C’est l’histoire extraordinaire d’un jeune avocat congolais d’origine mais naturalisé belge comme ils sont nombreux à plaider pour des cas non médiatisés dans les barreaux belges tant francophones pour la plupart qu’aussi flamands. Lui, c’est Me Aimé Kilolo Musamba Lubemba, fils de son père ; un ancien mobutiste tombé dans l’anonymat et qui tente de réapparaitre à la lumière politique du pays…
C’est aussi une affaire extraordinaire concernant un ancien vice-président d’un pays africain pas n’importe lequel, en l’occurrence la République Démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) mais toujours sénateur qui venait d’être arrêté à Bruxelles où il se trouvait en vacances en famille et transféré dans le quartier pénitencier de la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye aux Pays-Bas.
Lui, c’est Jean-Pierre Bemba Gombo, fils de son père jadis aussi proche de Mobutu pour ne pas dire presque de la famille, devenu ministre de Laurent-Désiré Kabila et aujourd’hui décédé mais qui est venu quelques fois rende visite à son fils aîné en compagnie des militant du MLC.
Enfin, c’est l’histoire d’un avocat congolais Me Lirris Nkwebe décédé le dimanche 26 février 2012 à Kinshasa (paix à son âme) ; principal avocat de Jean Pierre Bemba à la CPI, c’est lui qui avait pris sous aile Aimé Kilolo Musamba comme avocat associé et qui lui succèdera dans la défense du dossier Bemba.
Aimé Kilolo refuse de « mourir », du moins médiatiquement
L’affaire Bemba fut pour lui un « cas rêvé » pour tout jeune avocat d’être ainsi sous les lumières du monde entier et il s’en est bien servi et s’en sert encore au risque de nous contredire. Malheureusement, il n’ira jamais au bout de l’affaire qui a vu Jean-Pierre Bemba Gombo finalement complétement acquitté des graves crimes contre l’humanité et crimes de guerre dont on l’accusait sur les prétendues exactions des troupes du MLC en Centrafrique entre 2002 et 2003. Et pour cause, Me Kilolo sera condamné par la même CPI comme coaccusé dans « l’affaire subsidiaire sur la subornation des témoins ».
A lire aussi : Affaire Le Procureur contre JP Bemba et coaccusés : Subornation des témoins https://www.afriwave.com/2017/03/22/affaire-le-procureur-contre-jean-pierre-bemba-et-coaccuses-subornation-des-temoins/
Il revient des proches du sénateur congolais interrogeaient par AFRIWAVE.COM que c’est depuis bien cette époque que leur collaboration a cessé en tant qu’avocat-conseil et client, Kilolo étant reparti à Kinshasa se chercher du travail comme il ne pouvait plus plaider dans les tribunaux belges pour cause de sa condamnation.
Comme s’il refusait complètement de « mourir médiatiquement » alors qu’il lui aurait été signifié de ne jamais plus parler de Bemba, ni au nom de son parti le MLC et encore de l’affaire pour laquelle il fut avocat-conseil ; Me Aimé Kilolo s’en délecte pourtant.
Tenez, sa conférence de presse de ce mercredi 05 septembre au matin à l’Hôtel Invest de la cité de la radiotélévision nationale (RTNC) en témoigne. En lieu et place de venir s’expliquer sur la tentative de « fraude » détectée par la CENI et l’invalidation de sa présumée candidature, Aimé Kilolo a centré son intervention devant les médias sur « le cas Jean-Pierre Bemba » dont il a affirmé « ne plus avoir de contrat judiciaire » et que c’est en « homme libre » qu’il a choisi de rejoindre sa vraie famille politique en « choisissant d’être membre du Front Commun pour le Congo (FCC) de Kabila ».
Une tentative de fraude ?
Déjà condamné définitivement par la CPI, Aimé Kilolo qui est d’une « aide » considérable pour la Majorité Présidentielle (MP) selon son porte-parole Alain Atundu Liongo aurait-il tenté de frauder aux probables élections de décembre 2018 ?
Pour toute défense de la part d’un avocat sur l’invalidation de ses candidatures confirmée le 30 août 2018 par le vice-président de la CENI, le PPRD Norbert Basengezi pour défaut de nationalité et condamnation par la CPI pour subornation des témoins ; l’homme censé connaitre le droit s’explique qu’il ne s’est jamais « porté candidat aux élections en cours en RDC. C’est un choix libre que j’ai opéré après une lecture minutieuse de la Constitution en vigueur dans notre pays et un exercice circonstancié des cas d’inéligibilité prévus à l’article 10 de la loi électorale ». Il ignore superbement de faire allusion à sa nationalité belge comme son invalidation relevait simplement de sa condamnation par la CPI.
Et de poursuivre : « Pour ce qui est de la députation provinciale à Lubumbashi, je n’y ai jamais fait acte de candidature à quelque titre que ce soit. Cela est d’autant plus évident que je n’ai jamais signé une quelconque déclaration de candidature, tout comme je n’ai jamais signé un document de consentement à mon investiture comme candidat titulaire ou suppléant ».
Pour justifier ce qui parait comme une imposture il accuse : « cette prétendue invalidation de sa candidature relève soit d’une faute lourde de la CENI, soit d’une usurpation de son identité à des fins non encore élucidées ». Avant tout de même de reconnaitre que « pour la circonscription de Malemba-Nkulu, il s’agissait de la candidature de son père dont il porte le nom » et curieusement la même date de naissance en 1972.
Toutes choses restant égale par ailleurs, à moins que l’écartement de la candidature de Kilolo par la CENI soit une manœuvre utilisée par le régime avec lequel il s’est lié pour justifier celle réellement voulu de la candidature redoutée de Jean-Pierre Bemba Gombo chuchote un cadre de la MP sous anonymat.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi
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