ITURI : Une violence interethnique qui révulse les consciences

Ce sont des images d’un autre siècle révolu que celles diffusées sur les réseaux sociaux le weekend dernier sur ces violences interethniques survenues à Djugu, une localité du Nord-Est du pays dans la nouvelle province de l’Ituri. Des femmes et enfants, des vieillards ; tous décapités à la machette ont été victimes de cette barbarie.

En effet, les Hema et les Lendu, deux tribus du coin se sont de nouveau attaquées à Blukwa et ses environs dans la chefferie des Bahema-Nord, Territoire de Djugu entre le 2 et 4 février courant. Bilan macabre de ces affrontements interethniques : « 23 personnes massacrées à l’arme blanche, 12 personnes grièvement blessées et admises à l’Hôpital Général de Référence de Drodo, des centaines des cases incendiées dans plusieurs villages ainsi q ‘un nombre important des bétails et autres biens matériels volés et emportés », c’est ce révèle un communiqué de l’Association Culturelle ENTE réunissant les Hema datée du 4 février 2018.

Et comme corolaire à cette violence intercommunautaire sur le territoire de Djugu, c’est une forte augmentation du nombre de personnes qui fuient vers l’Ouganda voisin en quête d’une hypothèque sécurité ; le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) comptabilisant près de 2.650 déplacés ayant franchi la frontière ce weekend.

Ces déplacements des populations se font aussi en interne dans le pays où plus de 1000 personnes se sont dirigées vers la ville de Bunia, soit plus de 143 ménages ; plus de 2000 dans la localité de Katoto et ses environs, soit plus de 286 ménages, plus de 4 000 personnes dans les localités de Drodro même et Largu, soit 571 ménages. Et ce, sans compter des milliers de personnes en déplacement vers les localités de Bule, Fataki et Iga Barrière » selon l’Abbé Ngabu Lidja, Coordonnateur de la Commission Justice et paix (CDJP) du diocèse de Bunia.

Pour la Commission Justice et Paix ainsi que Caritas-Développement « ces nouveaux troubles remettent en question la cohabitation pacifique et la dynamique de paix relancée depuis le  21 décembre 2007 avec la campagne de pacification par l’autorité provinciale », car « les écoles sont fermées, entrainant le chômage et déplacement des élèves et des enseignants, les multiples déplacements en interne des populations gangrénant la vie sociale régulière, la perte des vies humaines, des moyens de subsistance etc. ».

Dans l’entretemps, c’est une vive tension qui règne dans l’ensemble de la région, notamment à Bunia dans le Nord-Kivu où une manifestation populaire vers le Marché Central a été dispersée ce matin par les forces de la police nationale congolaises.