D’importants changements et autres nominations sont intervenus au sein des Forces Armées de la RDC (FARDC) depuis le samedi 14 juillet 2018. Par une série d’ordonnances présidentielles, Joseph Kabila a promu à des postes de haut rang certains fidèles et proches de tous les temps.
C’est le cas principalement du Lieutenant-Général Célestin Mbala Munsense, ex-adjoint jusqu’hier qui est nommé chef d’Etat-major général des FARDC en remplacement de son ancien supérieur, le vieillissant Didier Etumba qu’on annonçait sur le départ depuis fort longtemps mais qui devient conseiller militaire de Kabila.
Le cas John Numbi Banza Thambo
Comme « un coup de nez » aux communautés nationale et internationale, le retour du banni-réintégré mais surtout controversé général John Numbi Banza Thambo nommé comme Inspecteur général des FARDC. Après huit ans d’une « non suspension », l’ancien chef de la police nationale revient ainsi dans les effectifs militaires à un poste encore important qui relève directement du ministre de la Défense. Il sera ainsi appelé à s’occuper « du contrôle interne ; mieux, du fonctionnement de l’ensemble de l’armée », comme l’explique un spécialiste des questions militaires sous couvert d’anonymat.
Suspendu depuis juin 2010 pour sa « probable implication dans le double assassinat de Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana dont le corps n’a jamais été retrouvé jusqu’aujourd’hui », John Numbi avait été réhabilité, il y a quelques mois, par le Kabila, et reversé dans l’armée, son corps d’origine selon les termes de l’ordonnance le concernant.
Sa nomination intervient alors que « l’affaire Chebeya » attend d’être examinée par la justice à Dakar après le procès raté de Kinshasa, la justice congolaise n’étant jamais parvenue à établir la culpabilité de Numbi Banza Thambo. Pourtant, Paul Mwilambwe cité dans cette affaire et ancien policier de garde au soir du meurtre qui s’est constitué prévenu au Sénégal où il est exilé depuis ; accuse clairement son ancien supérieur d’avoir donné l’ordre d’exécution du défenseur des droits de l’homme et son chauffeur.
Comme certains heureux promus restent tout de même visés par des sanctions américaines et européennes pour leur rôle dans l’appareil répressive et sécuritaire, mais aussi pour l’empêchement de toute évolution démocratique dans le pays.
Le Général Gabriel Amisi Kumba dit Tango Fort, numéro 1 de la 1ère Zone de Défense des Forces armées du pays pour la ville province et capitale Kinshasa ; lui devient le nouveau chef d’État-major adjoint chargé des Opérations et du Renseignement. De son côté le général François Olengha, jusque-là chef de la maison militaire du chef de l’Etat et également sanctionné par les États-Unis est promu chargé des missions du chef d’Etat.
Lire aussi : RD Congo et nouvelles sanctions américaines : les Généraux Amisi Kumba et Numbi Banza à la trappe ! https://www.afriwave.com/2016/09/28/rd-congo-et-nouvelles-sanctions-americaines-les-generaux-amisi-kumba-et-numbi-banza-a-la-trappe/
Autres nominations concernent les Généraux Majors dont les heureux nominés sont le Général de Brigade Mbangu Mashita Marcel qui devient Général Major, et aussi Général De Brigade Delphin Kahimbi, chef de la Demiap qui devient aussi Sous-Chef d’Etat-Major chargé du Renseignement. Le Générale de Brigade Symphorose Kabwanga devient Secrétaire Général aux Anciens combattants.
Quelle lecture de ces changements ?
De ce vaste chambardement au sein des forces armées du pays, on note cette « intention » de la part du régime de se durcir encore davantage note un spécialiste des questions politiques de Kinshasa sous couvert d’anonymat. Un cadre du PPRD, le parti du régime également sous anonymat trouve pour sa part que « ce verrouillage valait la peine vu les échéances à venir et les pressions des impérialistes »; tout est dit !
Pour l’opposant Lubaya Claudel André et soutient de Moïse Katumbi sur son compte Twitter, « Lubaya Claudel AndréCompte certifié @LubayaClaudel 13 juil. Les annonces naïvement attendues de JK ne seront ni surprenantes ni bouleversantes. Dire qu’il quitte le pouvoir après les élections, c’est constitutionnel; se déclarer candidat, c’est un coup d’État. L’homme roule à contre-courant de la marche de l’histoire. Wait and see ».
Et de poursuivre : « Lubaya Claudel AndréCompte certifié @LubayaClaudel Ceux qui, par naïveté, attendent encore de JK des décisions importantes ont commencé à être servis. Après le FCC, sa branche politique, il vient de bétonner sa branche militaro-sécuritaire. En prélude, le message est clair : « Je suis candidat, et je suis prêt pour la guerre ».
Pour Paul Nsapu, SG Adjoint de la FIDH pour l’Afrique, « Après avoir verrouiller le système judiciaire, empêcher le remplacement du rapporteur de la CENI, saboter l’Accord de la Saint Sylvestre et roulé dernièrement le SG de l’ ONU, le président de la Commission africaine et l’ ambassadrice américaine Nikki Haley en renvoyant les rendez-vous convenus de longue date ; Joseph Kabila, par les nominations au sein de l’armée, passe à la dernière étape du verrouillage du système répressif et sécuritaire en RDC. Tout est clair et démontre sa volonté de se maintenir à tout prix au pouvoir ».
Pour rappel, le mercredi 4 juillet 2018 courant, Joseph Kabila avait pris acte du serment des membres de la Cour constitutionnelle et du Procureur général près la Cour constitutionnelle au Palais du peuple. Le vendredi 13 juillet 2018, il poursuivait avec la prestation de serment des Hauts Magistrats, Chefs de Juridictions et d’ Offices, de la Cour de Cassation, du Conseil d’Etat et des Parquets Généraux près ces Juridictions à la Cité de l’Union Africaine (UA) de Kinshasa.
Outre les nominations dans l’armée et le judiciaire, Kabila n’a pas cessé d’en faire autant dans les entreprises d’Etat, avec les inaugurations diverses à travers le pays. Pourtant, les élections générales du 23 décembre 2018 si elles sont tenues comme prévue et le changement du leadership à la tête du pays entraineront encore autant des chambardements dans les institutions du pays.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi