C’est une ambiance de confusion et de contradiction qui règne tout autour des informations rendues public le lundi 07 mai 2018 par l’auditeur militaire supérieur de Kananga, le Lieutenant-Colonel Jean Blaise Bwamulundu Guzola sur la découverte des restes des corps des accompagnateurs des experts de l’ONU tués en mars 2017 déjà contredite.
Selon le militaire, c’est dans la localité de Moyo Musuila non loin de la ville de Kananga en province du Kasaï Central où Michaël Sharp et Zaida Catalan avaient été tués que deux corps supposés des accompagnateurs auraient été retrouvés le 24 avril 2018. Ce serait une équipe congolaise assisté de représentants de la Monusco et d’un membre de l’équipe des experts de l’ONU chargé d’appuyer l’enquête congolaise qui aurait mis à jour cette affaire plus d’un an après l’odieux assassinat.
La diffusion de cette information aura été l’aubaine pour la ministre des Droits Humains Marie-Ange Mushobekwa pour affirmer la volonté du régime de Kinshasa à faire toute « la lumière dans cette affaire ». Un couac cependant dans cette communication tout azimut : le timing « in tempore suspecto » de cette annonce correspond à quelques jours près avec les révélations de l’Agence France Presse faisant état d’un rapport remis aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU qui souligne des obstructions congolaises dans le travail des enquêteurs onusiens au sujet du meurtre de Zaida Catalan et Michael Sharp. Chose que nie Mushobekwa pour qui « les enquêtes se déroulent normalement et les rapports entre les enquêteurs internationaux et les autorités congolaises sont au beau fixe ».
La réaction des organisations de Droits de l’Homme
Pour Paul Nsapu, SG Adjoint pour l’Afrique à la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), l’information rendue publique le lundi 07 mai 2018 demeure « confuse et erronée ». Selon lui et de ses sources sur terrain, « cette sortie surprenante de Mme Mushobekwa quelques jours après la visite de Mme Fatou Bensouda la procureure de la Cour Pénale Internationale (CPI) à Kinshasa se situe dans le cadre d’ une stratégie globale mise en place par les services secrets congolais dans l’ objectif de camoufler d’ avantage la vérité sur ces ignobles crimes perpétrés contre les experts enquêteurs onusiens Michael Sharp et Zaida Catalan et leurs accompagnateurs Betu Tshinsela, Isaac Kabuayi et deux conducteurs de moto ».
Et de poursuivre : « Par cette énième parodie d’enquête non indépendante, le régime tient à désengager sa responsabilité dans cette série des crimes commis ».
A lire aussi : RDC : Assassinat de Zaida Catalán et Michael Sharp, le rapport du Comité d’enquête remis à Antonio Guterres https://www.afriwave.com/2017/08/02/rdc-assassinat-de-zaida-catalan-et-michael-sharp-le-rapport-du-comite-denquete-remis-a-antonio-guterres/
Toute chose restant égale par ailleurs, le chemin vers la vérité dans cette macabre affaire reste encore longue.
Luaba Wa Ba Mabungi