A peine autorisé par l’autorité politico-administrative de la ville-capitale Kinshasa, le meeting populaire de la coalition des partis politiques de l’opposition de ce samedi 29 septembre 2018 se retrouve devant des obstacles et non de moindres. Malgré les moult péripéties, l’organisation est avancée avec le montage du podium devant accueillir tous intervenants présents à Kinshasa, et pourquoi pas espérer d’autres en visio-conférence depuis l’extérieur du pays comme Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi chuchote une source.
Prévu à l’Esplanade du Boulevard Triomphal à côté du Stade des Martyrs en plein centre, c’est le premier grand rendez-vous des opposants en cet endroit depuis 2016 et le retour triomphal de feu Etienne Tshisekedi et son grand rassemblement du mois d’août de la même année.
A moins d’une anticipation mais d’une coïncidence exceptionnelle, la société national d’électricité (Snel) annonçait faire « des gros travaux d’entretiens sur ses transformateurs » ; ce qui privera une bonne partie de la capitale en fourniture énergétique sur une bonne partie de la journée de ce 29 septembre 2018.
Et comme si cela ne suffisait pas, la société Transco qui gère les bus de transport en commun dans la ville de Kinshasa annonce de son côté dans un communiqué tard dans la soirée du vendredi 28 septembre de son côté qu’elle « procèdera ce samedi 29 septembre 2018 à l’entretien général de son charroi ». Tout en présentant ses excuses à ses usagers, la société les rassure de la reprise de ses activités normales dès le dimanche 30 septembre 2018. Mais dans l’entretemps, les réseaux urbain, interurbain et scolaire ne pourront être couverts le jour de la manifestation des opposants.
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Un jeune militant de l’opposition rencontré ce matin sur le Boulevard Triomphal ironise sur toutes ces coïncidences : « C’est tout de même bizarre que la Snel et Transco aient prévus leurs travaux des gros entretiens respectif le même jour et qui tombe à pic avec notre meeting. Heureusement que tout était aussi anticipé sur les manœuvres diaboliques du régime que l’on soupçonnait. On croit nous décourager mais c’est une peine perdue, avec ou sans transport ; nous marcherons à pied pour leur montrer que nous ne sommes pas d’accord pour la tricherie organisée au travers de Corneille Naanga comme il en fut les cas avec l’abbé Malu-Malu en 2006 et le pasteur Ngoy Mulunda en 2011. Personne n’acceptera leur mascarade pour nous voler encore une fois la victoire au lendemain du 23 décembre 2018 et c’est ce que nos leaders comptent leur faire savoir aujourd’hui car, on devra compter avec nous demain qu’on le veuille ou non ».
« Des propos certes durs mais les enjeux en valent la peine et le message de nos leaders sera clair pour des vraies élections que nous voulons transparentes, démocratiques, apaisées et surtout inclusives » enchaîne un autre combattant.
Les jeunes activistes de ECCHA brutalisés
Ce meeting autorisé de l’opposition intervient au lendemain de la dispersion brutale et sans ménagement d’un autre rassemblement en solidarité avec la population de Beni à l’Est du pays dans la même capitale Kinshasa le vendredi 28 septembre 2018. C’était au Rond-Point des Huileries dans la commune urbaine de Kinshasa, vingt-huit d’entre eux ayant été interpellés et détenus pendant quelques heures au camp militaire Lufungula proche du lieu avant d’être relâchés.
Tenu à l’appel du mouvement citoyen des jeunes Engagement citoyen pour le changement (Eccha, les activistes voulaient sensibiliser les habitants de la capitale sur les tueries récurrentes constatées depuis quatre ans dans le territoire de Beni et le calvaire enduré par des populations en province du Nord-Kivu.
Pour Ben Kabamba, le coordonnateur d’ECCHA, « Loin de nous décourager, nous entendons poursuivre nos actions de compassion et de solidarité en faveur de la population meurtrie de Beni, jusqu’à l’amélioration de la situation sécuritaire dans cette partie du pays ».
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi