Le nouveau président Joao Lourenço continue son opération « d’assainissement ». Il a démis de ses fonctions plusieurs membres du clan de son prédécesseur dos Santos.
« Le rapport de force est favorable au président Joao Lourenço ». (Datcha Libeiro, spécialiste de l’Angola)
Le fils de l’ancien président dos Santos, José Filomeno dos Santos, était à la tête du fonds d’investissement souverain du pays. Il a été limogé et remplacé par Carlos Alberto Lopes, un ancien ministre des Finances.
Selon l’AFP, le fils de l’ex-président, surnommé « Zenu », a été mis en cause dans le scandale des « Paradise Papers ». Le fonds aurait versé des dizaines de millions de dollars à un homme d’affaires proche de « Zenu », Jean-Claude Bastos de Morais, pour gérer cette entité.
Depuis sa prise de fonctions en septembre, Joao Lourenço s’est fixé comme objectif de démanteler l’immense empire de son ex-mentor. C’est ainsi qu’il a limogé la plupart des responsables des institutions les plus sensibles du pays : la Banque centrale, le secteur du pétrole, l’industrie du diamant et les médias.
La puissante fille dos Santos, Isabel dos Santos, a-t-elle aussi perdu en novembre 2017 le contrôle de la présidence de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol. Surnommée la « princesse », Isabel dos Santos, âgée de 45 ans, avait pris en 2016 la direction de cette compagnie, en grandes difficultés financières depuis la chute des cours du pétrole il y a plus de trois ans.
Sa nomination avait d’ailleurs suscité de vives critiques de la part des détracteurs de son président de père. Ces derniers l’accusaient d’avoir mis sous sa coupe l’économie du pays, au profit de ses proches. Sindika Dokolo, son époux n’est pas non plus épargné par le grand ménage en cours.
La Sodiam, Société publique angolaise de commercialisation des diamants, s’est retirée du capital du bijoutier suisse de Grisogono, dont Sindika Dokolo est actionnaire.
Joao Lourenço prend-il des risques ?
En agissant de la sorte, Joao Lourenço ne risque-t-il pas de se mettre à dos les autres caciques de l’ancien régime ?
« Le MPLA est un parti avec presque trois millions de militants. Chaque militant paye sa cotisation. A l’intérieur du MPLA, a contrario de ce que l’on croit, il y a toujours un débat. On ne peut pas dire que le nouveau président a été imposé par dos Santos. C’était beaucoup plus par le parti en fait, pour qu’il puisse vraiment créer une fenêtre d’opportunités. Le chef de l’Etat était obligé d’agir de cette façon. Vous savez, le rapport de force aujourd’hui est tout à fait favorable au président Joao Lourenço », analyse Datcha Libeiro, journaliste cap-verdien et spécialiste de l’Angola.
Promesse de campagne
Lors de la campagne électorale, Joao Lourenço avait promis d’endiguer la corruption pour relancer une économie exsangue depuis la chute du baril de pétrole sur le marché international.
Le nouvel homme fort du pays a ainsi demandé aux caciques du régime dos Santos de rapatrier tous les fonds placés à l’étranger, dans les paradis fiscaux.
Les analystes politiques conseillent la prudence, attendent de voir si Joao Lourenço va franchir une autre étape : traduire devant les tribunaux les enfants et autres proches de José Eduardo dos Santos, l’ancien président, qui sont soupçonnés de malversations financières.
Article à lire ici : Grand coup de balai en Angola http://www.dw.com/fr/grand-coup-de-balai-en-angola/a-42116705
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