A l’issue de leur audition a huis-clos clos devant la Commission des Relations extérieures de la Chambre pour exposer la politique belge à l’égard de la République démocratique du Congo, les ministres belges ont déclarés être « plus qu’inquiet de l’évolution de la situation générale du pays ». Le royaume et son gouvernement se disant désormais plus engagés en faveur de la population dans le cadre de la coopération bilatérale. Un nouveau programme de coopération avec les autorités congolaises ne pourra être conclu qu’après des élections crédibles, selon Didier Reynders et Alexander De Croo.
Pour Le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires Etrangères Didier Reynders et le Vice-Premier Ministre et Ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo, « la situation des droits de l’Homme en RDC et de l’insécurité dans plusieurs provinces du pays. Ils condamnent l’intervention des forces de l’ordre le 31 décembre et appellent à l’ouverture d’une enquête indépendante à cet égard, afin notamment d’établir les responsabilités individuelles ».
Cette audition des ministres belges intervient après la publication d’une lettre ouverte et d’un mémorandum des Elus et Mandataires belges d’origine congolaise au gouvernement. Pour les politiques belgo-congolais, « Constater et dénoncer ne suffissent plus ! », il faut passer aux actes en sanctionnant encore plus fort le régime de Kinshasa en commençant par le président Joseph Kabila en personne.
Comme il l’annonçait lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade belge à Kinshasa, le chef de la diplomatie belge a confirmé ses propos devant les élus en ce qui concerne le futur de la coopération entre les deux pays : « Les besoins humanitaires croissants et le changement de la situation politique imposent une révision fondamentale de notre coopération. Concrètement, il a été décidé de mettre fin à une série d’interventions qui devaient être mises en œuvre directement par les autorités congolaises. Cela concerne des interventions pour un montant total de 25 millions d’euros qui n’ont pas encore été signées ou qui ont déjà été temporairement suspendues. La Belgique souhaite cependant renforcer sa solidarité à l’égard de la population congolaise et affectera, pour cette raison, les moyens libérés au profit de l’aide humanitaire et d’autres initiatives répondant aux besoins les plus pressants de la population ».
Le communiqué se termine par affirmer que les contacts restent pourtant engagés avec toutes les parties, majorité comme opposition : « La Belgique demeure un partenaire engagé de la République démocratique du Congo. Bien que cela ne soit pas toujours évident, la Belgique reste en contact avec toutes les parties : la majorité, l’opposition et la société civile. Les ministres placeront le Congo sur l’agenda international européen, aussi pour demander de l’attention aux besoins humanitaires de la population. Ils continueront à se concerter avec les partenaires internationaux et les pays de la région ».
COMMUNIQUE DE PRESSE
La Belgique continue à s’engager en faveur de la population de la République démocratique du Congo
Le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders et le Vice-Premier Ministre et Ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo sont intervenus à huis-clos devant la Commission des Relations extérieures de la Chambre pour exposer la politique belge à l’égard de la République démocratique du Congo (RDC).
Les ministres sont inquiets de la situation des droits de l’Homme en RDC et de l’insécurité dans plusieurs provinces du pays. Ils condamnent l’intervention des forces de l’ordre le 31 décembre et appellent à l’ouverture d’une enquête indépendante à cet égard, afin notamment d’établir les responsabilités individuelles. Ils sont convaincus que seules des élections crédibles offrent une issue, sachant que cela fait déjà plus d’un an qu’ont expiré les mandats constitutionnels au Congo. Les mesures prévues dans l’accord de la Saint-Sylvestre de 2016 pour réduire les tensions et ouvrir l’espace démocratique doivent de toute urgence être mises en œuvre. Les ministres soulignent qu’une volonté politique est nécessaire pour organiser des élections correctes. Ils rappellent que la Belgique est disposée à contribuer à des élections équitables et transparentes.
Les besoins humanitaires croissants et le changement de la situation politique imposent une révision fondamentale de notre coopération. Concrètement, il a été décidé de mettre fin à une série d’interventions qui devaient être mises en œuvre directement par les autorités congolaises. Cela concerne des interventions pour un montant total de 25 millions d’euros qui n’ont pas encore été signées ou qui ont déjà été temporairement suspendues. La Belgique souhaite cependant renforcer sa solidarité à l’égard de la population congolaise et affectera, pour cette raison, les moyens libérés au profit de l’aide humanitaire et d’autres initiatives répondant aux besoins les plus pressants de la population.
L’aide humanitaire à la RDC se trouvera de cette manière augmentée à 25 millions d’euros. En parallèle, davantage de coopération avec des organisations non-gouvernementales sera recherchée. Enabel, la nouvelle agence belge de développement, recevra également la mission de soutenir des organisations de la société civile congolaise sur le plan des droits de l’homme et des libertés politiques. Enfin, un nouveau programme bilatéral de coopération avec les autorités congolaises ne pourra être conclu qu’après l’organisation d’élections crédibles, sur base des principes de bonne gouvernance.
La Belgique demeure un partenaire engagé de la République démocratique du Congo. Bien que cela ne soit pas toujours évident, la Belgique reste en contact avec toutes les parties : la majorité, l’opposition et la société civile. Les ministres placeront le Congo sur l’agenda international européen, aussi pour demander de l’attention aux besoins humanitaires de la population. Ils continueront à se concerter avec les partenaires internationaux et les pays de la région.
Lire aussi : RDC-Belgique : Les Elus et Mandataires belges d’origine congolaise pour « plus de fermeté » à l’égard de Kinshasa https://www.afriwave.com/?p=6803
Les craintes des milieux d’affaires belges
Comme les relations entre Etats sont plus tributaires des intérêts économiques que les seuls Droits de l’Homme, Didier Reynders et Herman De Croo ont été entendu à huis-clos pour pour pouvoir parler des entreprises belges qui sont dans le business en RDC. C’est ce que nous confirme une source proche de la chambre des députés ce soir.
La situation politique volatile du pays avait déjà conduit la semaine dernière le Credondo, l’organisme public belge de garantie des exportations et des investissements à l’étranger « à ne plus assurer les opérations pour ce qui concerne les transactions à long terme (plus d’un an) pour les investissements ainsi que les exportations en et vers la RDC ».
L’organisme belge craignant également une détérioration de la situation ne cas de non tenue des élections comme prévue : « On a vu qu’il n’y avait pas d’intention de tenir des élections et que l’on pouvait donc attendre une détérioration de la situation dans les mois à venir ». Mais aussi des nouvelles sanctions internationales prévisibles : « de nouvelles sanctions internationales sont très possibles, en particulier contre les entreprises liées à Joseph Kabila, ce qui va rendre le business encore plus difficile ».
Cette situation ubuesque s’expliquant par un « manque criarde des devises » en ce qui concerne le niveau des réserves de devises de la Banque Centrale du Congo qui n’aurait plus que « deux semaines de paiement des importations au maximum » selon des sources vérifiées. Ce qui a comme conséquence « un gros risque d’impayement » en cas de couverture d’une opération d’exportation.
Les conflits latents dans le pays n’arrangent pas non plus les choses dans le pays comme dans la région : « les conflits (à l’est, au Kasaï, au Katanga) augmentent dans tout le pays : des conflits locaux déstabilisent des régions, engendrant des millions de déplacés et plaçant de très nombreuses personnes dans une situation de risque de famine. Cela permet à Joseph Kabila de ne pas organiser les élections. On peut donc s’attendre à ce que la situation empire encore. Une solution pacifique semble de plus en plus éloignée ».
Tshikuyi Tubabela et Roger DIKU / AFRIWAVE.COM