Par Pedro Da Conceição
La vague des refoulements massifs des étrangers sur le territoire angolais, initiée depuis le début du mois d’octobre suscite déjà des remous au sein de la classe politique angolaise. Malgré le soutien proclamé de son parti le MPLA, des voix commencent à s’élever publiquement pour fustiger cette décision que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier d’amateurisme politique.
Un ancien diplomate qui a requis l’anonymat voit dans cet acte une déclaration de guerre qui risque de mobiliser toute l’Afrique contre João Lourenço et l’Angola. En effet des milliers d’étrangers, en situation irrégulière toutes nationalités confondues sont encore détenus dans les prisons des services d’Immigration à Luanda en attendant des probables expulsions par vols charters.
Si dans les effectifs des expulsés la RDC tient la tête avec près de 200.000 ressortissants, il faut noter qu’environ 30.000 expulsés congolais sont détenteurs de la nationalité angolaise. Cela s’est prouvé par des documents de nationalité que certains de ces migrants ont exhibé à l’ambassade d’Angola à Kinshasa ou devant les services congolais d’Immigration.
En violation des principes élémentaires du droit citoyen, des policiers xénophobes à la limite, mal instruits sur la notion de la nationalité ont expulsé des angolais légaux pour la simple raison qu’ils ne maîtrisent pas la langue portugaise.
L’ambassade angolaise à Kinshasa a été la première à réagir envers Luanda pour avoir reçu des angolais légalement identifié, vivant en Angola mais expulsés en terre congolaise.
Au cours du journal télévisé de la Télévision officielle Tpa, Abel Chivukuvuku, président de CASA CE, un des principaux partis politiques de l’opposition, et ancien proche de Jonas Savimbi fustige cet acte qu’il n’hésite pas à qualifier de « cas de conscience », de « décision peu raisonnable, aux conséquences lourdes pour la nation ».
Sans se servir du dos de la cuillère, sur le plateau de la télévision officielle, le leader de CASA CE se demande « comment un gouvernement responsable peut arriver à expulser certains de ses ressortissants sous le prétexte qu’ils sont étrangers alors qu’ils détiennent de carte d’identité légales qui leur ont permis non seulement d’acquérir des cartes électorales mais aussi de participer au scrutin dont l’actuel président est sorti vainqueur ».
Chivukuvuku crève l’abcès en accusant ouvertement le MPLA et João Lourenço d’avoir frauduleusement usés des étrangers à des fins électorales pour enfin s’en débarrasser quand l’objectif a été atteint.
Les déclarations d’Abel Chivukuvuku qui ont l’effet d’un pavé dans la marre mettent à nue ce que certains interprètent déjà comme de l’amateurisme de la part de l’ancien ministre de la défense de José Eduardo dos Santos qui a du mal à asseoir une politique rationnelle pour garantir la stabilité sociale.
Dans les coulisses des voix s’élèvent pour déclarer illicite le vote de João Lourenço qui aurait non seulement donné la nationalité à des étrangers par le truchement de son parti le MPLA pour s’assurer une victoire aux élections de septembre 2017.A ce rythme, le débat risque de franchir les salons pour se déverser dans la salle des plénières de l’assemblée nationale.
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