Il y a tout juste 60 ans, le 17 avril 1958, l’exposition universelle de Bruxelles ouvrait ses portes au public. Pavillons internationaux, Atomium… l’exposition a laissé des traces mais pas que de bons souvenirs. Certains participants ont même claqué la porte avant la fin. Il s’agit de figurants qui devaient reconstituer un village congolais, une sorte de zoo humain. La manifestation d’un racisme explicite ?
Pour Maarten Couttenier, historien et anthropologue au musée Royal de l’Afrique centrale à Tervuren, l’intention de départ n’était pas mauvaise. Il s’agissait avant de « montrer les beaux-arts des congolais ». Néanmoins, « il y avait le public d’un côté et les villageois congolais de l’autre côté. En 1958, cette séparation est quand même aberrante et même très curieuse ».
Suprématie occidentale
Pour les Occidentaux, ces expositions de « village nègre »- comme on les appelait à l’époque – étaient aussi une façon de montrer leur suprématie sur le peuple africain. « Ces expositions universelles étaient de la propagande coloniale », explique Maarten Couttenier. « Depuis Anvers au 19e siècle jusqu’à Bruxelles [en 1958], le but était de montrer les aspects positifs de la colonisation. Le négatif était caché ».
A l’époque, à Léopoldville [actuelle Kinshasa], « il y avait une ségrégation raciale avec la ville des blancs et la ville des Africains », ajoute l’anthropologue. « Quand les Congolais sont venus à Bruxelles et ont vu qu’il y avait aussi des ouvriers blancs, ça a totalement changé les esprits ».
Des bananes jetées
En découvrant ce zoo humain, certains visiteurs ont eu un comportement totalement inapproprié en jetant, par exemple, des bananes. Les figurants ont donc décidé eux-mêmes de partir.
Ce départ signifie qu’« en 58, il était déjà possible d’avoir une voix. Ce n’était pas le cas au zoo humain de Tervuren en 1897 », explique Maarten Couttenier. « A Tervuren, il y avait des soldats et des policiers pour garder ces congolais dans le ‘village nègre’. En 1958, lors de l’exposition universelle, la situation sociale, politique, économique avait totalement changée. Et ils avaient une voix pour dire ‘on n’est pas d’accord et on rentre ».
Selon lui, il est faux de penser que les zoos humains appartiennent au passé. « Avant-hier, j’ai encore vu l’émission BBC ‘Predators, Tribes, and me’, où quelqu’un rend visite des Africains et parle de tribus. Ça existe donc encore aujourd’hui », conclut-il.
Article à lire sur : Avec son zoo humain, l’Expo 58 n’a pas laissé que de bons souvenirs https://www.rtbf.be/info/societe/detail_avec-son-zoo-humain-l-expo-58-n-a-pas-laisse-que-de-bons-souvenirs?id=9894679
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