Moïse Katumbi n’en aura pas encore fini avec la justice congolaise qui vient d’ouvrir une nouvelle et nième information judiciaire à son encontre depuis ce lundi 18 juin 2018. Et ce, en relation avec la nouvelle affaire concernant son passeport semi biométrique congolais.
Dans le communiqué du Parquet Général de la République signé le Directeur de Cabinet, l’Avocat Général Joseph Nsabua Kapuku on peut y lire : « Conformément à l’article 223 de la constitution de la République Démocratique du Congo, le Parquet Général de la République, faisant office du Parquet Général près de la Cour de Cassation, informe l’opinion qu’il ne pouvait rester indifférent face aux accablantes révélations faites par la presse internationale sur l’interpellation de Monsieur Moïse Katumbi Chapwe à l’aéroport de Bruxelles (Zaventem) en possession d’un passeport congolais visiblement falsifié. Aussi vient-il d’ouvrir une information judiciaire à charge du préqualifié ».
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Quid d’un acharnement judiciaire ?
Dans sa sémantique, le service du Procureur prend à témoin « l’opinion qu’il ne pouvait rester indifférent face aux accablantes révélations de la presse internationale… ». L’empressement avec lequel le Procureur Général de la République (PGR) s’est saisit du nouveau dossier Katumbi est tout de même assez « exemplaire », surtout lorsqu’on connait le nombre des affaires de corruption, détournements et vols qui gangrènent la société congolaise.
Pourquoi cette justice à deux vitesses lorsqu’il s’agit plus des opposants que des membres du régime ou leurs proches ? D’autant plus que plusieurs dossiers sont en suspens chez le même PGR, notamment les spoliations des immeubles de l’Etat, le blanchiment et détournements d’argent dans l’affaire Panama Papers, la banque BGFI, Semlex, Bukanga Lonzo, le récent bâtiment Hypnose de Lubumbashi, etc ?
Curieusement, le PGR demeure muet devant des faits aussi graves et se sent épris de justice sur l’affaire du passeport de Katumbi. « Cela y ressemble à s’y méprendre à de l’acharnement contre la personne de Katumbi à qui l’on voudrait à tout prix faire payer le prix de s’être rebellé contre le pouvoir » note un autre membre de la famille judiciaire sous couvert de l’anonymat.
Pourquoi le PGR ne s’est-il pas intéressé de savoir qui est à la base de la manipulation informatique intervenue dans les données d’identité de Katumbi contenues dans la puce de ce passeport en lieu et place de s’en prendre une nouvelle fois à lui ? Qui a modifié la mention de sa profession de « commerçant » à « commerçante » et pourquoi, au profit de qui alors que seule l’administration congolaise via son ministère des Affaires Etrangères qui délivre les passeports gère le système avec sa base des données tout en ayant ont la capacité d’y entrer ?
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Ce « faux en informatique » avéré est punissable en Belgique où les faits se sont passés selon l’article 210 bis du code pénal belge : « Celui qui commet un faux en introduisant dans un système informatique, en modifiant, en effaçant des données, qui sont stockées, traitées ou transmises par un système informatique, ou en modifiant par tout moyen technologique l’utilisation possible des données dans un système informatique et par la modification la portée juridique de telles données, est puni d’un emprisonnement de 6 mois à 5 ans ».
Luaba Wa Ba Mabungi