Il n’aura même pas eu le temps d’amorcer une moindre esquisse de campagne électorale que Michel Okongo Lomena, candidat à la présidentielle de décembre 2018 a jeté l’éponge avec des critiques acerbes contre la CENI. Le retrait de ce candidat intervient alors que la liste provisoire des candidats retenus à la présidentielle ne sera affichée que le samedi 25 août par la CENI et celle définitive trois semaines plus tard lorsque la Cour Constitutionnelle aura tranché les contentieux et autres recours des candidats recalés.
A moins d’une candidature de complaisance, ce retrait précipité ne laisse-t-il pas à se demander si Michel Okongo Lomena était vraiment sincère dans sa démarche de candidature ou si ‘était pour lui une simple question de se créer «un buzz» médiatique et ainsi attirer une lumière sur lui et son petit parti politique. Est-ce fut aussi pour lui un moyen de monter les enchères lorsque le moment sera venu pour les opposants de se choisir un candidat unique face à celui de la majorité au pouvoir ? De plus, quel était son réel projet de société pour l’avenir du Congo et de quels vrais moyens financiers disposait-il pour battre campagne et peut-être remporter cette présidentielle ?
Dans son communiqué de presse rendu public le 22 août 2018 au soir, le président du parti politique « Unité des Valeurs » explique sa décision pour plusieurs raisons sommes toutes valables les unes que les autres ; notamment « l’imposition par la CENI, de manière unilatérale, de la machine à voter ; l’absence de lisibilité, de traçabilité, de visibilité et d’inclusivité du processus électoral ; l’incursion de la Majorité présidentielle (MP) au cœur du système électoral afin de le torpiller, la prise en otage dudit processus par la même MP au pouvoir en dépit de la mise à l’écart, réelle ou supposée, du chef de l’État et la violation par la CENI du calendrier avec pour conséquence un risque de retardement de la tenue des élections prévues au 23 décembre 2018 ».
Pour ce petit candidat comme tous les autres n’ayant aucune chance de l’emporter « Allez aux élections dans ces conditions risque de conduira le pays dans une période d’instabilité qui engendrerait certainement des graves menaces pour la sécurité de la nation et de la sous-région après la période post-scrutins ». Raison de son exigence d’un « nouveau départ du processus électoral avec une mise en place d’un mécanisme consensuel pour déterminer un cadre juridique sans Joseph Kabila, qui devra régir l’après 23 décembre 2018 jusqu’à la tenue effective des élections crédibles, inclusives et démocratiques dans un climat apaisé ».
Michel Okongo Lomena poursuit qu’il a des « moments déterminants comme celui que traverse le pays où il faudrait absolument combattre le feu par l’eau pour endiguer la menace afin d’accéder à la victoire totale sans laquelle on ne peut ni recouvrer la souveraineté, ni s’atteler à la reconstruction d’un pays gravement endommagé par 21 ans d’occupation de l’AFDL ».
Avec ce retrait, sur 25 candidats présidents provisoirement enregistrés par la CENI, il n’en reste que 24.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi