Par Christelle YESALASO
Le magazine « Toi et Moi » a reçu Me Jean Claude KATENDE, Président National de l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme, ASADHO en sigle, pour échanger sur les différentes marches organisées le Comité Laïc de Coordination « CLC ». Depuis la fin de l’année 2017, 3 marches pacifiques pour réclamer l’application stricte de l’Accord de la Saint-Sylvestre : les 31 décembre 2017, 21 Janvier et 25 février 2018.
Pensez-vous que ces marches sont utiles et peuvent servir à quelque chose ?
JC Katende : Les marches sont très utiles, car elles constituent l’exercice d’un droit fondamental prévu par la Constitution de la République, d’une part, et que la mesure d’interdire les manifestations pacifiques est illégale, voire injuste dans un régime démocratique. Les marches montrent aussi que le peuple a pris en mains son destin et que malgré les morts, arrestations, intimidations, il est déterminé à faire changer les choses. Effectivement les marches servent à beaucoup de choses. Elles servent à revendiquer le respect de la Constitution et l’application intégrale de l’accord de la Saint Sylvestre. Par le respect de la Constitution, nous demandons que le Président Joseph KABILA parte de la tête du pays, car n’ayant plus de mandat, et que les mesures de décrispation convenues lors des négociations de la CENCO puissent être appliquées.
Ne trouvez-vous pas que les marches sont focalisées seulement à Kinshasa ?
JC Katende : Non, les marches ne sont pas seulement focalisées à Kinshasa. Le 31 décembre 2017, les marches étaient concentrées sur la ville de Kinshasa, mais nous avions aussi noté des cas de violation des droits des manifestants ailleurs. Les villes de Kananga, Mbandaka et Lisala avaient connu des manifestations qui ont été dispersées par les éléments de la Police Nationale Congolaise. Pour le 21 janvier et le 25 février 2018, les marches se sont étendues à l’ensemble du territoire national, malgré la répression violente. Il est important de signaler que non seulement les marches s’étendent à l’ensemble du pays, mais les congolais de diverses confessions religieuses et couches sociales y prennent part. Ce n’est plus seulement l’affaire des laïcs catholiques, mais de tous les congolais qui veulent que l’alternance politique ait lieu dans ce pays par l’organisation des élections libres, démocratiques, crédibles et apaisées.
Pensez-vous que les résultats de ces marches sont positifs ?
JC Katende : Les résultats des marches sont positifs même si nous ne sommes pas encore arrivés à la mise en œuvre intégrale de l’Accord de la Saint Sylvestre et au départ du Président Joseph KABILA. L’implication du CLC permet de battre en brèche la thèse de la Majorité Présidentielle qui disait toujours que les congolais sont fatigués de faire des marches qui ne servent à rien. Aujourd’hui, il est établi qu’à chaque appel du CLC, les congolais sont là en grand nombre pour prendre part aux marches. Les congolais démontrent aussi qu’ils n’ont pas peur d’exercer leurs droits constitutionnels malgré que la police et l’armée se comportent en ennemi du peuple ; en tuant, blessant et arrêtant leurs propres frères et sœurs pour protéger un pouvoir illégal et illégitime. Durant ces marches, nous avons vu des personnes ayant une déficience visuelle (aveugles) avec leurs cannes et les personnes vivant avec handicap sur des chaises roulantes qui ont participé aux marches du 21 janvier et du 25 février 2018. C’est un message fort… Tout le monde veut l’alternance politique au Congo. Déjà, il faut compter ces mobilisation et détermination du peuple congolais comme étant un des résultats de l’implication du CLC et de trois marches organisées depuis décembre de l’année passée. Nous sommes fiers de ces résultats et restons déterminés à participer à d’autres appels qui seront lancés par le CLC ou d’autres groupes tels que le groupe des signataires du Manifeste du Citoyen Congolais. Nous prenons l’engagement d’être toujours là, car ces actions sont importantes pour l’avenir de nos enfants.
Qu’est ce qui fait qu’à chaque appel du CLC pour la marche, la police dresse des barrières dans les rues de Kinshasa, contrôle les véhicules et opère des arrestations arbitraires ?
JC Katende : Le premier objectif de la police en faisant tout ceci est de protéger un pouvoir illégal et illégitime ; un pouvoir qui n’a plus la confiance des congolais. C’est un pouvoir qui doit sa présence à la répression et à la terreur à l’égard du peuple. Pour y arriver, elle doit instaurer un régime des terreurs afin de créer la peur et contraindre les congolais à rester chez eux, à ne pas participer à la marche. Nous n’allons pas nous laisser faire. Ceux qui répriment dans le sang les marches pacifiques doivent savoir qu’ils répondront de leurs actes devant la justice un jour. Chaque pouvoir, chaque règne a une fin. Le pouvoir du Président Joseph KABILA aura aussi sa fin.
Pensez-vous que la police opère de manière impartiale et professionnelle lors des marches pacifiques du CLC ?
JC Katende : La Police n’est pas au service du peuple congolais, mais à celui du pouvoir illégal et illégitime qui a pris notre pays en otage. Avant hier, le 24 février 2018, les jeunes du PPRD avaient envahi la cathédrale « Notre Dame » à Lingwala (KINSHASA), pour d’autres raisons que la prière en présence de la police qui les a laissés faire. Elle n’est intervenue que plusieurs heures après pour supplier les envahisseurs à partir. Si c’était les jeunes de l’opposition ou de la société civile qui avaient agi de la sorte, la police serait intervenue brutalement en les dispersant ou en tirant à balles réelles. Les injustices de la police sont visibles et graves. En ce qui concerne les marches, une police qui tire à balles réelles contre les manifestants qui n’ont pour armes que la bible, chansons religieuses, effigies de Jésus ou de la Sainte Marie… ne peut pas être considérée comme impartiale ou professionnelle. C’est une police qui n’a pas de raisons d’exister, car agissant en violation de la loi.
Pensez-vous que l’Eglise catholique doit continuer seule à réclamer l’application intégrale de l’Accord de la Saint-Sylvestre ?
JC Katende : Seule, l’église catholique fait déjà beaucoup et fait bouger le Congo. Nous souhaitons que les autres confessions religieuses participent à ces actions qui ont pour but que de permettre aux congolais de prendre leur destinée en mains. Seule, l’église catholique fait déjà beaucoup, mais ensemble nous ferons plus. Quand vous suivez leurs homélies, vous lisez leurs déclarations, vous comprendrez que les évêques ne s’adressent pas seulement aux chrétiens catholiques mais à tous les congolais.
Avec la répression de ce dimanche 25 février 2018, pensez-vous que le CLC doit encore appeler à de nouvelles marches ?
JC Katende : Nous condamnons la répression de ce 25 février 2018. Il y a eu encore de morts, des blessés et des arrestations pour rien. La seule manière pour le CLC de rester crédible et d’honorer les congolais(es) qui sont morts à cause de ses appels est de poursuivre la lutte jusqu’à ce que l’Accord de la Saint Sylvestre soit appliqué intégralement et que le Président KABILA parte. Nous encourageons le CLC à poursuivre ses actions. Nous, nous prenons l’engagement de participer aux marches quels que soient les risques que cela comporte. Notre existence n’a de sens que si nous participons à la libération totale du peuple congolais et de notre pays. C’est la dette que notre génération doit payer.
Maintenant que des poursuites judiciaires sont lancées contre les animateurs du CLC, ne pensez-vous pas qu’il est temps d’arrêter les appels à manifester pacifiquement ?
JC Katende : Il est d’abord important de féliciter les responsables du CLC pour leur engagement citoyen et courage. Ils sont devenus le modèle de résistance dans notre pays. Les poursuites judiciaires sont destinées à les intimider, mais ils ont démontré qu’ils n’ont pas peur et que la cause du Congo est plus importante que leur propre vie. Ils s’exposent pour nous tous et nous devons tous les soutenir en répondant massivement aux prochains appels. Dans le contexte du Congo, nous devons avoir trop de respects pour les responsables du CLC, car face à un pouvoir ivre, ils ont pris trop de risques en organisant la résistance du peuple. Nous n’allons pas trahir, nous tiendrons la promesse de soutenir le CLC et de participer aux marches pacifiques prochaines.
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