RDC- Belgique : Kinshasa récuse tout « visa d’entrée » délivré par son Consulat Général d’Anvers !

L’escalade entre la RDC et son ancienne métropole n’est toujours pas prête à s’éteindre. Preuve, cette lettre énigmatique adressée par le Consul Général Louise Nzanga Ramazani au responsable de la compagnie d’aviation Brussels Airlines. Une copie du même courrier étant réservée aux responsables de Turkish Airlines et d’Ethiopian Airlines tous à l’aéroport de Bruxelles-National à Zaventem.

Daté du 12 mai 2018, ce courrier met en garde la compagnie belgo-allemande Brussels Airlines « de s’abstenir d’embarquer à son bord dorénavant tout porteur de visa congolais établi par le Consulat Général de la RDC à Anvers qui est tenu de le refaire à l’ambassade de la RD Congo à Bruxelles ».

La conséquence étant ainsi d’éviter que le détenteur d’un tel visa « ne fasse l’objet de refoulement à son arrivée à Kinshasa ». Pour les autorités congolaises, « cette mesure demeurera d’application tout le temps que le Consult Général de la RDC à Anvers restera, jusqu’à nouvel ordre, fermé ».

Une question pourtant, pourquoi cette mesure ne s’adresse-t-elle qu’à trois compagnies, Ethiopian, Turkish et SN et non les autres à l’instar d’Air France, Royal Air Maroc ou encore Kenya Airways qui embarquent des passagers depuis Bruxelles ?

Cette situation ubuesque risque de perdurer dans le temps du fait que depuis quelques jours déjà, des rumeurs faisaient état de la mise en vente des Bureaux dudit Consulat fermé suite aux brouilles entre Kinshasa et Bruxelles. Et chose grave, « le personnel de ce Consulat continueraient pourtant à vendre les visas pour la Rdc à la Gare Centrale d’Anvers, non loin du bâtiment de la Bourse de diamant de cette ville flamande. Les prix étant soldés, ce qui attire plus du monde » s’étonne une source sous couvert d’anonymat. Et d’ajouter : « En lieu et place de perdre mon temps à l’ambassade à Bruxelles, j’avais mon visa à Anvers dans 3 heures ».

Est-ce à cause de cette pratique frisant la corruption que Kinshasa a décidé de récuser les visas octroyés par son propre Consulat à Anvers ? Et qu’en adviendra-t-il des passagers des compagnies non concernés par cette lettre qui débarqueraient à Kinshasa avec des visas obtenus à Anvers ? « Posez toutes ces questions, c’est y répondre » note un autre usager dépité de ces services.

Pourquoi alors cette énième mesure abrupte dans les relations déjà si tendues entre les deux pays se demandent les observateurs ? L’on sait que c’est depuis le 05 février 2018 que Kinshasa avait pris la décision de fermer son consultât d’Anvers en Belgique. En signe de réciprocité, le pays exigeait de Bruxelles d’en faire de même en fermant ses deux consulats de Goma et Lubumbashi.

Par la même occasion, cette décision des autorités congolaises intervenait le même jour après celle aussi sommes toute symbolique frappant la compagnie d’aviation Brussels Airlines avec la baisse de la fréquence de ses vols vers Kinshasa, faisant ainsi les frais des représailles de la RDC vis-à-vis de son partenaire belge.

Pour justifier sa décision, Kinshasa évoquait le « manque de réciprocité dans l’exploitation des services aériens entre la RDC et la Belgique » alors que les compagnies aériennes congolaises n’ont pas accès au ciel belge. Et pour cause, toutes les compagnies aériennes congolaises figurent sur la liste rouge de celles interdites de vol en Union européenne. Pour exemple, entre 2013 et 2016, la RDC a enregistré pas moins de 24 crashs d’avions.

Lire aussi : RDC-Belgique : Kinshasa ferme son Consulat d’Anvers et exige la réciprocité de la Belgique pour Goma ou Lubumbashi https://www.afriwave.com/2018/02/05/rdc-belgique-kinshasa-ferme-son-consulat-danvers-et-exige-la-reciprocite-de-la-belgique-pour-goma-ou-lubumbashi/

Anvers, un bureau facile

Alors que les tracasseries en tous genres sont imputées au service de l’ambassade de la Rue marie de Bourgogne en matière d’obtention de visa, le Consulat d’Anvers était réputé un bureau facile. « Moyennant quelques billets d’Euros en plus du prix normal d’un visa ordinaire, on repartait quelques heures plus tard avec son passeport estampillé du visa congolais » explique un usager fréquent de Maarschalk Gerardstraat 2, à 2000 Antwerpen.

L’on se souviendra également que c’est depuis mi-janvier 2018 que Bruxelles avait annoncé une « révision fondamentale » de sa coopération avec les autorités congolaises jusqu’à l’organisation d’élections crédibles. Et depuis lors, Kinshasa a multiplié les gestes hostiles en visant tout ce qui peut peser sur les affaires belges en RDC.

Roger DIKU et TSHIKUYI Tubabela à Bruxelles