C’est visiblement une ministre en colère et qui s’est sentie trahi qui a réagi hier soir. Violement prise à partie sur les réseaux sociaux dans le drame de la jeune Dorcas Makaya, cette jeune fille de 18 ans victime d’une bavure des forces de l’ordre et de sécurité en date du 31 décembre 2017, la ministre des Droits Humains se défend.
Dans une longue déclaration publiée sur son mur Facebook, elle donne sa version de faits en disant « rétablir la VERITE » sur ce qui est devenue « L’affaire Dorcas », du prénom de cette fille gravement blessée le jour de la marche initiée par les laïcs chrétiens catholiques. La balle qui l’a transpercé la tempe en ressortant par la bouche la laissera avec un handicap grave et nécessite une opération chirurgie maxillo-faciale de spécialiste.
Dans son explicatif, la ministre s’en prend violemment à la journaliste Kitsita Ndongo Rachel qu’elle qualifie de « menteuse » pour avoir publié les photos de sa rencontre avec Dorcas alors qu’elle avait « juré » le contraire : « Ce mercredi 10 janvier, je suis non seulement surprise, mais aussi et surtout CHOQUEE de voir que Kitsita Ndongo Rachel a publié ces images. Plus grave, elle a tronqué la vérité pour me NUIRE. Elle a manipulé l’opinion pour NUIRE et DETRUIRE… je ne sais pour quelle raison ».
Pourtant dans son live comme sur sa page Facebook, la journaliste expliquait « ne pas pouvoir publier ni la vidéo ni les photos de cette vidéo par pudeur et sur demande expresse de la ministre ». Un jour plus tard, les photos de la rencontre entre la ministre et Dorcas faisaient le buzz sur les réseaux sociaux, provoquant la colère de la ministre contre sa consœur journaliste.
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Luaba Wa Ba Mabungi / AFRIWAVE.COM
DOCUMENT DE MARIE-ANGE MUSHOBEKWA LIKULIA SUR SON MUR FACEBOOK
Si je décide d’écrire ce soir à travers ce canal, ce n’est nullement pour polémiquer. Je ne réponds pas et ne répondrai JAMAIS aux injures des personnes mal intentionnées, parce que ces dernières ne changeront JAMAIS ce que je suis et qui je suis réellement. Je veux simplement rétablir la VERITE parce que je ne peux pas accepter que l’on exploite la souffrance d’une jeune fille pour régler des comptes politiques.
Le lundi 08 janvier 2018, au petit matin, j’ai reçu plusieurs messages et photos des ami(e)s affirmant qu’une jeune fille prénommée DORCAS MAKAYA aurait été grièvement blessée par balle et serait en détresse dans un hôpital de la capitale.
Vers 9 heures, j’arrive à mon cabinet, réunis mes plus proches collaborateurs et leur demande de vérifier l’information. Entre temps, moi-même ayant gardé le réflexe de journaliste, commence à passer des coups de fils et à mener ma propre enquête. Vers 11 heures, les choses se clarifient… Du coup je décide de passer un coup de fil au premier ministre pour lui en informer. Je lui explique la gravité de la situation et lui propose de me rendre moi-même aux Cliniques Universitaires pour rencontrer la famille de la jeune fille ainsi que les médecins qui s’en occupent.
Le premier ministre encourage ma démarche, me demande de le tenir au courant de la suite et que si la situation est telle que je la lui présente, il faut trouver une solution rapidement. Sur le champ, je mobilise mon équipe et me dirige vers les Cliniques Universitaires où j’arrive à 14h15. Directement, le service d’accueil de l’hôpital me conduit vers le médecin directeur qui était surpris de me voir débarquer sans avoir prévenu qui que ce soit. Je lui explique l’objet de ma visite…
A ma grande surprise, le docteur BISELELE, parce que c’est d’elle qu’il s’agit, ne savait pas que DORCAS MAKAYA était hospitalisée dans cet hôpital. Après vérification, on nous renseigne que cette dernière est localisée dans le service de réanimation. Je demande immédiatement d’y être conduite. Arrivée sur place, le médecin chef de service de réanimation m’explique les conditions dans lesquelles Dorcas est arrivée aux cliniques universitaires et tous les efforts qui ont été faits pour la sauver. Ensuite il me dit qu’il souhaiterait qu’il n’y ait que trois personnes qui m’accompagnent dans la salle où se trouvait Dorcas.
Je désigne donc deux membres de mon cabinet, plus une journaliste Kitsita Ndongo Rachel pour qu’elle m’aide à prendre les images. Je demande aux médecins l’autorisation de filmer et de faire des photos. Je JURE sur l’HONNEUR devant tout le personnel médical présent, mon équipe et Kitsita Ndongo Rachel que ces images ne seront pas publiées (par respect de la l’INTIMITE de DORCAS et de la DOULEUR de sa famille) et que je ne les montrerai qu’à ma hiérarchie. Le médecin chef de service autorise, mais il m’explique que DORCAS ne peut communiquer que par écrit parce qu’elle a un gros tube dans la bouche qui va jusqu’au larynx… Elle écrit sur un bout de papier même pour communiquer avec le personnel médical et ses parents.
Je prends soins de me présenter auprès de la jeune fille que j’ai trouvé très très COURAGEUSE… Ensuite je lui demande m’expliquer brièvement dans quelles circonstances elle a été blessée par balle, dans quelle commune cela s’est passée et si elle a pu identifier le policier qui a ouvert le feu. Dorcas se met à relater par écrit ce qu’elle a vécu… Elle fait un effort pour donner les moindres détails, mais au bout de quelques minutes, elle s’essouffle. C’est ainsi que je décide d’écourter l’échange et préfère le poursuivre avec sa mère qui était dans le couloir.
Avant de quitter la salle de réanimation, je rassure DORCAS que je ferai rapport au premier ministre et que le gouvernement prendra toutes les dispositions nécessaires pour l’évacuer afin de lui permettre de bénéficier des meilleurs soins. C’est alors que le docteur BISELELE lui demande si elle est contente de ma visite, elle affirme par un signe de la main. Le docteur lui demande quel message elle souhaite transmettre au premier ministre, DORCAS écrit MERCI…et que DIEU le bénisse.
Très émue, je me retire de la salle accompagnée par les médecins, mes deux collaborateurs et Kitsita Ndongo Rachel à qui je rappelle que ces images ont été prises juste pour faire rapport à ma hiérarchie. Après j’échange avec la maman de DORCAS dans le couloir, elle accepte ma proposition de demander à la hiérarchie de faciliter l’évacuation de DORCAS à l’étranger. Je lui propose l’Afrique du Sud, c’est le pays le plus proche de la RDC. La maman accepte. Ensuite j’entre dans le bureau du médecin chef de service de réanimation pour lui demander de préparer de toute URGENCE le rapport médical de DORCAS afin de faciliter son évacuation dans les prochaines 48 heures.
J’ai quitté les cliniques universitaires vers 16 heures passées. J’ai pris Kitsita Ndongo Rachel dans ma voiture pour qu’elle puisse me transférer les images. Elle n’a pas réussi à le faire sans câble. On décide alors de retourner ensemble à mon cabinet pour qu’elle puisse les transférer sur mon ordinateur. Dans la voiture, Kitsita Ndongo Rachel suis mes échanges avec mes collègues de la Santé et des Affaires Etrangères. Tous les deux s’impliquent sans hésiter un seul instant. Arrivée à mon cabinet de travail, après le transfert des images, je rappelle à Kitsita Ndongo Rachel ma promesse sur l’HONNEUR faite aux médecins et à la maman de DORCAS de ne pas publier ces images. Elle me jure qu’elle en prendra bien soin.
Le même soir, le VPM des Affaires Etrangères dépêche les services de chancellerie avec leurs équipements pour pouvoir établir un passeport pour DORCAS, sa maman et le médecin qui va l’accompagner. Le ministre de la Santé contact la meilleure clinique de chirurgie maxillo-faciale de Johannesburg. Une solution rapide est donc vite trouvée.
Le mardi 09 Janvier vers 15 heures, je reçois un coup de fil du père de DORCAS qui souhaite me rencontrer. Je lui demande de venir à mon cabinet de travail. Il se présente avec son épouse et son cousin (le tuteur de DORCAS à Kinshasa). Ils me disent qu’ils viennent me remercier pour tout ce que je suis entrain de faire pour leur fille… Je leur fais comprendre qu’ils ne devraient pas se déplacer juste pour ça. Je leur dis que de toute façon, ce n’est pas moi individu Marie-Ange qui le fais ; je le fais au nom du GOUVERNEMENT de la République. Je les rassure que DORCAS va quitter Kinshasa ce jeudi 11 janvier 2018 pour l’Afrique du Sud et que le gouvernement prendra en charge ses soins jusqu’à son rétablissement.
Ce mercredi 10 janvier, je suis non seulement surprise, mais aussi et surtout CHOQUEE de voir que Kitsita Ndongo Rachel a publié ces images. Plus grave, elle a tronqué la vérité pour me NUIRE. Elle a manipulé l’opinion pour NUIRE et DETRUIRE… je ne sais pour quelle raison.
Je lui dis ceci publiquement : « Kitsita Ndongo Rachel, je te prenais comme une journaliste sérieuse et professionnelle qui travaille pour et dans la VERITE, en respectant les règles de déontologie… Mais aujourd’hui, à mes yeux, tu es tombée tellement bas… Je prends le ciel et la terre à témoins, l’eau et les arbres, toutes les créatures de DIEU, ainsi que DIEU lui-même (qui voit le fin fond du cœur de chaque personne) que ce que je dis ici est la SEULE et UNIQUE VERITE sur l’histoire de DORCAS MAKAYA. Si je mens, que ce DIEU me punisse et me frappe. Et si c’est toi qui mens (parce que tu MENS), je demande la même sentence ».
A TOUS ceux qui crachent du venin, véhiculent la HAINE et des INJURES, je leur demande de mettre à profit leurs encres et leurs unités pour aider le ministère des Droits Humains à identifier des éventuels blessés du 31 décembre 2017, avec preuve à l’appui, afin de nous permettre de demander des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces actes condamnables.
Marie-Ange MUSHOBEKWA / Ministre des Droits Humains