Après l’invalidation tout au moins provisoire de la candidature à la présidentielle du 23 décembre 2018 de son président Jean-Pierre Bemba Gombo, le Mouvement de Libération pour le Congo (MLC) ne s’avoue pas décourager et annonce une mobilisation encore plus intacte.
« Mbungani @cabinetmbungani 25 août #RDC Le président JP Bemba épuisera toutes les voies légales pour recouvrer ses droits suite à l’invalidation de sa candidature par la CENI ce vendredi 24 août . Il dispose de 48h pour saisir la cour constitutionnelle @bembajp @Evebazaiba @USEmbKinshasa @fatshi13 @moise_katumbi », écrivait le Dr Jean-Jacques Mbungani ; Secrétaire nationale chargé des Relations Extérieures du parti sur son compte Twitter.
Le parti qui s’est désigné une équipe de juristes déposera une requête en annulation de la décision de la CENI devant la Cour constitutionnelle probablement dès mardi matin. Le MLC dénonce également qu’il savait depuis plusieurs jours que « la Commission électorale aux ordres du régime allait invalider la candidature de son président », raison de la colère ressentie.
Dans sa « brève de motivation », la CENI motive sa décision d’irrecevabilité au motif d’une « Condamnation par la Cour Pénale Internationale à 1 ans de prison et au paiement de 300.000 Euros pour subornation des témoins (extrait du casier judiciaire produit au dossier et arrêt de la Cour Pénale Internationale du 08 mars 2018) ».
Argument contestable par tous les juristes en général et contesté par le MLC en particulier du fait que ladite condamnation est actuellement en instance d’appel et qu’un jugement final n’est rendu dans l’affaire subsidiaire en question dite de subornation des témoins.
Un candidat qui fait peur
Ancien chef militaire devenu l’un des vice-présidents durant la transition 1+4 entre 2003 et 2006, candidat malheureux face à Kabila lors du 2ème tour de la présidentielle de la même année 2006 et actuellement sénateur, Jean-Pierre Bemba avait fait un retour triomphal à Kinshasa le 1er août après onze ans d’absence. Et ce, pour cause d’incarcération à la CPI où il a été acquitté le 08 juin 2018 de toutes les charges des crimes de guerre et contre l’humanité qu’on lui imputait après l’intervention des troupes de son mouvement en Centrafrique entre 2002 et 2003 sur demande du feu président Ange-Félix Patassé.
Lire aussi : URGENT-RDC : Affaire CPI Vs Jean-Pierre Bemba, Un Acquittement prononcé en sa faveur https://www.afriwave.com/2018/06/08/urgent-rdc-affaire-cpi-vs-jean-pierre-bemba-un-acquittement-prononce-en-sa-faveur/
Tous les observateurs notent que son absence prolongée du territoire national et son éloignement physique de jeux politiques à Kinshasa faisaient passer Jean-Pierre Bemba Gombo « pour un candidat sérieux » à la succession de Kabila, interdit de ne plus se représenter pour un troisième mandat selon la constitution. Surtout aussi que « dauphin » désigné, l’ex-ministre de l’Intérieur Ramazani Shadary sous sanctions européennes, après des mois de tensions et au moins trois jours de violences lors de marches pacifiques du Comité Laïc de Coordination ayant fait plusieurs morts ; ne pouvait faire le poids.
Pour étayer ses arguments de la future défense devant la Cour Constitutionnelle, le MLC par la voix du sénateur Jacques Djoli de surcroit juriste explique : « dire que Jean-Pierre Bemba est exclu parce qu’il est condamné pour subornation de témoins, c’est une évidence » et accuse la CENI d’avoir caché de manière malveillante le fait « que Jean-Pierre Bemba est condamné au premier degré, alors que la loi exige un jugement irrévocable. La même loi électorale citant limitativement les incriminations pour lesquelles on peut être exclu du processus et que la subornation de témoins ne fait pas partie de cette liste ».
A bien comprendre Jacques Djoli, la loi électorale prévoit l’invalidation de tout candidat condamné par un jugement irrévocable de corruption. Or dans le cas de Bemba, la CENI fait ainsi l’amalgame entre les deux délits, corruption et subornation. Pour lui donc, « Et si la Cour confirme l’exclusion de Bemba, chacun devra assumer ses responsabilités ».
De son côté et interrogé par les médias, notamment RFI et France 24 ; Jean-Pierre Bemba affirme que son exclusion est « un choix qui démontre totalement que la Commission est sous le contrôle du pouvoir en place et qu’elle reçoit des injonctions du pouvoir en place pour éliminer des candidats » jugés sérieux.
En attendant le 19 septembre 2018 pour la publication de la liste définitive, c’est tout un pays qui retient son souffle et qui vivra dans la peur de voir tout s’embraser avant même la date du scrutin et ainsi justifier une décision de déclaration d’un « Etat d’urgence » par le régime.
Roger DIKU