L’Angola et la République Démocratique du Congo (RDC) envisagent d’organiser le rapatriement de réfugiés congolais ayant fui la violence au Kasaï. Mais pour le HCR, les conditions d’un retour ne sont pas réunies.
Le gouvernement angolais et celui de la République démocratique du Congo ont annoncé qu’ils envisageaient d’organiser le rapatriement des quelques 31 mille ressortissants de la RDC établis en Angola. Ces populations avaient fui l’insécurité dans le Kasaï, région du centre de la RDC où des violences graves se sont déroulées entre 2016 et 2017. Aujourd’hui, la situation humanitaire est jugée précaire et l’ONU a lancé un appel au don pour assister les populations qui sont restées au Kasaï.
Ces réfugiés ont laissé derrière eux, en mars 2017, maisons et champs alors que des violences faisaient rage entre les troupes gouvernementales et celles de la milice Kamuina Nsapu. Les combats ont fait plus de 3.000 morts et près d’un million et demi de déplacés internes. C’est aussi en voulant enquêter sur ces violences que deux experts de l’ONU ont été tués le 12 mars.
Calme précaire au Kasaï
Aujourd’hui, la situation est calme. Mais un calme précaire. Voilà pourquoi le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) est contre le rapatriement programmé des réfugiés. Dans une interview accordée à la DW, Margarida Loureiro, porte-parole du HCR à Luanda Norte explique, que « les conditions ne sont toujours pas favorables pour un retour des réfugiés congolais ».
La responsable humanitaire indique également que son organisation attend la confirmation par le pouvoir angolais, de la décision du rapatriement. « Mais nous désapprouvons tout rapatriement en l’état actuel », martèle Margarida Loureiro.
En effet, depuis quelques jours, des agences de l’ONU ont lancé un appel à l’aide pour assister des milliers de personnes qui manquent de nourritures au Kasaï.
Crise alimentaire aggravée
L’ONU réclame 1,37 milliard d’euros pour répondre à la crise humanitaire dans cette région. Pierre Kabwayi, nutritionniste et membre de l’ONG Caritas à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï central, décrit la situation alimentaire qui touche de nombreux ménages : « ce sont quelques cossettes de manioc, du fufu de manioc, que les enfants prennent avec des feuilles trouvées en brousse », explique-t-il au micro de la DW.
Selon Monsieur Kabwayi, des femmes enceintes, d’autres qui allaitent leur enfant, ainsi que des enfants âgés de moins de cinq ans n’ont pas accès à d’autres protéines, du fait des conditions de vie en brousse durant leur fuite. « Il y a urgence ! », s’écrit-il, avant d’ajouter que « les communautés ont tout perdu. Au village ils faisaient leur élevage. Certains n’ont pas pu cultiver pendant trois saisons ».
Outre l’urgence humanitaire, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme dénonce de nombreuses violations des droits de l’homme dans le Kasaï. En réaction, le Parlement européen a appelé la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur les allégations concernant des crimes contre l’humanité dans la province du Kasaï.
Article à lire ici : Rapatriement de réfugiés congolais, le HCR désapprouve http://www.dw.com/fr/rapatriement-de-r%C3%A9fugi%C3%A9s-congolais-le-hcr-d%C3%A9sapprouve/a-42223390
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