrée en le contraignant à respecter enfin la Constitution et reconnaitre son inéligibilité aux futures élections ».

Enfin ces congolais d’origine engagés dans la politique belge exigent « Que des sanctions fortes, immédiates et directes contre monsieur Joseph Kabila et ses proches soient prises et appliquées », notamment « L’application effective et stricte » de celles déjà prises à l’encontre de certains « membres du gouvernement (Cfr octroie de visa à Mr Mende alors sous sanction) et de l’armée responsables des graves violations des droits humains et du blocage du processus électoral ».

LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT BELGE

Concerne : Appels des Elus et Mandataires belges d’origine congolaise

Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères,

Monsieur le Ministre de la Coopération,

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement

Les élus et mandataires belges d’origine congolaise dénoncent et condamnent fermement les massacres de la population congolaise lors des manifestations pacifiques du 31 décembre dernier dans toute l’étendue de la République Démocratique du Congo et appellent le gouvernement à prendre des sanctions plus fortes que par le passé à l’égard de Monsieur Joseph KABILA et du gouvernement congolais qui n’hésitent jamais à ordonner la tuerie de son peuple sans défense par des mercenaires.

Constater et dénoncer ne suffissent plus!

Comme vous le savez, depuis janvier 2015, le peuple congolais se bat pour sauvegarder, dans son pays, une valeur essentielle de la culture démocratique, à savoir : l’impératif de l’alternance au pouvoir. Dans ce cheminement légitime, il se heurte à la violence indicible d’un pourvoir sanguinaire qu’impose par la terreur le régime de M. Kabila.

L’infamie du 31 décembre 2017 a révélé au monde entier que le peuple congolais est sans défense et donc en danger face à un régime hyper militarisé qui le massacre.

Par ailleurs, durant l’année 2017 un sursis d’une année a été accordé à Monsieur Joseph KABILA par l’Accord de la Saint Sylvestre, afin d’organiser les élections en décembre de la même année.

Force est de constater que cet accord n’a pas été respecté par celui-ci, invoquant divers motifs fallacieux.  Monsieur Joseph KABILA a étalé au grand jour sa mauvaise foi.

Nous craignons dès lors que Monsieur Joseph KABILA ne se soucie d’aucune exhortation ni d’aucun scrupule pour respecter le calendrier électoral promulgué et ne brime à nouveau toute tentative de manifestation pacifique tant qu’il disposera de colossaux moyens financiers, du reste, volés à son peuple pour le mâter.

Aussi demander la mise en œuvre d’un accord piétiné et foulé aux pieds ou un nième dialogue avec un tel personnage, ne sert-il strictement à rien.

C’est pourquoi, à travers notre mémorandum (voir pièce jointe) nous élus et mandataires belges d’origine congolaise appelons nos collègues démocrates à se joindre à nous, pour exiger de notre gouvernement, en plus de la position déjà adoptée, de faire preuve de plus de fermeté et d’innovation pour porter assistance au peuple congolais en danger dans sa noble lutte.

Pour des raisons de sécurité, nous vous prions de ne pas divulguer les noms des signataires afin de préserver ceux-ci et les membres de leur famille restés au Congo.

« Si tu es neutre en situation d’injustices, tu as choisi le parti de l’oppresseur » Desmond TUTU

MEMORANDUM

RESOUDRE LA CRISE POLITIQUE EN RD CONGO DANS LE STRICT RESPECT DES ASPIRATIONS LEGITIMES DE LA MAJORITE DE LA POPULATION CONGOLAISE

La République Démocratique du Congo est à un tournant critique de son histoire à cause de la volonté de Monsieur Joseph Kabila de conserver le pouvoir à tout prix, au-delà de la limite de deux mandats imposés par la Constitution. A cette fin, il a utilisé divers stratagèmes suivants pour postposer l’élection de son successeur dont :

– le rétrécissement des libertés publiques et individuelles et des droits constitutionnels garantis aux citoyens et à l’opposition ;

– l’instrumentalisation de la CENI (la Centrale électorale chargée d’organiser les élections) et du pouvoir judiciaire au profit du camp présidentiel ;

– le recours abusif à l’armée, la police et aux services de sécurité, inféodés au pouvoir, pour gouverner par la force et la terreur ;

– les intimidations, les arrestations arbitraires, l’assassinat et les détentions illégales des opposants et des acteurs de la société civile et des médias

– une répression sanglante systématique à toute opposition à cette tentative démocraticide, en janvier 2015, puis en septembre et en décembre 2016. Plusieurs dizaines de manifestants ont perdu la vie dans l’exercice de leur droit de manifester pour réclamer des élections crédibles dans les délais constitutionnels en RDC ;

– la multiplication délibérée de foyers de tension sur toute l’étendue du territoire national.

Cette stratégie liberticide a plongé le pays dans une situation socioéconomique chaotique au bord de l’implosion : des crises enchevêtrées, sécuritaire, humanitaire, politique et économique aux conséquences dévastatrices pour le peuple congolais et qui risquent de déstabiliser davantage la sous-région déjà instable.

En dépit de toutes ces ignobles manœuvres perpétrées aux yeux de tous, une rallonge d’une année a été accordée à Monsieur Joseph Kabila, suite à un accord signé le 31 décembre 2016 par la coalition au pouvoir et les principaux partis d’opposition du pays, un accord négocié sous l’égide de l’Église catholique et soutenu par des donateurs internationaux clés.

Au lieu de s’atteler à la mise en œuvre intégrale et loyale de cet accord de partage du pouvoir qui prévoyait des élections avant la fin de 2017 et des mesures pour désamorcer les tensions et ouvrir l’espace politique, Monsieur Joseph Kabila s’est plutôt ingénié à renforcer son emprise sur le pouvoir. Et ce, notamment par la corruption, le débauchage des opposants, le mensonge, la violence à grande échelle et la répression brutale contre l’opposition politique, les activistes des droits humains, les journalistes et les manifestants pacifiques. Monsieur Joseph Kabila et son entourage ont utilisé tous les leviers du pouvoir pour étouffer toute voix discordante, écraser et éliminer toute opposition et conserver le pouvoir.

Depuis la signature de cet accord, le gouvernement congolais et les forces de sécurité sont allés jusqu’à mettre en œuvre une « stratégie du chaos » dans les deux provinces du Kivu, la Province orientale et en plus récemment dans la région du Kasaï méridional, où jusqu’à 5 000 personnes ont été tuées, dans un conflit fomenté sciemment par le bafouement calculé du processus de transmission du pouvoir coutumier. Près de 90 charniers sont dispersés dans la région, et la plupart contiennent des corps de civils et de miliciens tués par les forces gouvernementales. 600 écoles ont été attaquées ou détruites et 1,4 million de personnes ont été déplacées, dont 33 000 ont fui vers l’Angola voisin. Deux enquêteurs de l’ONU, un citoyen suédois et chilien et leurs accompagnateurs congolais ont été tués alors qu’ils enquêtaient sur de graves violations des droits humains dans la région. Les officiels du gouvernement et de la CENI se sont empressés d’évoquer la violence dans les Kasaïs comme l’une des principales raisons pour lesquelles les élections ne pouvaient pas avoir lieu en 2017.

Entretemps, la répression contre les dirigeants et les partisans de l’opposition, les militants des droits de l’homme et de la démocratie, les manifestants pacifiques et les journalistes s’est poursuivie sans relâche. Les forces de sécurité ont abattu plus de 170 personnes et en ont blessé plusieurs lors de manifestations pacifiques en 2015 et 2016. En 2017, les forces de sécurité ont tué au moins 90 personnes dans le cadre de la répression contre les membres du mouvement politique du Bundu dia Kongo (BDK).

Lors d’une manifestation organisée par des activistes pro-démocratie et des dirigeants de l’opposition à Goma le 30 octobre 2017, les forces de sécurité ont abattu cinq civils, dont un garçon de 11 ans et 15 autres ont été blessés.

Au moins 350 dirigeants et sympathisants des partis d’opposition ainsi que des militants des droits de l’homme et de la démocratie ont été emprisonnés depuis le début de l’année 2017. La plupart ont été jugés sur base d’accusations forgées de toutes pièces. Beaucoup ont été maltraités ou torturés en détention. En juillet, des hommes armés non identifiés ont tiré sur un juge qui a refusé de rendre une décision contre un dirigeant de l’opposition déclaré candidat à la présidence.

L’espace pour les médias indépendants et les organisations de la société civile au Congo a diminué à un rythme alarmant. Le gouvernement a fermé les médias congolais, arrêté près de 40 journalistes depuis le début de l’année, mis à la porte des journalistes et des chercheurs internationaux, et restreint périodiquement l’accès aux médias sociaux. Au début du mois de novembre, le ministre congolais de la Justice a présenté une loi au parlement qui met en place de nouveaux contrôles stricts et restreint sévèrement la capacité des organisations non gouvernementales congolaises et internationales à opérer dans le pays.

L’an 2017, concédé à Monsieur Joseph Kabila pour éviter un bain de sang a été caractérisé par : des milliers de morts, plus de 4 millions de déplacés forcés, 2 experts civils des Nations unies et leurs accompagnateurs congolais abattus, 17 casques bleus abattus et, aujourd’hui, des meurtres de paroissiens jusque dans les églises. Preuves d’un accroissement de la violence et de l’absence de toute limite dans le chef d’un régime qui a démontré qu’il entend coûte que coûte se maintenir au pouvoir.

Malgré tous ces graves manquements et la mauvaise foi avérée de Monsieur Joseph Kabila et de son régime, lors de sa visite en RDC, l’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations Unies, Nikki Haley, s’est juste contentée de presser Monsieur Joseph Kabila à tenir des élections avant la fin de 2018. En réponse à l’exigence de l’ambassadeur Haley, la Commission électorale nationale du Congo (CENI) a publié un nouveau calendrier électoral, le 5 novembre 2017, fixant le 23 décembre 2018 comme date des élections présidentielles, législatives et provinciales, soit plus de deux ans après la fin du mandat constitutionnel de Monsieur Joseph Kabila, responsable premier du blocage du processus électoral et par conséquent de la crise multidimensionnelle qui a conduit le pays au bord du précipice !

L’accueil positif réservé à ce calendrier par des membres influents de la Communauté Internationale a été vécu par beaucoup de congolais comme une trahison car perçu comme signifiant un feu vert donné à Monsieur Joseph Kabila pour continuer sa tactique dilatoire afin de rester au pouvoir une autre année voire définitivement, malgré l’absence de légitimité constitutionnelle et la terreur qu’il inflige à la population congolaise.

Le dimanche 31 décembre l’infamie a atteint un niveau sans précédent en RDC.  Plongées dans un blackout total, Kinshasa, tout comme les principales villes du pays, ont vécu une absolue tragédie. Pour la première fois, des unités d’intervention rapide de l’élite de l’armée, ont été déployées dans les rues, barricadant même les principaux boulevards. Des mercenaires ont été engagés pour massacrer des manifestants pacifiques. Des églises ont été scellées et des prêtres enlevés, des enfants de cœurs de moins de 16 ans arrêtés !

Des chrétiens dans l’église (propriété privée) en plein culte, ont été arrosés de gaz lacrymogènes. Indistinctement des gens qui ne commettaient aucun acte répréhensif ont été tabassés, y compris des femmes âgées. Des balles réelles ont été tirées sur des manifestants pacifistes qui portaient des branches d’olivier, des chapelets, des bibles et des crucifix. Ce sont là de véritables cas de crimes contre l’humanité qu’a commis la soldatesque de Monsieur Joseph Kabila.

Au regard de la répression, des abus, de la corruption, de la violence et des tueries qui ne cessent de s’amplifier, il est illusoire d’imaginer des élections crédibles et pacifiques avec monsieur Joseph Kabila toujours en fonction. Aucun démocrate ne resterait silencieux face un président hors mandat qui commet de telles agissements.

C’est pourquoi, au nom de droits humains et de notre humanité responsable, nous lançons un appel à tous démocrates de conjuguer leurs forces pour sauver ce pays stratégique au cœur de l’Afrique car constater et dénoncer ne suffisent plus.

Des mesures fortes s’imposent :

  1. Contraindre Monsieur Joseph Kabila à respecter enfin la Constitution et reconnaitre son inéligibilité aux futures élections.
  2. Soutenir la mise en place d’une transition sans Monsieur Joseph Kabila, pilotée par un collège composé de personnalités imminentes de la société civile et d’experts. Collège qui s’attèlera à la relance d’un processus électoral crédible, la stabilisation de l’État et, aussi surtout, à établir les bases de la consolidation de la démocratie, de l’État de droit et de la bonne gouvernance.
  3. Etant la cause première de l’enlisement politique actuel, ne plus le considérer comme l’interlocuteur légal et crédible de la RDC et l’écarter de tout processus de résolution de la crise qu’il a délibérément engendrée ;
  4. Que des sanctions fortes, immédiates et directes contre monsieur Joseph Kabila et ses proches soient prises et appliquées ;
  5. L’application effective et stricte des sanctions déjà prises à l’encontre de certains membres du gouvernement (Cfr octroie de visa à Mr Mende alors sous sanction) et de l’armée responsables des graves violations des droits humains et du blocage du processus électoral.

Roger DIKU / AFRIWAVE.COM

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