Mardi 23 janvier, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a publié un communiqué condamnant les enlèvements des prêtres, après un nouveau rapt dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo.
Ces derniers jours, des prêtres congolais affirment avoir échappé à des tentatives d’enlèvement ou être menacés de mort.
Le père Robert Masinda, prêtre du diocèse de Butembo-Béni, dans le Nord Kivu (Est), a été enlevé lundi 23 janvier par des individus en treillis. Le prêtre catholique et un de ses collaborateurs ont été libérés 48 heures plus tard par leurs ravisseurs mais l’inquiétude demeure au sein du clergé congolais.
Cet enlèvement intervient après ceux des pères Charles Kipasa et Jean Pierre Akilimali, enlevés le 16 juillet dernier dans le même diocèse par des hommes armés. La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait vivement réagi, mardi 23 janvier, et exigé « la libération immédiate » de tous les prêtres enlevés. Elle avait en outre appelé les autorités congolaises et la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RD-Congo (Monusco) à « garantir la sécurité de la population et identifier rapidement les auteurs de ces crimes ».
Ces enlèvements sur fond de tensions entre l’Église et le pouvoir ont fini par installer un climat de suspicion et un sentiment d’insécurité chez les prêtres. Plusieurs prêtres congolais affirment craindre pour leur vie.
Filature
« J’ai échappé de peu à un enlèvement hier », raconte à La Croix Africa le père Joseph Musubao, prêtre du diocèse de Kinshasa, enseignant au grand séminaire de Kintambo, une commune du nord-ouest de Kinshasa.
Vicaire dominical dans le diocèse à la paroisse Saint-François de Sales de Kintambo, le prêtre avait célébré la messe du 21 janvier, jour de la marche du Comité laïc de coordination. Il avait également participé à la marche des laïcs pendant laquelle Thérèse Deshade Kapangala, sa nièce, une aspirante à la vie religieuse, a perdu la vie après des tirs par balles de la police.
« Mon nom a commencé à circuler car c’est moi qui ai fait enregistrer le corps de Thérèse et que c’est un cas gênant », relève-t-il.
Le prêtre affirme avoir été suivi mardi 23 janvier par une jeep alors qu’il sortait d’une rencontre avec Mgr Donatien Bafuidinsoni, évêque auxiliaire de Kinshasa, pour rentrer au grand séminaire de Kintambo. « Le recteur du séminaire m’a fait sortir en cachette pour que je rejoigne un endroit plus sécurisé, précise-t-il. Il y avait des mouvements suspects autour du séminaire, on cherchait sans aucun doute à m’enlever ».
Présence suspecte
Comme le père Musubao, le père Pierre Kabamba, président de la Commission Justice et paix du diocèse de Mbuji-Mayi, dans la province du Kasaï-Oriental, affirme être suivi par des « individus étranges ». Le prêtre confie avoir remarqué la présence de ces personnes « suspectes » devant son bureau puis lors d’une messe qu’il a célébrée le 14 janvier. « Il y a une campagne d’enlèvement des prêtres. D’autant plus que le poste que j’occupe – président de la commission justice et paix – est très sensible », a-t-il déclaré à Radio Okapi, station de la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RD-Congo (Monusco).
Dimanche 21 janvier, le curé de la paroisse Saint-François de Sales de Kintambo, le père Aimé Lusamu, menacé de mort depuis plusieurs jours, avait dû renoncer à dire la messe dominicale.
Article à lire sur : En RD-Congo, des prêtres craignent pour leur vie https://africa.la-croix.com/rd-congo-pretres-craignent-vie/
Lucie Sarr