Ça sera le clap de fin pour l’une des affaires qui aura marqué l’institutionnalisation de la justice internationale au travers de la Cour Pénale Internationale (CPI) aujourd’hui décriée de partout, la dernière attaque-menace de fronde venant tout droit de Kinshasa en RDC.
En effet, c’est ce lundi 17 septembre 2018 que sera connu le verdict définitif de la CPI dans le dossier qui oppose le Procureur contre l’ancien vice-président et sénateur congolais Jean-Pierre Bemba Gombo dans les tragiques évènements survenus en République de Centrafrique entre 2002 et 2003 et attribués aux forces de son armée de libération du Congo venues à la rescousse du feu président Patassé.
Acquitté en appel d’une peine de 18 ans de prison concernant des graves accusations des crimes de guerre et contre l’humanité dans l’affaire principale le 08 juin 2018 ; en liberté provisoire depuis le 15 du même mois en Belgique, Bemba reste néanmoins poursuivi dans une deuxième affaire dite de « subornation des témoins ». Le procureur l’accusant d’avoir tenté d’influencer la justice au travers des témoignages ayant conduit à son acquittement contre toute attente après 10 ans passés en prison à La Haye.
Sa condamnation en première instance à un an de prison supplémentaire et le réquisitoire du procureur pour une condamnation plus que sévère au maximum de cinq ans après son appel, avait été utilisé par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), puis la Cour Constitutionnelle, pour invalider sa candidature à la présidentielle. Une situation que Bemba a toujours contestée en différenciant « l’achat de témoins » de « la corruption » selon le code pénal congolais ; « la corruption et la subornation étant définies par deux articles de loi différents » selon lui.
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L’homme qui ne s’avoue jamais vaincu
Quelque sera la sentence de la CPI de cet après-midi, « Jean-Pierre Bemba restera comme l’homme politique qui ne s’avoue pas vaincu dans la trempe de feu Etienne Tshisekedi qui n’a jamais abandonné jusqu’à son dernier souffle » nous confie un proche.
Exclu de la course à la magistrature suprême le 03 septembre 2018 par la Cour Constitutionnelle au motif d’une « condamnation pour corruption » alors que l’affaire était en appel, Bemba ne baisse pas pour autant les bras. Car selon son entourage proche, l’homme se dit toujours « prêt d’apporter son soutien à un candidat unique de l’opposition qui pourra être désigné et qu’il fera gagner », pourvu que « lesdites élections soient encore démocratiques ».
A deux jours de la sentence finale concernant le cas Bemba, la surprise est plutôt venue du côté de Kinshasa où le pays menace de quitter la CPI dont pourtant il a été le grand pourvoyeur en prisonniers.
Soupçonnant des « pressions sur les juges » de la CPI pouvant avoir des liens avec sa « politique intérieure » au travers « des indices concordants en sa possession » et que ces pressions porteraient sur des affaires devant la CPI « en relation avec la situation en RDC, susceptibles d’avoir une incidence sur le processus électoral en cours » ; le régime brandi sa menace de se retirer. Redoute-t-il que Bemba soit définitivement acquitté cet après-midi et qu’il exige à être réhabilité comme candidat à la présidentielle du 23 décembre 2018 au cas où elle a lieu ?
Lire aussi : RDC : Kinshasa menace de se retirer de la Cour Pénale Internationale de Justice ! https://www.afriwave.com/2018/09/16/rdc-kinshasa-menace-de-se-retirer-de-la-cour-penale-internationale-de-justice/
Au vu de l’agitation de Kinshasa et son régime, personne n’en doute aujourd’hui que Bemba est un candidat sérieux et qui fait peur à tout le monde malgré tout ce qu’on peut lui reprocher du caractère de sa personnalité qu’on dit parfois brutal et apathique.
Se disant « victime d’un acharnement », Bemba ne s’empêche pas de condamner fermement le régime qui dit-il « se choisit ses propres opposants qu’il veut voir affronter son candidat [Emmanuel Ramazani Shadary] et ainsi s’aménager une élection dont le résultat est connu d’avance pour conserver la main sur l’ensemble des structures du pays ». Il dénonce également la « non indépendance » de la CENI et de la Cour Constitutionnelle et les « ingérences » répétées de la majorité présidentielle dans le processus qui ont conduit à l’écartement des candidats jugés dangereux et capables de bousculer le régime.
Les opposants qui se recherchent
Après une première rencontre à Bruxelles le mercredi 12 septembre 2018, c’est le weekend de cette semaine qui commence que les opposants congolais devraient se retrouver en Afrique du Sud pour un nouveau round des discussions en rapport avec le processus électoral en cours dans le pays.
De plus en plus à Kinshasa comme dans les diasporas congolaises du monde, on revient à la thèse d’une « transition sans Kabila » avant « l’organisation des vraies elections ». Pendant ce temps, d’autres voix s’interrogent s’il ne faut pas carrément boycotter les élections avec Kabila et dont les résultats pipés sont connus d’avance ?
Pour Bemba et toujours selon ses proches, cette option n’est pas la tienne car ne pourra pas « être sa décision personnelle, mais celle de l’opposition toute entière » s’il le faudra ; mais avec « le risque d’installer de nouveau Kabila dans un fauteuil confortable de régner à nouveau pour plus longtemps encore sur le pays sans un mandat valable » conclut un autre opposant.
Roger DIKU à La Haye