Comme annoncé hier sur son compte Twitter, c’est en principe dès ce mercredi 25 juillet jusqu’au mercredi 08 août 2018 prochain que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) ouvre pour la deuxième et dernière fois ses Bureaux de Réception et de Traitement des Candidatures (BRTC). Au total ce seront 169 BRTC qui sont prévus pour les législatives nationales à travers tout le pays (là où la sécurité le permettra qu’on se le dise, NDLR) et 1 seul BRTC pour l’élection présidentielle au siège de la CENI à Kinshasa.
Cette opération devant concerner les candidats à la présidentielle et ceux à la députation nationale ou leurs mandataires en vue du dépôt de leurs candidatures : « Ceni-rdc @cenirdc Conformément au calendrier électoral, le Bureau de Réception et de Traitement des Candidatures (BRTC) pour la présidentielle est fin prêt pour recevoir les candidats ou leurs mandataires au siège de la @cenirdc à partir de ce mercredi 25 juillet 2018 ».
Une caution toujours de plus en plus élevée
Contrairement aux premières et deuxièmes élections générales de 2006 et 2011, la caution non à débourser par les candidats et non remboursable poursuit sa hausse. Ce qui avait fait l’objet d’un houleux débat à l’assemblée nationale, certains voulant la voir à la baisse.
Pour l’enregistrement des candidatures aux les élections de 2018, cette caution est à payer selon les prescrits de la nouvelle loi électorale (loi n 17/013 du 24/12/ 2017) et sa perception à tous les niveaux devant être acquittée auprès des services habiletés de l’État selon la CENI. Ainsi, cette loi prévoit-elle pour le candidat président de la République, une caution équivalent en Francs Congolais de 160 millions soit 100.000 dollars, pour les candidats député national et sénateur une somme de 1.600.000 FC soit 1000 dollars et enfin 1 million de Francs Congolais pour le député provincial.
La CENI prévoit du reste une publication provisoire des candidatures au 24 août avant celle définitive le 19 septembre ; question de vérifier si les candidats réunissent toutes les conditions et qu’ils ont bien versé leur caution de 100.000 dollars ; de recours possibles étant toujours valables devant la Cour constitutionnelle. Après quoi interviendra la convocation de l’électorat 90 jours avant le triple scrutin prévu le 23 décembre 2018.
Toujours pas de consensus généralisé
Alors qu’on espérait un consensus généralisé entre la CENI et les partis politiques pour un processus apaisé, c’est le contraire qui se poursuit avec le camp de l’opposition pendant que celui de la majorité au pouvoir semble accompagner la même CENI.
Si du côté des opposants et des indépendants c’est un pléthore des candidats au risque den faire une indigestion, chaque grand parti ou celui se considérant comme tel ; chaque groupement ou chaque plateforme ayant le tien : Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe dont le congrès du parti se tient la semaine prochaine pour n’en citer que ceux-là. Qui se désistera au profit de l’autre demeure la question qui taraude tous les esprits au risque de tout perdre une nouvelle fois après le 23 décembre 2018.
A la majorité au pouvoir par contre, c’est le mutisme total même si tous les signaux indiquent que Kabila pourrait être candidat à sa propre succession malgré les dénégations ; créant ainsi tous les ingrédients des troubles généralisés après avoir été à la base de la grave crise politique devenue institutionnelle qui secoue le pays. Et ce pour n’avoir pas su organiser à temps lesdites élections 2016 et s’être maintenu par défis au pouvoir depuis la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel le 19 décembre 2016. Les deux dialogues politiques voulus par lui ont fini par lui servir de débaucher des politiciens affamés devenus du coup ses accompagnateurs dans sa logique destructrice du pays.
Depuis la tentative ratée mais meurtrière par son clan de modifier la constitution en janvier 2015, Kabila s’est employé habilement à renforcer son pouvoir par des nominations des proches à la tête des services de l’armée, de la police, des renseignements. Mais surtout la dernière avec recomposition de la Cour constitutionnelle qui aura à trancher d’éventuelles questions de recevabilité ou non des candidatures à la présidentielle.
La Machine à voter et le fichier électoral
Autre désaccord majeur entre la CENI et les opposants, la « machine à voter » qu’on surnomme « machine à tricher » non prévue ni par la loi électorale en cour ; encore moins par la constitution en vigueur en passe d’être imposée. Motif invoqué : une réduction du coût des élections qui ne sont financées que par le régime congolais tout seul après son refus de l’apport de la communauté internationale jugée trop envahissante dans les affaires internes du pays.
Cette machine à voter qui a connu des bugs importants en Amérique latine et abandonnée en Irak demeure un sujet d’inquiétude dans un pays où l’électricité,les voies de communications et les transports demeurent une denrée plus que rare. De plus, la fuite et la démission depuis les aux Etats-Unis de Jonathan Seke Mavinga ne rassurent personne. L’homme n’était pas n’importe qui, l’expert électoral et diplômé en génie informatique était un « personnage clé » du dispositif technique et informatique de la CENI en sa qualité du Directeur du Centre National de Traitement (CNT).
Lire aussi : RDC : La fuite de Jonathan Seke Mavinga aux USA, un malaise révélateur de l’ambiance et des méthodes à la CENI https://www.afriwave.com/2018/06/20/rdc-la-fuite-de-jonathan-seke-mavinga-aux-usa-un-malaise-revelateur-de-lambiance-et-des-methodes-a-la-ceni/
Il y a enfin la question du fichier électoral jugé non fiable par les mêmes opposants et ce malgré les recommandations des experts de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à l’issu de son audit. L’exigence de son nettoyage réclamée par l’opposition en ce qui concerne le plus sept millions d’électeurs qui ont été « mal » enregistrés et dont on ne dispose pas d’empreintes digitales est demeuré lettre morte de la part de la CENI. Cette dernière brandissant une nouvelle menace en mettant en garde contre un nouveau report du scrutin si on devait revoir le fichier ou l’utilisation de sa machine à voter sud-coréenne.
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi
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