Rodrigue Loué avec AFP
La Mission des Nations unies en Centrafrique est décidée à tenir bon face à l’agitation des groupes armés, qui font la loi en RCA. Malgré les attaques de ces groupes ultra violents, la Minusca fait savoir qu’elle ne cédera pas à l’intimidation.
Ce mercredi, la Minusca a durci le ton face aux groupes armés, dont certains éléments se sont massés à Kaga Bandoro, ville située à 300 km au nord de Bangui la capitale. Au cours d’une conférence de presse, Vladimir Monteiro, le porte-parole de la Minusca, a martelé que « la Mission ne cédera pas à l’intimidation et continuera, en toute impartialité, à assurer son mandat de protection des civils et des institutions ».
Mais cela suffira-t-il à doucher les ardeurs de ces bandes armées ? Vendredi, deux de ces groupes, transfuges de la défunte Séléka (groupe rebelle à dominance musulmane qui a renversé le président Bozizé en 2013) se sont concertés à Kaga Bandoro. Ils s’agissent du Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) et du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC). Ces éléments armés se sont réunis “pour mettre en place une coordination militaire”, aux dires d’une source issue du FPRC.
Pire encore, « l’option de descendre sur Bangui n’est pas exclue », selon Aboubakar Sidik Ali, chargé de communication du FPRC.
Et comme si la situation n‘était pas déjà assez délétère, l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), un autre groupe lui aussi issu de l’ex-Séléka, pourrait s’ajouter à ce cocktail explosif. En effet, l’UPC, à l’instar des deux autres groupes cités, prévoit de tenir son conseil d’ici la fin de cette semaine. L’ordre du jour est simple : décider de s’associer, ou non, à la coordination militaire MPC- FPRC.
Conseils de guerre sur fond de revanche
« Notre mouvement attend encore des clarifications sur les revendications et l’objectif du FPRC », a fait savoir une source de l’UPC.
Pour justifier leur mobilisation et éventuelle fusion, les groupes armés issus de l’ex-Séléka brandissent la thèse de revanche. Pour rappel, la Minusca avait lancé une opération contre les milices qui font la loi au tristement célèbre quartier musulman de PK5 (à Bangui). Ce qui a fini par soulever le courroux de ces groupes, décidés à laver ce qu’ils considèrent comme un affront de la part de la mission onusienne.
Mais la Minusca a une autre version des faits. Vladimir Monteiro fustige « la manipulation et la désinformation sur l’objectif de cette opération, ainsi que son instrumentalisation par les groupes armés, notamment le FPRC et le MPC ».
Au cours de la conférence de mercredi, Ange Maxime Kazagui, ministre et porte-parole du gouvernement, a soutenu les propos de monsieur Monteiro. « Ce n’est pas une opération qui vise les membres de la communauté musulmane, il ne faut pas faire de l’amalgame », a insisté le ministre centrafricain.
Quant à l’UA, elle opte pour un dialogue avec ces fameux groupes armés. L’instance africaine privilégie l’option d’une feuille de route pour la paix en Centrafrique. Pour ce faire, des facilitateurs de l’UA ont rencontré ces dernières semaines les quinze groupes armés qui font la pluie et le beau temps en RCA, particulièrement à l’intérieur du pays.
C’est en 2013 que la Centrafrique a basculé dans la violence tous azimuts, suite au renversement de François Bozizé par les Séléka, jadis dirigés par Michel Djotodia. Les choses se sont aggravées après le départ de Djotodia, contraint à l’exil.
Les chrétiens, désireux de prendre leur revanche suite aux exactions (supposées ou avérées) des musulmans de la Séléka, se sont constitués en milices connues sous le nom d’anti-balaka. Ce qui a tourné à l’affrontement interreligieux.
Depuis, le pays ne parvient pas à sortir de la spirale de violences, malgré la présence de la Minusca et de l’armée française dans le cadre de l’Opération Sangaris. Opération qui a d’ailleurs pris fin le 31 octobre 2016.