« Affaire double nationalité, procès en vue… », comme un oiseau touché en plein vol, ainsi en est-il du cas concernant le candidat à la présidentielle du 23 décembre 2018 Moïse Katumbi Chapwe qui risque d’être stoppé net dans son ambition d’être le prochain président de la RDC. Et pour cause, les révélations confirmées par un hebdomadaire parisien sur « double nationalité italienne » pendant 17 ans et à laquelle il a renoncé depuis lors.
Une situation dont tout le monde parlait déjà sans preuve en milieu d’année 2017, précisément en juin lorsque l’actuel ministre de la Justice et Garde des Sceaux Alexis Thambwe Mwamba déclarait au même hebdomadaire Jeune Afrique : « Qu’Il appartient à M. Katumbi, s’il sait qu’il est dans cette situation, d’enclencher la procédure prévue par la loi pour recouvrer la nationalité congolaise. ». En ayant acquis la nationalité italienne, Moïse Katumbi a-t-il de facto perdu sa nationalité congolaise ; la question reste posée ?
Selon l’article de Jeune Afrique du jeudi 22 mars 2018, Moïse Katumbi a détenu cette nationalité italienne depuis plus de 17 ans. Dans entre-temps, l’homme a été élu député national du Katanga aux législatives de 2006 avec plus de 100 000 voix, passant également à l’Assemblée provinciale du Katanga avant d’être élu, en janvier 2007, gouverneur de la province du Katanga avec 94 voix sur 102. Poste qu’il ne quittera que le 29 septembre 2015. Toutes ces élections exigent que le candidat détienne la nationalité congolaise.
« La boite de Pandore »
Aussi anecdotique que cela peut paraître aujourd’hui, on peut se poser la question de savoir pourquoi cette affaire refait surface en ce moment précis, au risque de réouvrir la « boite de Pandore » qui va éclabousser bon nombre des dirigeants congolais ?
A des degrés divers, les proches du régime tout comme leurs opposants sont détenteurs d’une autre nationalité que celle congolaise qui au regard de la Constitution de 2006 interdit expressément, dans son article 10, la binationalité : « La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec une autre ». Outre la nationalité, bon nombre de ces dirigeants sont également détenteurs d’une « carte de résident » légale d’un pays étrangers, question d’assurer ses « arrières » le jour où les choses changeront brutalement. Ainsi, le moyen mariage avec des épouses ou des enfants détenteurs d’un passeport étranger ont été utilisés pour le besoin de la cause.
Qui en veut autant à Katumbi et pourquoi cet acharnement alors qu’il a été plus de 10 ans responsable n°1 du PPRD, le parti présidentiel et un proche du chef de l’Etat Joseph Kabila ? Devenu une cible de choix du régime de Kinshasa depuis son divorce retentissant mais surtout l’annonce de ses ambitions de devenir « Calife » à la place du « Roi », Katumbi venait de sabrer un triomphe avec le lancement de sa plateforme électorale « Ensemble pour le changement » depuis Johannesbourg en Afrique du Sud le 12 mars 2018.
Lire aussi : RDC : Moïse Katumbi lance son mouvement électoral « ENSEMBLE » https://www.afriwave.com/?p=8082
De cette « boîte de pandore » sur la question de la double nationalité des responsables politiques en RDC, l’on se rappellera la polémique sur l’emblématique cas de la nationalité belge de Samy Badibanga Ntita fraichement nommé premier ministre à l’issue du Dialogue sous Edem Kodjo. Et c’est l’actuel porte-parole de Katumbi, Olivier Kamitatu qui en fut le déclencheur.
Dans une confusion et précipitation sans preuves, Badibanga dira avoir renoncé à sa nationalité belge, chose qui n’a jamais été confirmé par les autorités belges via l’Office des Etrangers, l’organe qui gère ce genre de dossier ; un cas contraire à celui de Katumbi pour qui les autorités italiennes confinement sa renonciation.
Des démêlées judiciaires à n’en finir pas
Alors que le dossier de « sa double nationalité » est encore chaud, Katumbi n’en finit pas avec ses problèmes. Dans un courrier adressé au président de la Cour suprême de Justice en date du 18 mars 2018 et apparemment non destiné à la publication, le Procureur Général de la République (PGR) ; Floribert Kabange Numbi demande l’accélération de la procédure dans le dossier Katumbi.
Pour ce qui apparait comme de la pression sur les instances judiciaires, il y a lieu de se demander le pourquoi de ce timing ? Le PGR insiste à ce que ‘soit le plus vite fixé une date d’audience dans l’affaire qui oppose Katumbi au sujet grec Alexandros Stoupis. Dossier pour lequel Katumbi avait condamné à trois ans de prison ferme par le tribunal de Kamalondo à Lubumbashi dans le Haut Katanga dans une affaire de spoliation d’immeuble. Cette condamnation et la peur d’être emprisonné ont poussé Katumbi dans un exil forcé à Bruxelles depuis deux ans.
Pourtant, le jeudi 20 juillet 2017, le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Lubumbashi, dans le Haut-Katanga, avait surpris son monde, en se dessaisissant de l’affaire opposant Moïse Katumbi au ministère public et Emmanuel Alexandros Stoupis ; qui du coup a été délocalisée à Kinshasa en appel. La juge l’ayant condamné en fuite en France, un autre magistrat ayant connu une tentative d’assassinat ; le dossier Katumbi prend d‘autres dimensions. Ce qui donne de l’eau au moulin de ses défenseurs comme proches pour clamer son innocence et crier à « un procès politique ». L’objectif final étant d’obtenir sa condamnation définitive en vue de sa disqualification à la prochaine présidentielle du 23 décembre 2018.
Mais Katumbi y renoncera-t-il se demande l’opinion au moment où la lettre même du PGR dit qu’il est de la nationalité congolaise ?
C’est un dossier à suivre !
Roger DIKU