RDC : Lors de la messe en mémoire de Lumumba, Mgr Jean-Pierre Kwambamba lui dresse un portrait christique et interpelle les Congolais

[Une Contribution de Gabriel Mampem Kwambamba, Lincoln Nebraska]

Lumumba disciple du Christ ? Ce n’est pas une manière très habituelle de présenter Patrice Emery Lumumba. Dans son homélie à l’occasion de la messe commémorative de la mort du héros national, l’évêque auxiliaire de Kinshasa est revenu comme dans un refrain sur cette question : Qu’avons-nous fait des aspirations de Lumumba ?

Se référant à l’évangile du jour qui marque le début du ministère public de Jésus qui annonce la libération des captifs et des opprimés, Kwambamba, de sa voix calme et interpellant affirme, comme un peu évoquant la situation du Congo, que Luc nous présente un Jésus conscient de la misère de son peuple tant sur le plan spirituel que social. C’est un Jésus situé dans le temps et dans l’espace et qui maîtrise parfaitement les attentes de son peuple.

Pour le prélat, Jésus donne le portrait du chrétien, mais aussi de toute personne qui reçoit de Dieu la grâce de guider les autres. S’exprimant ainsi, même s’il ne le dit pas, Mgr Kwambamba trouverait justifié, avec ses mots et son style à lui, l’évangile de libération incarné ce dernier temps par le Cardinal Laurent Monsengwo et relayé par ses collaborateurs et les laïcs engagés.

« La parole de Dieu que nous venons d’entendre interroge notre identité chrétienne et nous interpelle profondément… Qu’avons-nous fait de l’onction de notre baptême ? Jésus s’est montré compatissant envers les malheureux et a porté dans son corps le poids de la misère humaine. Cette onction du Christ, nous l’avons reçue pour que nous ne soyons jamais complices des malheurs de nos frères et sœurs. Prenons en conscience. Transformons-nous intérieurement. Et bien des choses changeront autour de nous », a préconisé l’évêque auxiliaire de Kinshasa.

Revenant sur Patrice Emery Lumumba, Mgr Kwambamba a souligné qu’en dépit des limites inhérentes à la nature humaine, Lumumba s’est efforcé dans sa vie à porter le portrait du chrétien. « Il a fait de la politique une opportunité pour se mettre au service de la nation et non pour se servir de la nation. Il a cherché à parvenir à l’idéal du juste comme le dit le psalmiste qui dit que toujours on fera mémoire du juste, de l’homme de bien qui a pitié des autres ».

Le prélat a insisté sur le fait que Lumumba s’est efforcé de reproduire dans sa vie le portrait d’un bon chrétien, le portrait de celui qui vient libérer les captifs, redonner la joie aux opprimés et être un canal de grâces du Seigneur. « Lumumba est mort pour la libération du Congo. Il est mort pour l’indépendance multisectorielle, multiforme du Congo » a souligné celui qui a été le premier africain cérémoniaire du Pape.

L’évêque a alors regardé droit dans les yeux l’assistance faites des dignitaires de la République avec en première ligne le Premier ministre Bruno Tshibala, Aubain Minaku, Kengo et le gouvernement au grand complet, mais aussi Zoé Kabila et sa sœur Jeannet : « N’anesthésions pas nos cœurs face à la souffrance des autres » a-t-il insisté, paraphrasant le Pape François avant de comparer la situation actuelle du Congo au contexte d’Israël à l’époque de l’occupation grecque.

Des mœurs païennes ont été imposées à Israël avec la complicité de la classe dirigeante juive : « injustice, corruption, volupté était monnaie courante ». Dans la tête de ce professeur de liturgie sacrée revenaient sans doute les images insupportables de la répression des chrétiens en pleine messe le 31 décembre dernier parce qu’il en a parlé avec insistance dans cette comparaison : « Le plus profond (des mœurs païennes) est l’abomination traduite par la profanation volontaire du temple. Malheureusement nous avons semblé revivre cette époque il y a quelques jours quand certaines de nos églises ont été profanées. Nous osons espérer que de telles scènes ne se répèteront plus jamais dans l’avenir » a-t-il martelé d’une voix douce mais au contenu très profond.

L’ancien vicaire général du diocèse de Kenge a enfin relevé un échec collectif : Lumumba est mort pour que le Congo qui dispose des richesses énormes soit doté d’un système éducatif de qualité mais ce n’est pas le cas. Les filles et fils du pays n’ont pas accès aux soins de santé de qualité. De plus il n’y a pas non plus des routes qui auraient pu favoriser la libre circulation des biens et des hommes. L’homélie s’est achevée par cette interpellation : « Libérons nos intelligences pour construire un Congo émergent et compétitif ».

Exercice difficile que de parler de son propre frère. Alors je choisis de rester dans les faits en journaliste objectif.

Gabriel Mampem Kwambamba

Lincoln Nebraska

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Rédaction

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