Depuis son acquittement par le tribunal la Cour Pénale Internationale (CPI) le 08 juin 2018 dernier, Jean-Pierre Bemba Gombo est devenu l’homme politique vers lequel sont tourné tous les yeux tant du côté de l’opposition que de celui de la majorité du régime au pouvoir. Les uns comme les autres souhaiteraient avoir dans son camp cet homme que l’on courtise mais aussi qui fait peur pour son tempérament imprévisible même s’il affirme avoir changé.
En principe c’est le mardi 31 juillet 2018 que Jean-Pierre Bemba Gombo, président du Mouvement de Libération du Congo (MLC) rentre en RDC après près de 11 ans d’absence pour cause d’incarcération dans la prison de la CPI de la Haye aux Pays-Bas. Après quoi il se rendra à Kinshasa le mercredi 1er août 2018 pour accomplir son « devoir politique » dit-il pour s’enregistrer et en même temps déposer sa candidature pour la présidentielle du 23 décembre 2018.
Et comme nous l’annoncions, ce retour au pays s’effectuera par Gemena, le fief familial dans la province du Sud-Ubangi où Bemba s’inclinera d’abord sur la tombe de son défunt papa Jeannot Bemba Saolona décédé le 1er juillet 2009 à Bruxelles alors qu’il était en prison et inhumé dans un mausolée en plein cœur d’une de ses plantations de café.
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Ce retour aux sources qui devrait être une occasion d’accomplir son deuil et de réjouissance pour ses partisans commence par des écueils notamment l’annulation en dernière minute de deux vols aller-retour de la compagnies Congo Airways vers Gemena hier samedi 28 juillet 2018. Selon les responsables de la compagnie, cette déconvenue serait due à des « raisons opérationnelles, l’avion étant immobilisé à l’aéroport de N’Djili à Kinshasa pour questions techniques ».
Faux, retorque un responsable du MLC pour qui le vol de cet avion qui était censé transporter les cadres et militants du parti est annulé pour empêcher ces derniers de voyager vers Gemena pour accueillir Jean-Pierre Bemba. Un autre cadre devant faire partie du voyage, dans une colère mal maitrisée explose : « Vous avez aujourd’hui la preuve que même plus de dix ans, le sénateur Jean-Pierre Bemba fait peur au pouvoir en place et à Kabila. Cette affaire de raisons techniques est une machination du même régime moribond pour nous empêcher d’accueillir notre leader de la manière qu’il faut ».
Un homme qu’on courtise et qui fait peur
L’on se rappelle que dès son acquittement des accusations de crime contre l’humanité et crime de guerre par la CPI prononcé, Jean-Pierre Bemba avait été et reste un homme courtisé par toute la classe politique confondue ; y compris dans le camps de la Majorité Présidentielle qui ne s’est pas offusqué de lui offrir en un temps record son tout nouveau passeport diplomatique. Des appels de pieds lui ayant même été lancés via son jeune frère Jean-Jacques Bemba devenu proche de la même majorité afin que son grand-frère se joigne au régime en place pour le devenir du Congo étaient clair…
Mais c’était un faux jugement sur l’homme imperturbable et parfois redouté qu’est Bemba. La MP qui s’est retrouvée prise dans son piège n’a pas tarder de dégêner et de faire feu de tout bois comme lors de cette conférence de presse surréaliste du porte-parole de la MP Alain Atundu Liongo du vendredi 27 juillet 2018. Après avoir déclaré Bemba « fauché car n’ayant plus d’argent et qui ne leur fait pas peur », Atundu invoque aujourd’hui l’article 10 de la loi électorale, pour contester l’éligibilité de Bemba.
Une question pourtant, combien Atundu pesait-il financièrement hier sous Mobutu et aujourd’hui sous Kabila face aux Bemba pour affirmer que ce dernier serait fauché ? Sûrement une erreur politique grave faute des stratégies, se substituant à la CENI et à la justice ; Atundu estime pince sans rire que Bemba ne peut être éligible : « Les adeptes de la gestion de la démocratie, par obscurantisme et ignorance, omettent malicieusement de révéler aux populations congolaises et à ,l’opinion publique l’éventualité de son inéligibilité à la suite de sa condamnation définitive pour subornation de témoins ; fait notoirement avéré et indiscutable. De ce fait, le sénateur pourrait tomber sous le coup de l’article 10 de la loi électorale en ce qui qu’il dispose que « les personnes condamnées par un jugement irrévocable du chef de …corruption… », sont inéligibles ».
La mauvaise foi que le même Atundu semble trouver chez les autres pour condamner, c’est bien lui qui en est l’adepte et de l’obscurantisme et de l’ignorance car il fait semblant d’oublier à dessein que Bemba n’a pas encore été condamné définitivement du fait de son appel. La chambre IV de la CPI qui a statué sur ce cas le 04 juillet 2018 n’a pas tranché comme on l’attendait. De plus, l’affaire dite de subornation des témoins évoquée par Atundu est subsidiaire à celle principale pour laquelle Bemba a été complètement acquitté le 08 juin 2018.
Pour Atundu donc, sa Majorité présidentielle (MP) « souhaite voir le sénateur Jean-Pierre Bemba prendre un engagement de ne pas se présenter à la présidentielle du 23 décembre 2018 », s’accordant ainsi le droit de dire qui peut être candidat et qui ne peut pas l’être en fonction ; non selon la justice mais le danger qu’il représente pour leur camp.
La panique se serait-elle emparée du camp du pouvoir à tel point qu’il faut à tout prix éliminer les principaux candidats de l’opposition de la course à la présidence ? Après Bemba et Katumbi dans la ligne de mire, qui sera le prochain sur la liste afin de laisser « le boulevard ouvert » pour le champion de la MP toujours tapi en embuscade ?
Roger DIKU
