On sent chez elle une certaine fatigue physique du long combat politique qu’elle a endossé et qu’elle mène depuis les années 1990 avec la prétendue ouverture démocratique et la tenue des assises de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), mais pas la moindre intention de lâcher prise jusqu’au temps que cela durera.
Elle c’est Jackie Ekanda Mpolo, la fille de l’ancien ministre de la Jeunesse Maurice Mpolo assassiné le 17 janvier 1961 ; qui se bat aux côtés des autres familles des victimes de cet acte barbare et ignoble pour faire revivre la mémoire de leurs parents tombés en martyrs pour l’indépendance du Congo. « Nous n’avons jamais fait notre deuil faute d’un lieu de mémoire où les nôtres ont été enterrés comme cela se fait en Afrique » dit-elle avec beaucoup de gravité teintée de peine sans le son de sa voix.
Son discours a ému le public que les marques d’affection avec le bourgmestre faisant fonction mais aussi le futur n° 1 de la ville de Mons Nicolas Martin ont été nombreuses tout au long de la cérémonie comme en témoigne nos photos reportage.
De passage dans la ville de Mons en Belgique où une plaque commémorative en mémoire de son père Maurice Mpolo et ses compagnons, le premier ministre Patrice Emery Lumumba et le sénateur Joseph Okito ; elle a dénoncé une fois de plus haut et fort le « crime contre l’humanité » commis contre leurs familles et pour lequel elle exige qu’une réparation matérielle soit accordée aux familles des victimes ainsi qu’à leurs descendants.
ENTRETIEN
Une matinée chargée d’émotion pour tous…
« Je crois que si j’ai fait ce déplacement de Londres jusqu’à Mons, c’est parce que c’était inimaginable il y a quelques années qu’on parle de Mpolo, Okito et Lumumba ; et surtout que leurs noms soient sur la plaque pas seulement à Bruxelles, mais aussi ici à Mons. C’était pour moi émouvant et j’ai voulu vraiment assister à cette cérémonie ».
La problématique d’une réparation matérielle…
« En parlant de la reconnaissance morale, tout ce qu’ils sont entrain de faire c’est bien mais c’est un petit pas. Quand je parle de la réparation (matérielle) dans cet assassinat, ils ont la responsabilité non seulement morale mais aussi juridique parce que c’est un crime contre l’humanité. Et lorsqu’il y a crime, c’est un problème et une responsabilité juridique ; il y a réparation parce qu’en tuant ces gens-là, les familles étaient déstabilisées, y compris les enfants et toute une Nation. Et aujourd’hui où en sommes-nous au Congo ? Moi je crois que le départ était mauvais, ils (les belges NDLR) avaient décapité la démocratie, ils nous avaient imposé des gens et ils continuent à nous imposer des gens ; ce qui fait qu’aujourd’hui on n’est pas stable. Quand je parle de la réparation, il y a des choses qu’ils doivent réparer vis-à-vis des familles, de la population. Depuis Londres j’ai suivi un pays où les anglais ont reconnu ce qu’ils avaient fait vis-à-vis de leurs anciennes colonies ; donc il y a beaucoup des choses à réparer, beaucoup des choses à réparer… ».
Propos recueillis par Roger DIKU