C’est une promotion qui était dans l’air et sans surprise avec les prises de position courageuse de l’homme Évêque lorsqu’il s’agit de s’impliquer dans les problèmes du pays. Lui, c’est Mgr Fridolin Ambongo Besungu, Archevêque de Mbandaka-Bikoro et Administrateur de Bokungu-Ikela qui vient d’être élevé au rang d’Évêque Coadjuteur de l’Archidiocèse de Kinshasa.
C’est le Pape François en personne qui a signé l’ordonnance de nomination annoncée par le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque Métropolitain de Kinshasa et primat du Congo lors de sa conférence de presse de ce mardi 06 février 2018. Pour les observateurs de la vie de l’Eglise catholique, la nomination du Vice-président de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) comme futur nouvel archevêque auxiliaire de Kinshasa n’est pas un hasard. Mgr Fridolin Ambongo était la personne à même indiquée pour seconder le Cardinal Monsengwo jusqu’à son départ à la retraite.
Une succession en marche ?
Agé aujourd’hui de 78 ans, le Cardinal Monsengwo est presqu’à la limite de l’âge pour les cardinaux de continuer à siéger dans la curie romaine et ainsi participer au vote du futur pape si le besoin en est qui reste fixer à 80 ans. Une raison de plus que le Pape François qui tient au rajeunissement de l’Eglise prépare le futur de celle de la RDC, un pays dans lequel le pouvoir politique semble en permanence être en conflit avec la religion. Né le 24 janvier 1960 et donc âgé de 58 ans, 20 ans de différence d’âge séparent Fridolin Ambongo de celui qu’il est appelé à seconder dans la tache de conduire l’Eglise à Kinshasa.
« L’Eglise catholique romaine est tellement organisée à tel point que les nominations ne sont pas improvisées. Monseigneur Fridolin Ambongo dirigera l’Eglise (en RDC), préservera la Paix sur toute l’étendue du pays et veillera sur les droits fondamentaux de tous les congolais », comme l’a déclaré Christian Lagkit, un autre observateur de l’église catholique romaine. Surtout que cette nomination à Kinshasa, centre de tous les pouvoirs politiques du pays ; intervient dans un contexte tendu entre le régime en place et l’Eglise catholique avec Laurent Monsengwo en première ligne.
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Une ascension fulgurante
De son intronisation comme Evêque de Mbandaka-Bikoro, Administrateur de Bokungu-Ikela le 12 novembre 2016 à ses charges d’Adjoint de Mgr Marcel Utembi à la tête de la CENCO, Mgr Ambongo se voit confier de nouvelles charges importantes. Cette nouvelle nomination révèle une ascension fulgurante d’un homme d’Église qui n’a pas peur de dire ce qu’il pense de tous, les chefs politiques du régime y compris.
Son côté bonhomie cache bien un ecclésiastique bien trempé dans ses convictions d’homme de caractère, ce qui fera sûrement de lui un bon futur cardinal du pays. A l’instar de Joseph Malula et de Laurent Monsengwo qui n’ont jamais eu peur de personne.
En 2015, à peine âgé de 55 ans et pendant qu’il présidait la Commission Justice et Paix de l’Episcopat du Congo (Cenco), en même temps en charge de la Commission Episcopale pour les Ressources Naturelles de l’épiscopat, il faisait déjà partie des voix qui pèsent fortement. Il fait en effet partie des Evêques les plus opposés sur le terrain politique, dans un pays où l’Episcopat tente de jouer un rôle de médiateur entre majorité et opposition pour débloquer la situation politique.
A cette même époque, n’avait-il demandé aux autorités françaises « de faire pression sur l’entourage de Joseph Kabila pour empêcher le président du pays, au pouvoir depuis 2001, de modifier la Constitution pour se représenter en 2016 » ; déclarations qui lui avait valu quelques menaces lors de son retour au pays.
Prêtre de l’ordre des Capucins, son nom avait été évoqué en juin 2016 pour devenir président de la CENCO, mais ses confrères lui avaient préféré Mgr Marcel Utembi, craignant d’élire à leur tête un profil trop politique. Il avait fini par être désigné vice-président de la CENCO. Ancien Evêque de Bokungu-Ikela, il en préside l’administration apostolique jusqu’à la nomination de son successeur, car étant dans l’entretemps devenu Evêque de Mbandaka-Bikoro dont il fut également administrateur apostolique depuis la mort de l’ancien archevêque, Mgr Kumuondala Mbimba, en mars 2016.
Enfin notons que c’est le diocèse de Mbandaka-Bikoro qui a donné au pays son deuxième cardinale en la personne de feu Mgr Etsou Nzabi Bamungwabi (3 décembre 1930 et décédé le 6 janvier 2007) dont Fridolin Ambongo est successeur.
Luaba Wa Ba Mabungi / AFRIWAVE.COM