C’est une réaction plus que tardive qu’est la protestation des autorités congolaises auprès du gouvernement angolais après diffusion depuis plusieurs jours sur des réseaux sociaux des images d’une rare brutalité et d’une violence gratuite des forces de sécurité angolaises sur des ressortissants congolais expulsés du pays.
On savait les relations entre Luanda et Kinshasa refroidies depuis un certain temps à cause de l’ingérence présumée de l’Angola dans la politique intérieure de la RDC, mais on ne pouvait s’imaginer l’utilisation d’un tel traitement inhumain quel qu’en soient les motifs sur des congolais se trouvant sur le sol angolais.
Surtout lorsque l’on sait que la majorité de ces personnes expulsées avaient fui d’autres violences pour trouver refuge de l’autre côté de la frontière au lendemains des événements liés au phénomène Kamuina Nsapu dans l’Espace Kasaï.
Depuis lors, ce sont plus de 200.000 congolais qui sont revenu au pays pour la plupart au poste frontalier de Kamako en province du Kasaï. Démunis de tout après avoir été dépouillés de leurs maigres biens ou tout perdu dans leur fuite, ces refoulés sont comme face à une sorte de double sanction après avoir fui leur propre pays et aujourd’hui obligés d’y retourner brutalement.
Et comme si le refoulement ne suffisait pas, c’est un enregistrement audio accompagné d’insultes à l’endroit des femmes congolaises en particulier et la population du pays en général attribué à un angolais qui fait le buzz des réseaux sociaux. Un enregistrement audio auquel plusieurs autres faits par des congolais commencent à répondre toujours via des réseaux sociaux.
Dans sa conférence de presse tenue hier mercredi 17 octobre 2018 à Kinshasa, le ministre congolais des Affaires Étrangères et Intégration Régionale ; Léonard She Okitundu a déclaré avoir « convoquer l’ambassadeur de la République d’Angola malheureusement absent de Kinshasa » et par défaut « avoir transmis par voie officielle une note verbale d’indignation et des vives protestations » auprès des autorités angolaises.
Le gouvernement congolais dénonce et condamne en passant ce qu’il qualifie de « modus operandi d’expulsion aux antipodes des valeurs africaines de fraternité, d’accueil et d’assistance mutuelle prônées par les pères de l’indépendance ».
Le ministre Okitundu n’a pas manqué de rappeler qu’en son « temps, la RDC avait offert l’hospitalité à ses frères et sœurs angolais victimes des affres de la colonisation et des différentes guerres qui ont emmaillés son histoire. Ces milliers d’angolais ayant choisi la RDC comme pays de résidence et y vivent allègrement et en toute dignité ».
#Expulsion #Angola : Déclaration de presse du VPM SHE sur la situation. #Congo #RDC pic.twitter.com/rQv0OAzDBR
— RDCongoDiplomatie🌍 (@DiplomatieRdc) 17 octobre 2018
Pour son ministre des Affaires Etrangères, la RDC « invite instamment le gouvernement angolais à se ressaisir et à diligenter des enquêtes approfondies pour établir les responsabilités de ces actes condamnables ».
Faute d’usage « des canaux diplomatiques traditionnels afin de convenir d’une solution idoine devant mettre fin à ces pratiques indignes », la RDC menace de « saisir les instances internationales compétentes » dans le cadre du « respect du principe de règlement consensuel des conflits ».
Toute chose restant égale par ailleurs, cette réaction si tardive de Kinshasa face aux velléités angolaises est déjà si lourde des conséquences.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi
