C’est un message de deux pages mais dont le contenu est dense. Monseigneur Sikuli Paluku Melchisédech, Evêque du diocèse de Butembo-Beni s’est adressé à la classe gouvernante et politicienne de la RDC. Des mots bien choisis pour transmettre la colère mélangée au chagrin d’un prélat qui voit ses fidèles égorgés, kidnappés. Le diocèse de Butembo-Beni couvre les territoires de Beni et Lubero, au Nord-Kivu et une partie de l’Ituri, à l’Est de la RDC. Une zone en proie à l’insécurité depuis des décennies.
Ce message a été signé et rendu public jeudi 29 mars en marge des festivités de Pâques. Mgr Sikuli se montre d’emblée inquiet de voir les fidèles de son diocèse se préparer à la Fête de Pâques de cette année liturgique dans des conditions d’insécurité. Il déplore notamment qu’à la Paroisse Notre Dame de Fatima de KABASHA, en territoire de Beni, toute la population ait été forcée à fuir à cause des affrontements entre FARDC et miliciens mercredi 28 mars.
Dans ce même message, l’Evêque de Butembo-Beni se dit écœuré par les massacres et l’enlèvement des civils, ainsi que le pillage de leurs biens dans la Paroisse Saint Gustave de Beni-Paida à Beni. Dernier cas, dans la bourgade de SOBIEDE et, encore une fois, à MAYANGOSE. Il s’interroge sur le rôle que jouent les forces armées présentes dans la zone.
« Pourtant, non loin des ces cibles de l’ennemi, il y a des positions des FARDC et de la MONUSCO censées protéger les personnes et leurs biens. Mais Hélas ! On a tué et attaqué, sans aucune intervention, sinon tardive, de toutes ces forces militaires », s’exclame le prélat.
L’homme de Dieu a rappelé les demandes qu’il a maintes fois formulées à l’intention des autorités au pourvoir. Mais pour cette fois, Sikuli a changé de ton, ce qui laisse penser que lui-même en a assez : « C’est pourquoi, au nom de toute la population et de tous les fidèles, je lance encore un cri de détresse et d’appel vers tous ceux qui détiennent la responsabilité et la garantie constitutionnelles de la paix dans notre pays afin qu’ils dénichent une fois pour toutes l’énigme de cette série des massacres de notre pauvre population », lit-on dans ce message.
Parlant spécialement des massacres de Beni, l’Evêque rappelle qu’un mauvais diagnostic volontaire ou involontaire conduit souvent à un mauvais traitement. D’où sa question de savoir comment expliquer la résurgence des groupes armés à Beni, Lubero et dans l’Ituri au début de l’année électorale.
Il a aussi fait usage d’une métaphore, comme pour dire quelque chose d’important aux gouvernants congolais. « Ils perdent le temps », peut-on résumer : « Comme disait Voltaire, il y a 4 manières de perdre son temps : 1. Ne rien faire, 2. Ne pas faire ce que l’on doit faire, 3. Mal le faire, 4. Le faire à contre temps. Dans ce cas, le peuple a le plein droit de retirer démocratiquement sa confiance aux autorités qui ne répondent pas à leurs obligations régaliennes », insiste Sikuli.
Pour rappel cinq prêtres du diocèse de Butembo-Beni demeurent en captivité, dont deux assomptionnistes depuis bientôt six ans et deux abbés depuis bientôt de neuf mois. Les preneurs d’otages, les mobiles du kidnapping et surtout la destination de ces pasteurs ne sont connus de personne.
Katson Maliro