Procédure rapide et assez rare que celle adopté par la police nationale de Kinshasa après le meurtre le dimanche 25 février 2018 à Lemba de Rossy Tshimanga Mukendi, Coordonnateur du Mouvement citoyen « Collectif 2016 » en marge de la troisième marche interdite des chrétiens organisée par le Comité Laïc de Coordination CLC).
Dans une présentation surréaliste devant les médias avec présumé tireur et arme de crime étalés à terre, le Général Sylvano Kasongo a annoncé l’arrestation de celui qui a causé la mort de Tshimanga. Il s’agit du Brigadier en Chef Tokis Kumbo, matricule 1198511210674 de l’escadron mobile d’intervention Mont-Amba. Il aurai tiré « des balles en caoutchouc (avec preuve d’une arme de service de type AK-47 dit Kalachnikov et ses munitions) en moins de 20 m sur Tshimanga qui a succombé à ses blessures plusieurs heures après l’incident ».
Dans son communiqué de presse, la PNC Kinshasa justifie le comportement du brigadier Tokis Kumbo par son soucis de « défendre son commandant d’unité, en la personne du ComSupAdjt Lokeso Koso Carine devant une foule hostile » qui l’agressait en compagnie de son collègue « le Scom Mutampa Willy qui s’en est sorti avec une blessure grave à la tête ». Cette dernière est depuis quelques heurs victime d’un « lynchage » médiatique sur les réseaux sociaux où ses photos et coordonnées circulent, la désignant comme celle ayant appuyé sur la gâchette pour achever l’infortuné Tshimanga.
Pourquoi la PNC présente-t-elle un autre policier à la place de celle que tous les témoins ont reconnu ? Que veut-on cacher et pourquoi protège-t’on la policière Carine Lokeso Koso se demande l’opinion ? Un proche de Tshimanga interrogé cet après-midi a assuré que « la pression ne baissera pas » aussi longtemps que le vrai coupable ne soit arrêté et condamné sans oublier les commanditaires de cet odieux assassinat.
Une confusion entretenue ?
Selon le porte-parole de la police chez nos confrère de Radio Okapi, le colonel Pierront Muanamputu ; Rossy Tshimanga, tué à Lemba, était un « fauteur de troubles » : « A Kinshasa, Monsieur Rossy Tshimanga Mukendi, domicilié sur l’avenue Manzengele à Ngaba, est descendu à Saint Benoit, à Lemba pour semer le désordre. Lors de l’affrontement avec les forces de l’ordre, le fauteur de troubles Rossy sera grièvement atteint par balles en caoutchouc. Acheminé d’urgence à Saint Joseph, il finira par succomber ».
Par contre, tous les témoignages disent le contraire : « Rossy Tshimanga, 36 ans, a été visé par deux balles à bout pourtant à l’abdomen à la paroisse Saint Benoit de Lemba tirées par la policière ComSupAdjt Lokeso Koso Carine pendant qu’il tentait de fermer le portail de la paroisse avant de succomber à ses blessures à l’hôpital peu après ». Etat de fait que réfute la police qui explique que Rossy n’aurait pas été assassiné par la capitaine Carine mais par un autre élément de la PNC arrêté et présenté à la presse ce lundi 26 février 2018.
Des bavures à répétition
Pour ce qui ressemble à des bavures à répétition, la PNC avait pourtant tablé sur « zéro mort » dimanche dans les marches organisées par le Comité Laïc de Coordination (CLC) ; avant d’en reconnaître un bilan de deux morts, celle de Rossy Mukendi Tshimanga à Kinshasa et d’une autre personne à Mbandaka mais en donnant une toute autre version de ces morts.
Sur place à Mbandaka, le policier qui a tué le manifestant le dimanche 25 février est passé dans un procès en flagrance à Mbandaka devant ses juges en audience foraine dans l’enceinte de la mairie de Mbandaka. Il est reproché à Céléo Bondeke, un major de l’escadron fluvial qui du reste « n’était pas en service » ce jour-là d’avoir tiré à bout portant sur 2 personnes qui revenaient de la manifestation des laïcs alors qu’elle était déjà terminée. Le drame s’étant déroulé au croisement des avenues Ipeko et Révolution non loin de l’église protestante de Kadelu.
Le corps de la victime Éric Boloko, élève en 6ème année (humanités) à l’Institut Moteyi de Mbandaka ; n’a toujours pas été remis à sa famille et se trouve à la morgue de l’hôpital de référence de Wangata selon des témoins. Sa famille en réclame la restitution pour son inhumation.
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Luaba Wa Ba Mabungi