Le 25 avril 2018 courant, deux mois se seront passés depuis que l’activiste Rossy Mukendi Tshimanga est tombé abattu dans l’enceinte même de la paroisse catholique Saint Benoit de la commune Lemba sous les balles de la police nationale congolaise. C’était lors de la 3ème manifestation pacifique sur appel des chrétiens catholiques réunis au sein du Comité Laïc de Coordination (CLC) pour exiger l’application de l’Accord politique de la Saint-Sylvestre et ainsi sortir le pays de la grave crise politique devenue institutionnelle dans laquelle il est plongé depuis décembre 2016.
Deux mois après, l’activiste n’a toujours pas eu droit à des obsèques, pire encore sa famille est interdite de voir simplement sa dépouille si elle se trouve encore ou pas dans la morgue. De plus, son père et son frère ainsi que d’autres membres de la famille proche comme les membres de son mouvement citoyen Collectif 2016 sont tous ; à de degré divers menacés par des inconnus se réclamant des services de sécurité et des renseignements congolais.
Le CLC de nouveau au créneau : « Rendez-nous le corps de Rossy Mukendi »
Alors que sa trêve unilatérale de manifester arrive à terme le 30 avril 2018 sans qu’aucune de ses revendications ne soient prises en compte par le régime qui s’accommode dans son confort, le CLC monte de nouveau au créneau.
Dans un communiqué diffusé le 19 avril 2018, les catholiques réclament à ce qu’on leur « rende le corps de Rossy Mukendi ». Ils y soulignent « la consternation de la famille, des jeunes des mouvements citoyens et de tout le peuple de constater que les autorités de la ville -province de Kinshasa continuent, sans remords, à refuser des funérailles à ce digne fils du pays, lâchement assassiné lors de la marche pacifique du 25 février 2018 ».
Le CLC dénonce également le fait qu’à « plusieurs reprises, les parents du défunt ont tenté de rentrer en possession de son corps pour organiser ses obsèques et permettre ainsi à sa femme et à sa famille élargie de reprendre le cours normal de la vie conformément aux coutumes africaines » mais en vain.
Face à ce qu’il considère comme des manœuvres dilatoires et autres « cyniques refus » des autorités de la ville avec des « exigences répétées d’autopsie et d’introduction de nouvelles lettres de demande de levée de corps » tout comme du site pour la tenue de la veillée mortuaire à la FIKIN, le CLC se pose des questions :
- Rossy, mort fait-il plus peur que vivant ?
- Les autorités de la ville auraient-elles enterré Rossy sans nous ?
- Pourquoi dans cette hypothèse, ne pas nous dire où reposerait le corps de notre frère ?
- Si Rossy est encore à la morgue, pourquoi ne pas nous donner son corps ?
Pour finir, le CLC rassure que « Le corps de Rossy, nous continueront à le réclamer sur la place publique, avec nos pancartes de fortune, nos bracelets, nos rameaux, nos foulards de tête, des mères et de jeunes filles et autres insignes sur nos voitures et devant les portes de nos maisons et bureaux ou ailleurs ».
Le communiqué signé par les deux femmes et mères du groupe Léonie Kandolo et Gertrude Ekombe se termine par cette interpellation : « Tous nos regards et nos corps physiques, de nuit comme de jour, seront des interpellations permanentes jusqu’à l’enterrement de Rossy par nous tous, ses parents, frère st sœurs, au pays comme à l’étranger ».
Une campagne sur les réseaux sociaux
Après la campagne réussie de fonds pour ses obsèques qui a permis la récolte de plus de 22.000 Euros sur Facebook, une nouvelle autre dynamique se passe actuellement sur les réseaux sociaux sous le hastag #FreeRossy pour réclamer la restitution à sa famille de son corps en vue des obsèques dignes.
Avec une forte adhésion des jeunes du pays comme de la diaspora, tous comme un seul homme réclament la restitution du corps de Rossy pour des hommages populaires et un enterrement dans la dignité. Pourvu bien sûr que ce message soit entendu dans le camp du régime dont on sait la fin inéluctable et avant qu’il ne soit peut-être trop tard !
Luaba Wa Ba Mabungi