PAR Florian Loisy (@florianloisy sur twitter)
Francis Mvemba, 35 ans, a grandi aux Tarterêts à Corbeil-Essonnes. Sa fortune faite grâce à l’extraction de diamants, il se présente aux élections présidentielles en République Démocratique du Congo.
Il est allé au-delà de ses rêves d’enfant. Au lycée, lorsqu’il dormait encore dans la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes, Francis Mvemba gardait sous son matelas une photo d’une Audi TT. « J’ai économisé et j’ai pu me l’acheter dès mes 23 ans », sourit celui qui a désormais et dans son garage une Lamborghini, une Ferrari, une Bentley, mais ne jure que par ses tractopelles et les excavatrices qui lui permettent d’extraire des diamants.
Aujourd’hui multimillionnaire, Francis Mvemba vit entre Monaco et le continent africain. Avec l’association caritative qu’il a fondée, il a sorti plusieurs centaines de personnes de la rue. Mais il veut désormais aller plus loin et se présente aux élections présidentielles de la République Démocratique du Congo, qui auront lieu en décembre 2018. Récit d’un parcours hors du commun.
Des Tarterêts à la présidence du Congo
Sa carrière de footballeur brisée
A 35 ans, Francis Mvemba a déjà eu mille vies. Footballeur de talent, sa carrière est stoppée en 2005 par une blessure au ménisque. En parallèle, l’enfant des Tarterêts monte une entreprise de transport. « J’ai commencé en portant des cartons et en effectuant des livraisons dans ma société, j’enchaînais ensuite avec mes entraînements de foot, ça faisait de sacrées journées », se rappelle cet athlète d’1,92m.
Mais en 2008, il est contraint de mettre la clef sous la porte. « Je me suis dit que j’allais en profiter pour tenter l’aventure africaine », poursuit-il. Il part en République Démocratique du Congo, son pays d’origine, et se décide à travailler dans l’extraction et la vente de diamants et d’or.
En Afrique, il s’associe avec un businessman suisse
Un billet en classe éco, des petits hôtels sans climatisation. Il commence à travailler, un peu. Puis rencontre en 2010 un acheteur en Suisse qui lui confie avoir un problème avec un négociant africain. « Il avait donné 400 000 $ à quelqu’un qui devait lui ramener de l’or et des diamants, mais il le menait en bateau, souligne-t-il. A force, je connaissais un peu tout le monde et j’ai pu mettre cet homme face à ses contradictions et récupérer 192 000 $. Le reste, il l’avait déjà dilapidé ».
Dans la foulée, ce businessman de Genève décide de s’associer avec Francis Mvemba pour monter une entreprise baptisée Eufrasia, qui vend les pierres brutes en Europe à des joailliers qui se chargent de les tailler. Leur première destination est le Burundi. Puis le Burkina-Faso. « Tout s’est fait dans les règles, avec les licences, les certificats », assure le millionnaire, documents à l’appui.
Les associés passent la vitesse supérieure et deviennent eux-mêmes producteurs au Cameroun et au Congo. « On a acheté 4 appareils pour draguer le fond de la mer, ça nous a coûté 750 000 € et on a trente personnes qui sont sur chaque machine », détaille Francis Mvemba. Des bulldozers raclent, eux la terre ferme.
« Avant que ça marche comme ça, j’ai bossé dans les mines »
« Mais avant que ça marche comme ça, j’ai bossé dans les mines, j’ai creusé moi-même sous le sol avec une pioche, dans des endroits où on ne respire pas, plein de poussière, relate celui qui porte aujourd’hui des bijoux aux doigts et aux poignets. J’ai attrapé le paludisme, je me lavais avec une bouteille d’eau. Et je ne mangeais que des bananes plantain pour ne pas être malade ».
Sa fortune faite, il décide de se « tourner vers le caritatif ». « Pour rendre un peu de tout ce que j’ai eu », explique-t-il. Au départ, ce sont ses voisins dans le village où il vit qui le sollicitent. Puis les enfants qui dorment dans la rue. « J’ai commencé par acheter un fauteuil roulant pour l’un, payer la scolarité d’un autre, ces gens dormaient devant chez moi et du coup le problème des autres est devenu mon problème », lâche Francis Mvemba.
« L’avenir c’est l’Afrique »
Sa Fondation Eufrasia voit le jour en 2014, financée par 150 000 € de ses fonds propres afin de sortir les femmes et les enfants de la rue. A l’instar des Restos du Cœur, il décide lui aussi d’écrire une chanson pour cette fondation, qui devient en 2015 un immense succès à la radio. « Mais j’ai refusé de la commercialiser, pour que l’on ne puisse pas m’accuser d’essayer de me faire de l’argent sur la charité », martèle-t-il.
S’engager maintenant en politique relève à ses yeux d’une suite logique. « L’avenir c’est l’Afrique et je veux servir mon peuple, lance le candidat. Je vais axer mon programme sur la sécurité, mettre les gens au travail en lançant une campagne de rénovation des infrastructures, des routes. Je veux électrifier toute la RDC. »
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