C’est demain vendredi 12 janvier 2018 que sur demande du Comité Laïc de Coordination (CLC) des intellectuels chrétiens catholiques, une messe en mémoire des personnes tuées lors de la marche pacifique du dimanche 31 décembre 2017 sera dite demain par le Cardinal Monsengwo.
Cette messe du souvenir sera célébrée dans une situation particulière où les relations entre l’Eglise et le régime est au summum de la crise. Un véritable bras de fer s’étant engagé entre les deux parties, ce dernier amplifié par les propos du gouvernement après la répression disproportionnée de la marche des chrétiens qui réclamaient l’application de l’Accord de la Saint Sylvestre 2016. Nul n’en doute qu’après cette messe, d’autres manifestations risquent d’avoir lieu comme le présageait la Nonciature Apostolique (l’Ambassade du Vatican) de Kinshasa.
Les Congolais de la diaspora belge ne sont pas en reste. Dans un communiqué rendu public par le Groupe Epiphanie, l’on y apprend qu’en communion et l’occasion de « la messe solennelle de Kinshasa du vendredi 12 janvier 2018 » ; une invitation particulière est adressé aux « Compatriotes et Amis du Congo », une Messe du Souvenir ce dimanche 14 janvier 2018 à 15h30 en l’église Notre Dame de Lourdes (Av.Charles Woeste, 282 à 1090 à Jette) ».
Au cours de cette eucharistie, il y sera l’opportunité « En communion avec le peuple Congolais en deuil, de relayer le message d’espérance qui sera donné en cette circonstance en souvenir des victimes qui ont perdu leur Vie lors de la marche pacifique du 31 décembre 2017 au Congo » ; expliquent les organisateurs Joseph Muaka et Alphonse Kanyinda.
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Des interventions extérieures
Les prises de positions de l’Eglise d’abord par le Cardinal en personne, la Nonciature Apostolique de Kinshasa ensuite et pour finir par la CENCO en confirmant la « régularité » de l’action des intellectuels catholiques du CLC dans leur démarche traduisent bien la tension qui existent avec le régime incarné par Joseph Kabila. La réaction gouvernementale par la canal son porte-parole n’a pas non plus contribué à apaiser le climat.
Après Sassou Nguesso officiellement avec son audience accordée à la CENCO le mardi 9 janvier 2018 à Brazzavile (RDC : Les Évêques de la CENCO en visite chez Sassou Nguesso https://www.afriwave.com/?p=6807 ), c’est l’épouse du chef de l’Etat en personne ; « la catholique » Olive Lembe Di Sita Kabila qui aurait téléphoné au Cardinal la semaine dernière. Mais pour dire quoi s’interroge l’opinion à moins d’un secret de confessionnal ? C’est le journal français le JDD (Journal du Dimanche) qui révélait cette info (Un cardinal congolais en guerre contre Joseph Kabila http://www.lejdd.fr/international/afrique/un-cardinal-congolais-en-guerre-contre-joseph-kabila-3540443).
Face à la situation réelle du pays, le cardinal n’avait pas été plus clair dans son propos face aux dirigeants « incapables de protéger la population, de garantir la paix » et à qu’il demandait à ce que « les médiocres dégagent » pour laisser place aux capables de diriger.
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Monsengwo et la même veine
Si le Cardinal Joseph Malula n’avait pas pu achever sa mission, son successeur Fréderic Etsou Nzabi Bamungwabi s’était retrouvé beaucoup trop consensuel avec le pouvoir aux yeux des fidèles notent un intellectuel catholique. A la différence, Monsengwo trop enclin au sujet politique du pays. Déjà Évêque de Kisangani, il avait été désigné par acclamation Président du Bureau de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) dans les années 1990 avant de présider le Haut Conseil de la République Parlement de Transition (HCR-PT) sous Mobutu.
L’histoire récente nous apprend que chaque fois qu’il a existé un différend entre l’Eglise et le pouvoir, c’est toujours ce dernier qui a perdu en fin de compte notent les spécialistes. Entre 1965 et 1969 à la prise de pouvoir de Mobutu par un coup d’Etat militaire et ses premières dérives autoritaires, du soutient du Cardinal Joseph Malula à l’objectif de « rétablissement de la paix dans un pays déchiré » par les rebellions diverses ; il n’aura pas fallu très longtemps pour que le chemin de deux hommes se séparent.
Malula ne dénonçait-il pas déjà en 1966 « l’accaparement des richesses » du pays par un clan au détriment de la majorité de la population ? La démocratisation des institutions et la « justice redistributive » deviendront son cheval de bataille face à un Mobutu arrogant. La goutte d’eau qui déborda le vase ne fut-elle pas la « zaïrianisation » et le « Recours à l’authenticité », cette politique inventée en 1971 pour la nationalisation de tous les pans de la société au profit du parti au pouvoir, le MPR ; mais aussi l’abolition des fêtes religieux comme des noms chrétiens obligeant le Cardinal à s’exiler pour un temps entre Louvain en Belgique et Rome en Italie avant de revenir au pays pour y mourir.
Luaba Wa Ba Mabungi / AFRIWAVE.COM